Après des mois d’attente, Samsung a enfin levé le voile sur le Galaxy Z TriFold, donnant corps à un segment jusqu’ici inexistant où seul Huawei s’était risqué. Le géant coréen veut-il ouvrir une nouvelle catégorie de produits ou simplement afficher sa puissance technologique ?
Le pari est audacieux : un smartphone capable de se plier en trois. Un concept que le public n’attendait pas forcément, mais que Samsung concrétise malgré tout et pas sous la forme d’un prototype puisque le Galaxy Z TriFold sera bel et bien commercialisé. Reste à savoir si la magie prendra, car l’appareil, bien que technologiquement avancé, semble éloigné des attentes du commun des mortels. De sorte qu’on est en droit de se demander : que vise Samsung avec ce smartphone ?
Une vraie tablette… voire un mini-PC
Plié, l’appareil ressemble à un smartphone tout ce qu’il y a de plus classique, avec un écran frontal de 6,5 pouces, en tout de même plus épais (12,9 mm). Déployé, il devient une tablette 10 pouces au format 4:3. Une vraie métamorphose rendue possible grâce à deux charnières. Pour ce nouvel appareil, Samsung a fait preuve d’une véritable prouesse technologique avec un panneau de 3,9 mm seulement pour le volet le plus fin. La partie centrale, qui comprend le port USB-C, mesure 4,2 mm, soit l’équivalent du Z Fold 7.
Sous le capot, Samsung a fait les choses en grand avec le dernier processeur haut de gamme pour Android : le Snapdragon 8 Elite for Galaxy, coupél à 16 Go de RAM et une batterie 5.600 mAh. On note également un capteur principal de 200 mégapixels – comme sur le Z Fold 7 – et certification IP48, qui reste toutefois assez limitée face à la poussière.

Mais l’atout majeur du TriFold reste sans doute l’environnement DeX, capable de fonctionner de manière totalement autonome. Couplé à un clavier et une souris Bluetooth, l’appareil se transforme en véritable PC portable 10 pouces. Il peut même afficher simultanément trois applications, une par volet, ce qui séduira les travailleurs nomades.
Le TriFold sera lancé le 5 décembre en Corée, avant une commercialisation mondiale prévue pour le premier trimestre 2026 – la Belgique devrait en être privée. Côté prix, mieux vaut s’accrocher : la conversion du tarif coréen donne environ 2.200 euros, mais il serait illusoire d’espérer un prix européen sous les 2.500 à 3.000 euros. Autant dire un produit ultra-niche.
Un marché en devenir… ou un coup d’éclat ?
Samsung marche en réalité dans les pas de Huawei, alors même que les smartphones pliables “classiques” restent marginaux – surtout les formats Fold. Les modèles à clapet (Flip), eux, séduisent davantage les jeunes grâce à leur compacité et leur prix plus doux. Dans ce contexte, les chances qu’un appareil plus complexe et nettement plus onéreux s’impose auprès du grand public restent faibles, ce dont Samsung est certainement pleinement conscient. Le lancement du Z TriFold relève donc davantage du coup stratégique que d’une volonté réelle de bouleverser le marché.
Le message est limpide : il s’agit de montrer que Samsung demeure à la pointe de l’innovation, malgré la pression venue de Chine. Même affaibli hors de ses frontières, Huawei continue de progresser sur son marché domestique, ce qui suffit à nourrir une forme concurrence technologique. Avec le Z TriFold, Samsung veut rappeler sa capacité à innover.
Le design adopté s’éloigne d’ailleurs totalement du Mate XT de Huawei : là où celui-ci mise sur un pliage en “Z” autour d’un seul écran, le Z TriFold privilégie un pliage en coffret, avec deux volets repliés vers l’intérieur. Résultat : deux écrans distincts, dont un externe classique et un vaste écran interne.
Samsung livre donc ici une vitrine technologique et se protège dans le cas où – à la surprise générale – ce type d’appareil pourrait devenir un véritable marché. Un scénario qui pourrait être renforcé si d’autres constructeurs suivent la voie emprunté par Huawei et Samsung.