Xavier Bouckaert (Roularta) au sujet de l’aide réclamée pour LN24: “C’est de la folie!”
“Où cela s’arrêtera-t-il?”, demande le CEO du groupe propriétaire de la télévision économique Canal Z, en parlant de concurrence déloyale.
Le groupe de médias IPM (La Libre, la DH), propriétaire à 68% de la chaine d’info en continu LN24, a sollicité un prêt de plus de deux millions d’euros au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette demande fait suite à un subside exceptionnel de 500 000 euros déjà accordé à la chaîne avant la reprise par IPM.
Xavier Bouckaert, CEO de Roularta, propriétaire de la chaîne économique Canal Z, s’étrangle: “C’est de la folie!, s’exclame-t-il. Où cela s’arrêtera-t-il?“. Il n’hésite pas à parler de “concurrence déloyale”et s’en explique à Trends Tendances.
Que vous inspire cette demande?
C’est une énième demande d’aide publique alors que nous, nous sommes le seul groupe à ne rien recevoir en Wallonie. Nous sommes exclus de tout, soi-disant parce que notre siège social est en Flandre. Or, nous sommes confrontés aux mêmes difficultés, nous devons faire les mêmes investissements. Dans le cas de LN24, ce serait une nouvelle aide après celle accordée l’an dernier. Mais où va s’arrêter ce carrousel?
C’est de la concurrence déloyale?
Bien entendu. Pour Canal Z, nous avons dû investir 20 millions d’euros depuis sa naissance avant qu’elle ne devienne bénéficiaire. Personne ne nous a aidé, nous avons payé cela 100% nous mêmes. Cela a été possible parce que nous nous situons à une échelle, sur la Flandre et la Wallonie, qui nous permet davantage de rentrées publicitaires. LN24 n’en est qu’au début, elle risque de revenir chaque année avec ces demandes.
Je me demande, en outre, si cet argent est bien utilisé. Le modèle de niche LN24 est hyper difficile à rentabiliser sur le petit marché wallon. C’est mission impossible! Quand cette folie va-t-elle s’arrêter?
Ce sont des mots durs…
Que ce soit clair, je n’ai rien contre IPM. Mais nous nous sentons désavantagés, alors que le contexte est difficile pour nous aussi. Ce n’est pas équitable qu’un concurrent reçoive de la sorte cet argent pour se déployer, alors que nous l’avons fait durant toutes ces années sur fonds propres. Si l’on accorde de l’aide publique, alors que ce soit pour tous les acteurs!
Le contexte nous est défavorable également dans le cadre de la nouvelle concession pour la distribution des journaux. Les modalités prévoient à l’avance un prix doublé pour les magazines, alors que ce n’est pas le cas pour les journaux. Là aussi, c’est de la concurence déloyale. Franchement, ce n’est pas comme si nous roulions sur l’or.
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