Workslop : quand l’IA promet la productivité… et livre du vent

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L’empressement des entreprises à adopter l’intelligence artificielle afin d’augmenter la productivité de leurs employés — et donc leurs revenus — entraîne un paradoxe : la mauvaise qualité du travail leur fait perdre de l’argent.

Une productivité accrue à moindre coût : c’est ce que l’intelligence artificielle générative est censée apporter aux entreprises. Une promesse pour le moins séduisante qui a poussé nombre d’entre elles à adopter, voire imposer, des outils d’IA générative à leurs employés. Mais il y a un hic : ce n’est pas parce qu’une technologie est annoncée comme révolutionnaire que ceux qui l’utilisent sont capables d’en exploiter tout le potentiel.

De quoi faire perdre de l’argent aux sociétés qui paient pour ces outils. Pire encore, dans certains cas, l’utilisation des agents conversationnels peut entraîner une baisse de productivité. Comment ? En se fiant beaucoup trop à son savoir-faire.

Du joli travail de mauvaise qualité

Fin août, une équipe du MIT a révélé que 95 % des entreprises ayant investi dans des outils d’IA ne constataient aucun retour mesurable. Un constat qui a poussé une autre équipe de chercheurs à aller plus loin. Dans le cadre de leur étude, le Social Media Lab de l’université Stanford et le BetterUp Labs ont interrogé 1 150 employés américains et identifié une pratique de plus en plus courante liée à l’IA : le « workslop ».

Contraction de « work » (travail) et de « slop » (bouillie), le terme désigne « du contenu généré par l’IA qui se présente comme un travail de qualité, mais qui manque de substance pour faire avancer significativement une tâche donnée. »

Autrement dit, un travail totalement inutilisable par les personnes à qui il était destiné, lesquelles sont alors contraintes de le corriger ou de le refaire intégralement. Quarante pour cent des personnes interrogées affirme avoir reçu un travail pouvant être qualifié de workslop au cours du mois précédent.

Des heures de travail supplémentaires qui auraient pu être consacrées à d’autres tâches. Les chercheurs ont calculé que rattraper le mauvais travail des employés faisait perdre en moyenne deux heures à chaque incident, soit un coût mensuel de 186 dollars par employé. Ainsi, l’utilisation de l’IA générative peut, dans certains cas, nuire à la productivité et donc aux revenus de l’entreprise : jusqu’à 9 millions de dollars par an, pour une entreprise de 10.000 personnes, selon BetterUp Labs.

Confiance érodée

Mais un mauvais travail réalisé par l’IA ne fait pas seulement perdre de l’argent à une entreprise : il érode également la confiance entre collègues et nuit donc à l’environnement de travail. Ceux qui ont reçu du workslop considèrent à 42 % que les auteurs sont moins fiables et à 37 % qu’ils sont moins compétents. Trente-quatre pour cent d’entre eux ont également signalé le problème à leur supérieur, ce qui nuit à la cohésion des équipes.

En conclusion de leur étude, les chercheurs conseillent aux dirigeants de définir “une utilisation ciblée de l’IA, d’établir des normes claires et d’encourager un état d’esprit pilote alliant une forte capacité d’action à l’optimisme, en promouvant l’IA comme un outil collaboratif, et non comme un raccourci.’

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