Cameco : loin d’avoir atteint son pic

Cameco Corporation, Port Hope, Ontario, Canada © Getty Images

Cameco, l’un des poids lourds du marché de l’uranium, est peu endetté, prometteur et affiche une valorisation attrayante.

La hausse de la demande d’électricité et la lutte contre le changement climatique constituent pour Cameco, comme d’autres valeurs de l’industrie uranifère, une occasion unique de voir son cours grimper. Les réacteurs nucléaires sont connus pour leur capacité à produire de grandes quantités d’électricité, sachant qu’une faible quantité d’uranium génère énormément d’électricité.

L’électricité est essentielle et la hausse de la demande est surtout due aux progrès économiques dans les marchés émergents. La consommation d’électricité par habitant grimpe à mesure que les pays se développent et que le revenu moyen par personne croît. La demande d’électricité s’accélère depuis 2024, la consommation dans les pays développés étant aussi repartie à la hausse. Aux Etats-Unis, l’AIE observe une progression depuis 2024. La Chine construit 29 nouvelles centrales nucléaires et prévoit d’approuver au moins 10 licences l’an pour de nouveaux projets jusqu’en 2035. Aux Etats-Unis, seules deux centrales sont en construction. Or, les appels à la construction de nouvelles centrales s’y multiplient aussi, sous l’effet de la demande croissante d’électricité pour l’automatisation et l’intelligence artificielle (IA). Selon Sam Altman, CEO d’OpenAI, les progrès de l’IA dépendent d’une percée dans la production d’énergie. Plus il y aura d’électricité disponible, plus les modèles de calcul seront puissants. La Chine semble dominer cette course à l’armement technologique, ce qui renforce l’urgence pour d’autres pays d’augmenter leur capacité énergétique.

Les réglementations ralentissent la construction de nouvelles centrales aux Etats-Unis. Donald Trump pourrait toutefois les assouplir, avec des personnalités influentes comme Elon Musk à ses côtés. Le Texas illustre bien la manière dont la déréglementation peut favoriser la croissance économique. Une approche similaire à la sienne pourrait accélérer et renforcer l’industrie de l’énergie nucléaire aux Etats-Unis.

Nombre de centrales semblent sous-estimer la menace d’une pénurie d’uranium. Elles achètent l’uranium soit sur le marché au comptant (spot), soit en concluant des contrats à long terme avec des minières comme Cameco, qui constate que les centrales, de moins en moins enclines à renouveler leurs contrats à long terme, optent plus souvent pour des achats sur le marché spot. Depuis la catastrophe de Fukushima, les prix spot sont restés quasi constamment inférieurs aux prix contractuels. L’incident a provoqué une aversion mondiale pour l’énergie nucléaire et a fait dégringoler les prix de l’uranium. Le prix spot devrait toutefois redépasser le prix contractuel, à terme. Les centrales voudront alors, pour éviter les risques, conclure davantage de contrats à long terme, ce qui pour Cameco se traduira par une hausse des revenus.

Autre facteur de soutien du prix de l’uranium : l’existence d’un ETF qui retire activement l’uranium du marché, le Sprott Physical Uranium Trust (SPUT). Ce fonds achète de l’uranium dès que le prix du marché dépasse la valeur de l’actif net du fonds, mais n’en vend jamais. L’uranium est retiré du marché définitivement, exacerbant ainsi la pénurie. Le fonds a jusqu’ici stocké 66.220.326 livres d’U3O8, une quantité qui ne devrait pas réapparaître sur le marché. Une tempête parfaite pourrait survenir si le cours de l’uranium venait à grimper en flèche : les centrales chercheraient des contrats à long terme, tandis que les spéculateurs continueraient à acheter de l’uranium par le biais de SPUT. Qui pourrait voir s’envoler son cours.

Cameco est l’un des poids lourds du marché de l’uranium. Avec un ratio dette nette/Ebitda inférieur à 2, la société dispose d’une grande flexibilité financière. Lorsque le prix spot est inférieur au prix des contrats à long terme, Cameco laisse une partie de l’uranium dans le sol. Pour les contrats existants, l’entreprise achète de l’uranium à bas prix sur le marché spot pour le livrer à ses clients. Cela lui confère un avantage concurrentiel sur les minières fortement endettées, tenues de produire quels que soient les prix du marché.

La valorisation de Cameco est difficile à interpréter. Comme la société investit, le ratio C/B de 122 reflète mal sa valorisation. De 23, le ratio valeur de l’actif économique (EV)/cash-flow opérationnel (Ebitda), lui, est bien plus réaliste. Pour une société dont la stratégie consiste à accroître et la production et les prix, Cameco affiche une valorisation attrayante. Digne d’achat.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 51,38 dollars

Ticker : CCJ US

Code ISIN : CA13321L1085

Marché : New York Stock Exchange

Capit. boursière : 22,6 milliards USD

C/B 2024 : 122

C/B attendu 2025 : 32

Perf. cours sur 12 mois : +15 %

Perf. cours depuis le 1/1 : 0 %

Rendement du dividende : 0,2 %

 

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