ASML : l’afflux de commandes a déçu
Ses trimestriels sont décevants, mais ASML avait prévenu que 2024 serait une année de transition. Malgré cela, l’action s’échange à 43 fois le bénéfice : elle est trop en avance sur la croissance de 2025.
Alors qu’au 4e trimestre, les nouvelles commandes atteignaient encore 9,2 milliards d’euros, un record, elles sont tombées à 3,6 milliards entre janvier et mars (consensus : 5 milliards d’euros). Mais remettons les choses en perspective.
Sur une base trimestrielle, les prises de commandes sont très volatiles. Celles du 1er trimestre de 2023, par exemple, s’élevaient à 3,8 milliards d’euros, soit un écart déjà bien plus faible. Le facteur Chine a joué également : les autorisations d’exportation étant désormais plus strictes, les entreprises chinoises avaient passé l’an dernier beaucoup plus de commandes (à la fin de 2023, le carnet de commandes s’élevait à 39 milliards d’euros), qui n’existent donc plus aujourd’hui. Le chiffre d’affaires (CA) en provenance de Chine devrait selon la direction céder 10 à 15 % cette année. ASML est toujours en bonne voie pour atteindre, à terme, le CA qu’elle vise ; dans un avenir plus immédiat, elle se montre un peu plus circonspecte. Pour le trimestre en cours, elle table sur un CA de 5,7-6,2 milliards d’euros (consensus : 6,5 milliards). Le CA de l’exercice devrait être assez semblable à celui de 2023 (27,6 milliards d’euros), avec une marge légèrement inférieure. Il faudra donc que le 2e semestre soit nettement meilleur que le premier, ce que confirme ASML.
Le CA du 1er trimestre s’est élevé à 5,3 milliards d’euros, contre 7,2 milliards au trimestre précédent. La part de la Chine dans le CA est tombée à 39 % (49 % au 4e trimestre). De ces 5,3 milliards, près de 4 milliards proviennent de la vente de machines, le reste étant généré par la maintenance et les mises à niveau de systèmes existants. La marge brute est restée quasi inchangée (51 %), mais le bénéfice net (1,2 milliard d’euros, soit 3,11 euros par action) est supérieur aux prévisions.
ASML pronostique pour 2025 un CA de 30-40 milliards d’euros – la fourchette est très large – et une marge brute de 54-56 %. D’après la direction, les semi-conducteurs pourraient bien avoir passé la phase basse de leur cycle (les stocks détenus par les clients diminuent et l’utilisation des machines s’intensifie). La reprise ne sera pas linéaire mais outre-Atlantique, le CHIPS Act subventionne pour 52 milliards de dollars la construction et l’agrandissement d’usines de semi-conducteurs (pour réduire la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de l’Asie), une mesure évidemment favorable à ASML, leader sur son marché. L’Europe s’est dotée d’un programme similaire, d’une valeur de 53 milliards d’euros : la Commission entend faire passer de 5 % à 10 % d’ici 2030 la part de marché de l’Europe dans la production mondiale de puces.
Le dividende est fixé à 6,1 euros par action (+5,2 %) soit, au cours actuel, un rendement de 0,7 %. C’est peu, mais ASML est une entreprise à forte intensité de capital. Elle a racheté au 1er trimestre pour 400 millions d’euros d’actions propres. Son flux de trésorerie disponible a reculé de 676 millions, pour une trésorerie de 5,4 milliards d’euros.
Conclusion
L’envolée du cours constatée depuis janvier s’explique surtout par l’afflux de commandes exceptionnellement élevé de la fin de 2023. La situation s’étant normalisée, une nouvelle croissance ne pourra survenir que l’an prochain. Le CA de 2024 sera stable, pour des marges en légère baisse. A 43 fois le bénéfice, l’action ASML est trop en avance sur la croissance de 2025. Nous conseillons désormais de vendre.
Conseil : vendre
Risque : moyen
Rating : 3B
Cours : 818,7 euros
Ticker : ASML NA
Code ISIN : NL0010273215
Marché : Euronext Amsterdam
Capit. boursière : 326,9 milliards EUR
C/B 2023 : 45
C/B attendu 2024 : 43
Perf. cours sur 12 mois : +42 %
Perf. cours depuis le 01/01 : +20 %
Rendement du dividende : 0,7 %
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