Agfa-Gevaert, pour l’investisseur très patient
Le troisième trimestre a été marqué à la fois par une nouvelle légère érosion du chiffre d’affaires et un redressement de la rentabilité. La direction a confirmé que l’exercice serait plus rentable que le précédent; pour cela, le quatrième trimestre doit être excellent.
Lassés des multiples restructurations coûteuses, de la rentabilité obstinément faible et des flux de trésorerie médiocres, les investisseurs se demandent depuis quelques années si, et quand, Agfa-Gevaert pourra renaître de ses cendres. La capitalisation boursière du groupe d’imagerie est tombée à 230 millions d’euros. Cela pourrait offrir une belle opportunité d’achat s’il n’était que cette année, le bénéfice d’exploitation (Ebit) ajusté ne dépassera pas 20-30 millions d’euros. Si l’on tient compte de tous les éléments, toutefois, la perte nette du groupe reste importante. Les cash-flows ont été insuffisants, si bien qu’Agfa-Gevaert a consommé les 762 millions d’euros de trésorerie nette dont il disposait après la cession d’une grande partie de la division Healthcare IT – de quoi relativiser la valorisation à première vue si bon marché du groupe. Lequel dispose de produits prometteurs, qui pourraient, à terme, lui permettre de renouer avec la rentabilité, mais l’héritage du passé pèse pour l’instant trop lourd.
Les résultats présentés par le groupe pour le troisième trimestre sont en demi-teinte. Le chiffre d’affaires a chuté de 3%, à 280 millions d’euros, manquant le consensus, mais la rentabilité s’est améliorée. L’Ebit ajusté (17 millions d’euros) et l’Ebit sous-jacent (6 millions d’euros, contre -6 millions un an plus tôt) sont, eux, conformes aux attentes. La direction a confirmé que la rentabilité se redresserait en 2023, mais l’Ebit ajusté n’atteint que 10 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’année; il faudra donc un excellent quatrième trimestre pour qu’il dépasse les 31 millions de 2022.
C’est surtout dans la division Healthcare IT (imagerie médicale pour hôpitaux) que les marges ont augmenté, au troisième trimestre, grâce à un contrôle strict des coûts et à un meilleur mix produits. La marge bénéficiaire (Ebit/chiffre d’affaires) a augmenté de 5,9 à 8,5%. Le chiffre d’affaires a stagné, mais le carnet de commandes reste bien rempli, avec une hausse des commandes sur un an.
Dans la division Digital Print & Chemicals, le chiffre d’affaires a crû de 3,4% au troisième trimestre, à 99 millions d’euros. Les marges se sont encore améliorées, mais l’Ebit ajusté ne s’élève qu’à 1,5 million d’euros sur les neuf premiers mois de 2023. La direction table toutefois sur une progression des ventes en fin d’année, car les imprimeurs ne pourront reporter indéfiniment leurs investissements.
Le Zirfon, technologie permettant de produire de l’hydrogène vert par électrolyse alcaline, contribue pour la première fois à la rentabilité du groupe, après qu’il a relevé son prix et enregistré des gains d’efficacité au niveau de sa production. Des investissements plus importants sont néanmoins prévus en 2024 pour en accroître encore la capacité. Une nouvelle unité (en partie subventionnée par l’Union européenne) sera construite sur le site de Mortsel.
Radiology Solutions, enfin, souffre toujours de la baisse de ses ventes et de l’instabilité de ses marges. Le phénomène est surtout perceptible en Chine. Le CEO, Pascal Juéry, estime que la division cristallise les principaux défis du groupe.
Conclusion
L’Ebit ajusté devrait augmenter quelque peu en glissement annuel, mais cela suppose que le groupe signe un excellent quatrième trimestre. Les investisseurs attendent la confirmation d’un revirement. Dans ce contexte, nous conseillons toujours de conserver le titre.
Conseil: conserver
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 1,5 euro
Ticker: AGE:BB
Code ISIN: BE0003755692
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 230 millions EUR
C/B 2022: –
C/B attendu 2023: –
Perf. cours sur 12 mois: -47%
Perf. cours depuis le 01/01: -44%
Rendement du dividende: –
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici