André Bertin (Coexpair): “Nous regardons des marchés hors aéronautique”
Comment dresser les perspectives de son entreprise quand personne ne peut dire si les personnes et les marchandises circuleront normalement d’un pays à l’autre dans les six mois à venir ? Treize chefs d’entreprise et deux consultants tentent d’éclairer cette navigation à vue.
Société fondée en 2006 par André Bertin, ingénieur (ex-Sonaca), Coexpair aide les constructeurs d’avions et certains de leurs fournisseurs à concevoir des pièces en matériaux composites et à lancer la production, en fabriquant les moules. Elle travaille notamment pour Airbus, Sonaca, Safran ou Spirit, occupe une trentaine de personnes, avec un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros pour 2019.
Avec la crise, la demande en avions s’est effondrée, mais Coexpair ne dépend pas strictement du volume de production, comme la Sonaca. Elle dépend aussi des innovations. “Certains constructeurs et fournisseurs accélèrent la R&D pour produire des avions plus légers, qui consomment moins et dans lesquels interviennent des matériaux composites. D’autres la ralentissent. On verra plus clair fin septembre ou en octobre.”
L’année a été hésitante, mais Coexpair n’a pas eu recourt au chômage temporaire. Pour pallier l’incertitude, la société regarde vers des marchés hors aéronautique. “Nous en avons repéré un ou deux, et décroché deux contrats. Notamment pour soutenir une entreprise qui avait du mal à produire des pièces en composite. Elle n’arrivait pas à la qualité voulue, nous avons pu l’aider grâce à notre expertise aéronautique, où les exigences sont élevées ; c’est prometteur pour les années à venir.” André Bertin n’indique pas le nom de la société pour des raisons de confidentialité. “Nous restons très actifs dans l’aéronautique”, précise-t-il. Ce n’est pas une conversion, mais une répartition des risques. Nous continuons à rester attentifs aux autres secteurs qui pourraient s’intéresser aux matériaux composites et aux services qu’on peut leur fournir.”
André Bertin surveille les évolutions technologiques. Il est l’un des rares propriétaires d’une voiture à hydro- gène, une Hyundai. Les réservoirs de celle-ci sont en matériaux composites, “fournis par des fabricants travaillant dans l’aéronautique”, précise-t-il.
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