Trois e-shops belges qui changent la donne
Le commerce électronique se substitue au lèche-vitrine. Mais n’imaginez pas qu’il se cantonne à Amazon et Zalando. Décryptage d’une pratique dans l’air du temps à grand renfort de trois e-shops belges.
Alimentation, beauté, décoration, mode, multimédia, tourisme… Aujourd’hui, la consommation se trouve à portée de clic. Ces boutiques en ligne ouvertes 24 heures sur 24 créent de nouvelles opportunités pour les consommateurs et les commerçants. En plus d’offrir rapidité et flexibilité aux chalands qui font leurs achats bien au chaud loin des centres-villes congestionnés et des problèmes de parking, elles les placent devant une infinité de choix. Du côté des entrepreneurs, le calcul est vite fait : la création d’une boutique en ligne s’opère sans difficulté et souvent sans frais.
Le drop shipping (ou livraison directe) constitue une formule avantageuse pour l’e-commerçant, qui peut proposer une large gamme de produits sans courir de risques financiers. Dans ce système tripartite, le client achète un produit sur l’e-shop du distributeur, lequel transmet la commande au fournisseur qui gère les stocks et assure la livraison avant de verser une commission à l’intermédiaire. Un autre atout d’Internet pour les vendeurs, ce sont les données collectées sur les internautes afin de cerner leurs besoins ou leurs préférences. À l’inverse, il n’existe aucun moyen de récolter des informations sur quelqu’un qui fait du lèche-vitrine.
La troisième édition du Baromètre e-commerce a cartographié le paysage en ligne belge à partir des données des e-commerçants. Il ressort que les webshops belges ont enregistré un volume de transactions de 7 milliards d’euros en 2018, soit une augmentation de 20% par rapport à 2017. Le nombre d’e-commerces a également progressé de 18% et dépasse désormais les 24.000 unités. Alors comment se démarquer ? Trois boutiques en ligne belges nous montrent la voie.
Taobé : la garantie de cosmétiques sûrs
Créé en mai 2017, Taobé tient un discours d’un nouveau genre dans l’univers de la cosmétologie. Ce webshop au design élégant propose des cosmétiques et accessoires sûrs, ciblés et exclusifs pour la femme et l’homme. Ici la plupart des produits sont biologiques, naturels et/ou véganes, certes, mais ces certifications ne sont pas un gage de qualité suffisant. “L’essentiel est de savoir si un cosmétique est conforme aux normes européennes. S’il est certifié comme tel par les experts, il devient superflu de consulter la liste (indéchiffrable) de ses ingrédients”, explique Anaïs Thys, cofondatrice de Taobé aux côtés de son mari Carl De Blick. À cette exigence de sécurité à laquelle est soumise toute la gamme sélectionnée par le couple s’ajoute le profil beauté complété par le client. “Ce questionnaire nous permet de lui proposer des produits adaptés à son type de peau ou à son mode de vie afin de réduire la marge d’erreur”, poursuit la tout juste trentenaire. Autre spécificité : là où la plupart des boutiques réelles ou virtuelles vous offrent des échantillons à l’achat – une pratique commerciale qui incite le client à consommer toujours plus -, Taobé vous donne la possibilité de commander des doses d’essai afin d’essayer avant d’acheter. Enfin, l’e-shop regorge de conseils d’utilisation et d’informations sur les origines de ses marques de niche et de leurs produits dans un souci de transparence. Parce qu’un consommateur averti en vaut deux.
Il est temps de remettre les pendules à l’heure. Non, les cosmétiques faits maison ne sont pas plus sûrs pour la santé. Les produits conformes aux normes européennes, si ! – Anaïs Thys
Byoo Store ou comment démocratiser la mode responsable loin des clichés
Antithèse de la fast fashion, Byoo Store se distingue par sa belle brochette de marques indépendantes et responsables. Inspirés par le combat de l’écoguerrière Livia Firth et sa campagne 30 Wears – avant d’acheter un vêtement, demandez-vous si vous allez le porter au moins 30 fois -, Myriam Assebane et son frère Younès fondent Byoo Store en décembre 2018. Chaussures, vêtements, maroquinerie et bijoux (mention spéciale à Hoctavius, une marque belge de bijoux entièrement réalisés à la main) sont choisis non seulement pour leur style mais aussi pour leurs exigences éthiques et environnementales. “Nous appliquons plusieurs critères de sélection : provenance locale (comprenez : made in Europe), fabrication artisanale, produit végane et fibres naturelles ou recyclées. Chaque pièce vendue sur l’e-shop respecte au moins deux de ces critères. Byoo signifie build your own oasis ou be you, autrement dit construire une vie et un dressing à son image. L’objectif est que le client déniche des produits qui correspondent à ses valeurs, sans faire l’impasse sur le style qui fait partie de l’ADN de Byoo Store”, explique Myriam Assebane (26 ans) qui impressionne par la pertinence et la cohérence de ses propos. Le duo de fondateurs travaille actuellement au développement d’un “écoscore” qui pourrait bien devenir un critère majeur de différentiation par rapport à ses concurrents. Cet outil permettra au client de mesurer l’impact positif de sa consommation responsable sur la base de la quantité d’eau, des kilomètres parcourus et des produits chimiques utilisés durant le processus de fabrication de son achat. L’ambition de Byoo Store ? Faire de la mode éthique la norme plutôt que l’exception.
Ne laissez pas la mode s’emparer de vous, mais décidez de ce que vous êtes, de ce que vous voulez exprimer par ce que vous portez et de la façon dont vous vivez – Gianni Versace
Kami Basics : less plastic, more fish
“L’e-commerce est un désastre écologique mais nous entendons changer les choses”, lance Jean Piessevaux (26 ans) à l’origine de Kami Basics, une boutique en ligne entièrement dédiée au zéro déchet et fraîchement lancée à l’automne 2018. “À commencer par les emballages trop volumineux. Le vide occupe environ 45% des colis expédiés à la suite d’une commande passée sur Internet. Ensuite vient la problématique du dernier kilomètre et des camionnettes à moitié vides encombrant les centres-villes.” Face à ce constat, les choix de Kami Basics sont dictés par une empreinte environnementale neutre. “Le local, le biodégradable et le réutilisable sont nos maîtres mots. Nous n’hésitons d’ailleurs pas à remplacer un produit européen de notre assortiment par une référence belge au gré de nos découvertes”, souligne l’entrepreneur. Mais l’entreprise s’inscrit dans une démarche qui dépasse les gourdes, shampoings solides et autres bee’s wraps (vous savez ces alternatives au papier aluminium et film plastique pour conserver les aliments). Kami Basics récupère les cartons des commerces avoisinants pour emballer ses colis. Enfin, l’e-shop propose plusieurs solutions de livraisons écologiques pour limiter l’impact de sa chaîne logistique. À Bruxelles, elles sont gratuites et se font à vélo. En dehors de la capitale, c’est la start-up belge Hytchers qui prend le relais. Via cette application innovante de livraison collaborative et durable pour l’e-commerce, des paquets covoiturent avec des particuliers qui les transportent d’un point Hytchers à un autre. Si le client désire une livraison express, la poste fait partie des possibilités mais sera délibérément plus chère. Et pourquoi Kami ? “Kamikatsu, c’est le nom d’un village de 1.500 habitants au Japon qui aspire à devenir la première entité zéro déchet à l’horizon 2020. Un exemple à suivre…”, précise Jean Piessevaux.
L’e-commerce est un désastre écologique mais nous entendons changer les choses – Jean Piessevaux
Quel futur pour l’e-commerce ?
Quelles tendances vont façonner la vente au cours des dix prochaines années ? Les réponses de nos interlocuteurs divergent quelque peu. Pour les deux jeunes femmes, les consommateurs ont gardé le goût du contact et des rencontres, de la proximité et des conseils, du cadre et de l’ambiance. “L’e-commerce ne remplacera jamais la chaleur humaine et l’expérience client offertes par les magasins qui ont pignon sur rue”, estime Myriam Assebane. Intimement convaincue de la complémentarité du webshop et du point de vente, la cofondatrice de Byoo Store mise sur l’organisation régulière de pop-up stores. Même son de cloche chez Taobé qui planche actuellement sur des événements pour se rapprocher du public et des clients afin de développer une plateforme qui leur ressemble, tout en préservant le côté précieux de sa gamme. Pionnier dans la réutilisation des cartons des voisins, Kami Basics souhaite développer ce concept afin que d’autres sites d’e-commerce lui emboîtent le pas. Jean Piessevaux rêve également d’ouvrir des franchises. “Les générations à venir vont de plus en plus faire leur shopping on line. Nous sommes basés à Bruxelles et 15% de nos produits y sont fabriqués (de manière artisanale). L’idée serait d’installer des franchises dans d’autres grandes villes à partir desquelles nous vendrions des produits hyperlocaux.” On ne peut pas prédire l’avenir mais une chose est sûre, vous avez lu cet article en ligne.
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