Proximus devient actionnaire majoritaire de Route Mobile : tout comprendre sur cette acquisition

Annonce forte ce lundi matin par Proximus : le groupe télécom belge met la main au portefeuille pour devenir actionnaire majoritaire d’une société indienne. Route Mobile est active dans les communications digitales, un marché à forte croissance où Proximus veut se hisser dans le top mondial. Explications.

L’opérateur belge part à la conquête du globe. Avec l’achat d’une part majoritaire (58%) de l’Indien Route Mobile, actif en Inde (40-50% de son chiffre d’affaires) mais aussi en Asie en général et en Afrique. “C’est une date importante pour Proximus : il y aura un avant et un après”, lance le CEO Guillaume Boutin lors d’une conférence de presse, ce lundi.

Proximus : le réseau et le digital

Pour comprendre ce rachat, il faut d’abord dresser le portrait des activités de Proximus. Un volet concerne la Belgique : Proximus y est présent avec le réseau, mobile ou fixe, la 5G, la fibre, etc. Ces activités domestiques représentent 75% du chiffre d’affaires, ou 4,5 milliards d’euros, en 2022. Mais ce pourcentage devrait être basculé avec cet achat.

Cet achat concerne le deuxième volet des activités, à savoir le “digital” et “international”. Par exemple : Telesign, acheté (à 100%) par Proximus en 2017. Cet acteur est actif sur le marché américain, où il propose des services d’identification digitale sécurisée (via l’envoi de codes d’authentification, par exemple), entre autres.

Route Mobile, donc, est aussi actif dans le digital. Dans la communication digitale plus précisément (appelée CPaaS). Ses services : atteindre un client via le bon canal, au bon moment. Et c’est ce marché là que Proximus vise précisément. En devenant actionnaire majoritaire, l’entreprise “publique” belge (l’État possède plus de 50% de l’opérateur) devrait se hisser au top 3 mondial en termes de volume d’activités et le top 5 en termes de valeur. “Un marché fragmenté, où il est très important d’être dans le top pour réussir”, surtout lorsqu’il commence à se consolider, explique le CEO Guillaume Boutin.

Croissance

Un marché qui vaut son pesant d’or : 53 milliards de dollars en 2026, selon les estimations. Avec une croissance de 20% tous les ans. Une croissance saine, ajoute le CEO, et qui s’inscrit dans les méga-tendances actuelles, à savoir, en gros, la digitalisation.

Des chiffres inatteignables avec les télécoms, où les opérateurs sont par exemple contraints par la géographie du terrain. Les chiffres du groupe parlent pour eux-mêmes : la croissance de l’année passée a été portée à 60% par le segment international/digital (qui ne représente pourtant qu’un quart du chiffre d’affaires).

Dans cette optique, il faut aussi comprendre l’achat comme suit : il devrait immédiatement générer des revenus. Il sert ainsi à “dérisquer” les perspectives pour Proximus. C’est-à-dire la croissance “domestique” dont le potentiel est limité et l’arrivée d’un nouvel opérateur sur le réseau belge, explique Boutin. De vrais défis, où la diversification dans des secteurs à forte croissance devrait être un pari gagnant, estime-t-il.

Synergies

Un autre aspect qui a motivé l’offre d’achat est la volonté de faire des “synergies”. Des économies d’échelle permettront de gagner plus de 90 millions d’euros par an sur les activités de Telesign et Route Mobile (mais pas sur les activités “belges” de Proximus), à terme.

L’achat en lui-même

Comment va se dérouler cet achat ? En résumé, Proximus sort 643 millions d’euros pour acheter 58% des actions de Route Mobile aux fondateurs, la famille Gupta. Ceux-ci réinjectent 300 millions d’euros dans Proximus Opal, la filiale de Proximus qui détient Telesign, en achetant des parts (14,5%). La volonté est de garder le management à bord. La sortie de cash nette est donc de 343 millions d’euros – en accord avec les ratios bénéfice/dette que Proximus veut respecter.

La réaction boursière n’a cependant pas été des plus enthousiastes. À Bruxelles, Proximus perd plus de 1%. Une chute qui s’est calmée après une baisse de près de 3%, ce lundi matin après l’annonce de l’achat. Mais il n’y a pas de quoi inquiéter Guillaume Boutin : “Les marchés ne comprennent pas toujours immédiatement ces annonces et les stratégies”. Reste à voir si l’objectif diversification sera compris par les actionnaires et s’il réussira à inverser le cours, qui a perdu la moitié de sa valeur en un an.

A Mumbai, Route Mobile a glissé encore plus fort (-8%). Pas de crainte de ce côté-là non plus : “Réajustement à la moyenne mobile des dix derniers jours, sur laquelle est fixée notre prix d’achat”, nous répond Boutin. Mais l’action clôture à son plus bas depuis mi-juin.

Proximus s’attend à ce que le deal se finalise dans les cinq à neuf mois. Autre question de timing : la fenêtre pour faire ce type d’acquisition est plutôt courte. C’est que la bulle tech de 2020-21 était en train de se corriger, mais les valeurs sont en train de repartir à la hausse, ajoute encore le CEO.

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