Boeing : regagner la confiance des investisseurs

© Getty Images

Il est possible que les difficultés que rencontre Boeing dissuadent les compagnies aériennes de lui acheter des avions, en raison de la structure du marché (duopole avec Airbus). Si à cet égard la valeur du carnet de commandes est plutôt rassurante s’agissant du long terme, nous savons qu’à brève échéance, c’est le sentiment qui prévaut.

Des têtes allaient nécessairement tomber chez Boeing, après les nombreuses défaillances de sécurité constatées dans ses avions. Ses plus gros clients, de grandes compagnies aériennes américaines, l’ont d’ailleurs enjoint à licencier les responsables. C’est chose faite. L’actuel CEO, Dave Calhoun, quittera ses fonctions à la fin de l’année, ce qui laisse quelques mois au conseil d’administration pour lui trouver un successeur, et le directeur de la division Aviation commerciale, Stan Deal, a lui aussi été invité à se retirer.

Les problèmes techniques dans les appareils Boeing ne datent pas de ce début d’année : les contrôles de sécurité laissaient clairement à désirer depuis un bon moment. Inspectés sous la supervision de l’Agence américaine de régulation de l’aviation civile (FAA) depuis le décrochage d’une porte en plein vol en janvier, les 737 Max9 ont été autorisés à reprendre les airs. Toutefois, la FAA a restreint à tout au plus 38 par mois le nombre d’appareils de ce type que Boeing peut construire. Cette mesure vise bien entendu à en assurer un meilleur contrôle qualité.

Boeing et son sous-traitant Spirit AeroSystems, qui le fournit en fuselages et cockpits, notamment pour le fameux 737 Max9, discutent d’un rapprochement. En intégrant cette activité, Boeing renforcerait la qualité des avions qu’ils fabriquent ensemble. Spirit fournit également des pièces à Airbus, mais cette activité-là serait cédée.

En 2023, la division Aviation commerciale de Boeing a livré 528 avions, mais a éprouvé une perte d’exploitation de 1,64 milliard de dollars. La division Défense, Espace et Sécurité n’a pas fait mieux, avec une perte de 1,76 milliard de dollars. Ces pertes découlent de contrats déficitaires. La division Services (maintenance et pièces détachées) a sauvé les meubles : elle a enregistré un bénéfice d’exploitation de 3,33 milliards de dollars. L’exercice 2023 s’est soldé par une perte consolidée de 1,8 milliard de dollars, ou 5,81 dollars par action. Point positif, le flux de trésorerie disponible est passé de 2,3 milliards de dollars en 2022 à 4,4 milliards en 2023. Vu les nombreuses incertitudes à court terme, le groupe n’a pas émis de résultat prévisionnel pour 2024. En théorie, il pourrait augmenter la capacité de production du 737 à 50 ou 60 par jour, ce qui réduirait les coûts fixes par unité. Mais ce qui prime pour la FAA, c’est la sécurité.

Les estimations des analystes pour cette année et la prochaine sont disparates. Quoi qu’il en soit, le consensus table sur un bénéfice de 2,26 dollars pour 2024 et de 7,3 dollars pour 2025. Difficile de valoriser Boeing, avec une fourchette aussi large ! A l’issue de 2023, l’avionneur disposait de 16 milliards de dollars de liquidités et d’actifs négociables, à quoi s’ajoute une ligne de crédit de 10 milliards, pour une dette de 52,3 milliards. Soit un endettement net de 36,3 milliards de dollars. Le groupe s’attend à voir le flux de trésorerie disponible s’élever à 10 milliards de dollars en 2025 ou 2026, pour autant que ses objectifs de ventes soient atteints. Il souhaite reprendre le versement d’un dividende et les rachats d’actions, mais ce ne sera pas à court terme. Le carnet de commandes reste bien garni : sa valeur est de 520 milliards de dollars dans la division Aviation et de 59 milliards dans la division Défense.

Conclusion

Au cours de la dernière décennie, l’action Boeing s’est négociée en moyenne à 21 fois le bénéfice escompté. Pour qu’elle puisse être considérée comme une bonne affaire, le bénéfice de 2025 devrait se situer dans le haut de la fourchette attendue ; comme c’est très incertain, nous maintenons notre conseil prudent.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 191,41 dollars

Ticker : BA US

Code ISIN : US0970231058

Marché : NYSE

Capit. boursière : 115,2 milliards USD

C/B 2023 : –

C/B attendu 2024 : 85

Perf. cours sur 12 mois : -2 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -26 %

Rendement du dividende : –

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content