Sous pression réglementaire depuis plusieurs années, TikTok officialise un accord de restructuration imposé par Washington. Une co-entreprise américaine doit permettre d’éviter l’interdiction du réseau social sur le sol américain.
TikTok a signé l’accord ouvrant la voie à la création d’une co-entreprise américaine, condition exigée par la loi pour empêcher l’interdiction de l’application aux États-Unis. L’information ressort d’un mémo interne du directeur général du réseau social, Shou Chew, consulté jeudi par Bloomberg.
Le réseau social et sa maison mère chinoise ByteDance ont conclu cet accord avec trois investisseurs : Oracle, dirigé par Larry Ellison, dont la famille est proche de Donald Trump, la société d’investissement Silver Lake et le fonds émirati MGX. Cette signature était attendue depuis septembre, lorsque Donald Trump avait annoncé un compromis à l’issue de négociations sensibles entre Washington et Pékin sur l’avenir de TikTok.
Une structure sous contrôle américain
À la suite de cet accord, le président américain avait prolongé jusqu’au 23 janvier 2026 l’application d’une loi votée sous la présidence de Joe Biden. Celle-ci prévoyait l’interdiction de TikTok dès janvier 2025 en l’absence de restructuration.
La future entité, baptisée TikTok USDS Joint Venture LLC, fonctionnera comme une structure indépendante, dotée de l’autorité sur la protection des données des utilisateurs américains, la sécurité de l’algorithme, la modération des contenus et la conformité réglementaire. Conformément à un décret signé en septembre, la co-entreprise sera majoritairement détenue par des investisseurs américains et gouvernée par un conseil d’administration de sept membres, dont la majorité sera américaine.
Oracle, Silver Lake et MGX détiendront ensemble 45% du capital, tandis que des investisseurs actuels de ByteDance posséderont 30,1%. ByteDance conservera 19,9%. TikTok gardera toutefois le contrôle de ses activités commerciales aux États-Unis, comme la publicité et le commerce en ligne, ainsi que de l’interopérabilité mondiale de l’application.
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La proximité avec Pékin dans le viseur
Le tourment de TikTok aux États-Unis ne date pas d’hier. Déjà sous le président Joe Biden, le réseau social faisait l’objet de nombreuses critiques. Au coeur du problème, le risque que sa maison mère, ByteDance, soit contrainte par les lois de Pékin de partager les données des utilisateurs américains – 170 millions dans le pays – avec le gouvernement chinois.