Zakia Khattabi (ministre fédérale du Climat ) : “La transition sera juste ou ne sera pas”

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Invitée de l’émission Trends Talk, la ministre fédérale du Climat Zakia Khattabi insiste sur l’importance d’avoir un cadre cohérent (et c’est le rôle du politique) pour réussir la transition de notre économie.

Lors du prochain conclave budgétaire, la ministre fédérale du Climat déposera trois propositions :  la verdurisation des primes à l’investissement, la réforme des accises sur le gaz et le mazout, et la suppression du diesel professionnel. « De plus en plus, les entreprises sont conscientes des enjeux climatiques et essaient d’agir, explique Zakia Khattabi dans l’émission Trends Talk. Pour être efficaces, elles ont cependant besoin d’un cadre et ça, c’est la responsabilité du politique. C’est nous à travers nos politiques budgétaires, nos choix d’investissement, nos soutiens à certaines filières ou pas qui donnons ces signaux pour ce travail de réorientation. »

Pour la ministre du Climat, on ne peut se contenter d’une série d’adaptations aux conditions climatiques à venir. « Il faut repenser nos modes de production à l’aune des limites planétaires et de l’impact des émissions, dit-elle. C’est un moment-charnière vers une révolution industrielle 2.0. »

L’un des écueils, c’est que cette réorientation se traduit bien souvent par une hausse des prix. D’où le délicat équilibre d’une transition qui se veut « juste ». « La transition doit être juste, sinon, il n’y en aura pas, les gens vont légitimement s’inquiéter, comme on a pu le voir avec les Gilets jaunes, dit Zakia Khattabi. Tout l’enjeu, c’est celui de la cohérence. Sous le gouvernement Michel, je m’étais opposée à la hausse des accises sur le diesel, ce qui avait surpris beaucoup de monde. Mais augmenter ces accises et, en même temps, fermer une série de petites gares, ce n’est pas une politique environnementale. La question de la transition juste et d’une politique climatique crédible nécessite que l’on sorte des approches en silos.»

Pour sortir de ces silos, la ministre du Climat a initié une démarche originale en impliquant un panel de scientifiques, le monde associatif ainsi qu’une agora citoyenne (65 personnes) qui tient sa première réunion de samedi 2 septembre. Ces différents éléments alimenteront une conférence sur la transition juste en novembre. « Le rapport sur la transition juste sera sur la table de tous les partis pour les prochaines négociations gouvernementales, dit Zakia Khattabi. Si je suis présente, je pèserai de tout mon poids pour que ce rapport soit pris en considération. »

En attendant, la ministre du Climat tentera d’infléchir l’utilisation des quelque vingt milliards récoltés par le bon d’Etat, convaincue qu’elle est que chaque euro investi intelligemment dans la transition évitera d’en dépenser cinq demain pour réparer les dégâts de l’inaction. « On ne peut plus décemment investir dans des activités qui nuisent à l’environnement, dit-elle. Aucune politique publique, aucun budget ne peut plus se construire sans avoir la crise climatique à l’esprit. »

Elle n’exclut pas l’idée, à terme, de proposer un nouveau d’État (vu que les épargnants en sont friands) spécifiquement dédicacé aux investissements verts.  « De nombreux citoyens souhaitent opérer des changements, mais, à l’échelle individuelle, c’est parfois compliqué, estime Zakia Khattabi. Le fait que collectivement nous consentions cet investissement du bon d’État et qu’on l’oriente, c’est un élément important. »

L’émission Trends Talk sera diffusée en boucle ce week-end sur Canal Z (première diffusion samedi à 11h) et ensuite sur les sites de Canal Z et Trends-Tendances.

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