Deere & Company entame une période de vaches maigres
Le géant agricole a bouclé fin octobre un relativement bon exercice, mais a prévenu que l’actuel serait moins réjouissant. Le plongeon du titre consécutif à cet avertissement nous semble extrême.
Deere & Co a clos son exercice 2022/23 le 30 octobre, sur des résultats mitigés. L’entreprise, fondée en 1837 par le forgeron John Deere, a tiré 66,5 % de son chiffre d’affaires (CA) des activités agricoles, le solde, des matériaux de construction, de la sylviculture et de la construction routière, ainsi que de la branche financière (location et crédit-bail de véhicules, principalement agricoles). Le CA du groupe a diminué de 1 % sur un an au quatrième trimestre, à 15,41 milliards de dollars ; le consensus visait 13,67 milliards de dollars. Le groupe a réalisé un bénéfice de 2,37 milliards de dollars ; c’est 5 % de mieux qu’au même trimestre de l’exercice précédent, et 10 % de plus qu’escompté par les analystes. Il en résulte un bénéfice par action (BPA) de 8,26 dollars (7,44 dollars un an auparavant).
A 61,25 milliards de dollars, le CA généré au cours de l’exercice atteint un nouveau record, avec une progression de plus de 16 % sur un an. Plus spectaculaire encore : le bond du bénéfice net de 43 %, à 10,17 milliards de dollars. En un an, le BPA est ainsi passé de 23,28 à 34,63 dollars, un montant inédit.
Malgré ces bons résultats, l’action a signé l’une de ses pires séances de l’année. Car les prévisions pour l’exercice entamé en novembre sont bien en-deçà du consensus. Ce dernier escomptait un bénéfice annuel net de 9,32 milliards de dollars, alors que la direction projette 7,75 à 8,25 milliards de dollars seulement ; s’il atteint le milieu de la fourchette, il sera de 14 % sous le consensus. En outre, le CA et le bénéfice devraient reculer plus que ne l’anticipaient les analystes. C’est qu’une période de vaches maigres s’ouvre pour Deere, comme pour ses concurrents : les agriculteurs hésitent à s’équiper, dès lors que les prix des céréales sont en chute libre.
Pour la principale division, Production & Precision Agriculture, la direction table sur une baisse de 15 à 20 % du CA, que la hausse moyenne de 1,5 % des prix ne compensera que peu. La baisse devrait être moindre (10 à 15 %) pour la division Agriculture & Turf, et encore plus réduite (moins de 10 %) pour la branche Construction & Forestry. Quant au pôle financier, il devrait réaliser un bénéfice net d’environ 770 millions de dollars, légèrement inférieur aux 795 millions de l’exercice qui vient de s’achever.
Ces perspectives ont créé une véritable surprise sur les marchés. Les analystes ont en conséquence revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices (en moyenne, -12,4 %, à 5,27 dollars par action) et de CA (-7 %, à 10,37 milliards de dollars). Le bénéfice ne battra donc pas son dernier record au cours de l’exercice 2023/24, mais atteindra, selon le consensus, 28,11 dollars par action, soit 13,6 % de moins qu’attendu auparavant et 18,8 % de moins qu’en 2022/23. Le CA est désormais attendu à 48,65 milliards de dollars, ce qui représente une baisse de 13,3 % par rapport au consensus antérieur à la publication des résultats.
Conclusion
Les cours records de l’été 2023, autour de 450 dollars, sont désormais de l’histoire ancienne. Le pessimisme de la direction a échaudé les investisseurs, mais nous jugeons leur réaction un peu extrême. Avec un ratio cours/bénéfice attendu de 13,5 et un ratio valeur de l’actif économique (entreprise value)/cash-flow d’exploitation (Ebitda) de 10 pour l’exercice en cours, nous jugeons l’action bon marché, pour la première fois depuis des années. Nous relevons donc notre conseil.
Conseil : acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 382,76 dollars
Ticker : DE US
Code ISIN : US2441991054
Marché : New York Stock Exchange
Capit. boursière : 107,27 milliards USD
C/B 2023 : 11
C/B attendu 2024 : 13,5
Perf. cours 12 mois : -10 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -11 %
Rendement du dividende : 1,5 %
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