Agfa-Gevaert porte encore un trop lourd fardeau
Passé et futur se livrent toujours une lutte acharnée, chez Agfa-Gevaert. Les activités historiques, déficitaires, continuent de se tasser, tandis que les nouvelles, à fort potentiel de croissance, progressent. L’issue reste incertaine.
Le premier trimestre de 2024 avait été faible, mais les pôles de croissance ont repris le dessus les trois mois suivants. Le chiffre d’affaires (CA) est resté stable, tandis que le cash-flow opérationnel grimpait de 13 à 22 millions d’euros. Le bénéfice net ne s’élève qu’à cinq millions d’euros. Le premier semestre s’est soldé par une perte de 17 millions d’euros. Il faudra une amélioration pour qu’Agfa convainque les investisseurs de monter à son bord.
Avec un CA de 112 millions d’euros et un cash-flow opérationnel de 22 millions, le pôle Digital Print & Chemicals est le plus important du groupe. Il est un de ses moteurs de croissance (hausse de 8 % du CA et nette amélioration de la rentabilité). La reprise des ventes d’imprimantes numériques permet également à Agfa de vendre plus d’encres associées. Le CA des membranes Zirfon, éléments essentiels à la production d’hydrogène vert, a bondi de 62 %. En Europe, les projets d’investissement dans l’hydrogène vert sont reportés, mais l’Amérique du Nord, l’Inde et le Moyen-Orient s’y intéressent de plus en plus. La construction de l’unité Zirfon à Mortsel avance comme prévu.
Les actionnaires d’Agfa profitent aussi pleinement du pôle Healthcare IT. Si le CA y a reculé de 7 % au deuxième trimestre, c’est en grande partie parce que des clients passent du matériel au cloud. Une forte progression du carnet de commandes ne se traduira pas d’emblée par une croissance du CA à l’avenant, la plupart des commandes concernant des solutions cloud, qui ne génèrent pas de revenus importants à brève échéance mais garantissent des revenus récurrents à long terme. Le pôle doit aussi digérer 10 millions d’euros d’investissements de plus dans l’innovation. La direction y anticipe toutefois une nouvelle amélioration de la rentabilité.
Dans le pôle Radiology Solutions, Agfa est confronté au tassement des activités historiques. Avec un CA de 98 millions d’euros et un cash-flow opérationnel de sept millions d’euros, le pôle reste une activité importante du groupe, mais très coûteuse. Les ventes de films de radiologie subissent une pression constante en raison du changement de la politique d’achat des hôpitaux chinois. La baisse de 5 % du CA a pesé lourd sur la rentabilité. Le cash-flow opérationnel a cédé 29 %. Et l’amélioration n’est pas pour tout de suite. Un nouveau plan a été élaboré pour réduire de 50 millions d’euros par an les coûts dans le segment.
Le flux de trésorerie disponible négatif de 40 millions d’euro est une fausse note dans le rapport du deuxième trimestre. La hausse du fonds de roulement, entre autres, l’explique. La dette nette a de ce fait de nouveau augmenté, à 99 millions d’euros. Agfa doit cependant en principe percevoir cette année encore une large part du produit de la cession du pôle Offset Solutions au groupe Aurelius, lequel conteste toujours le prix de vente.
Conclusion
Les moteurs de croissance tournent toujours mais ne sont pas encore assez puissants pour assurer à Agfa une rentabilité structurelle. Dans le segment des films de radiologie, l’amélioration ne se verra pas de sitôt. L’action a plongé mais les investisseurs veulent voir les résultats se redresser avant de prendre une position. Notre conseil demeure “conserver”.
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Rating : 2B
Cours : 1,03 euro
Ticker : AGE:BB
Code ISIN : BE0003755692
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 160 millions EUR
C/B 2023 : –
C/B attendu 2024 : –
Perf. cours sur 12 mois : -32 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -28 %
Rendement du dividende : –
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