Capitane Coop, une coopérative belge pour résister aux géants de l’industrie musicale
Rémunérer correctement les artistes et les professionnels de la musique en Belgique en privilégiant le «circuit court», tel est l’objectif de Capitane Coop, la première coopérative musicale belge.
Son nom évoque une espèce de super-héros qui se serait donné pour mission de sauver les «petits» artistes de Belgique face aux géants de l’industrie du disque: Capitane Coop est la première coopérative musicale belge qui propose, depuis ce 22 octobre, une vraie alternative aux puissantes majors et autres plateformes de streaming. Comment? En jouant à la fois la carte du «circuit court» et de la rémunération juste pour tous les acteurs belges du secteur musical, exactement comme pour l’agriculture.
Depuis plusieurs années déjà, le monde de la musique connaît en effet, comme beaucoup d’autres secteurs, un phénomène de concentration avec trois majors qui détiennent désormais plus de 70% du marché mondial: Warner, Sony et Universal Music Group qui a finalisé, la semaine dernière, l’acquisition totale de PIAS, le label de musique indépendante belge fondé il y a 40 ans.
Décalage
Dans ce nouveau paysage «concentré» où les plateformes de streaming comme Spotify et Deezer dictent leur loi, les musiciens et chanteurs, qui ne sont pas sur le devant de la scène médiatique, ne peuvent tout simplement plus vivre de leur art.
«Certains artistes n’ont jamais été autant écoutés grâce à ces plateformes digitales, mais ils n’ont jamais été aussi peu payés, explique Nicolas Michaux, cofondateur de Capitane Coop et ancien chanteur du groupe Eté 67 qui poursuit désormais une carrière solo. En 2005, j’ai vendu 12.000 CD, ce qui a généré un chiffre d’affaires bien supérieur à celui que je réalise aujourd’hui avec plus de 290.000 streams par mois sur les plateformes.»
Chez Spotify, un artiste touche en moyenne à peine 0,004 dollar par stream ou lecture de son titre…
D’abord un label
Porté par un modèle qui se veut équitable, durable et innovant, Capitane Coop trouve ses racines dans Capitane Records, un label indépendant justement fondé en 2019 par Nicolas Michaux et son complice Grégoire Maus dans un esprit d’autogestion entre musiciens. En quatre ans, Capitane Records a publié plus de 20 albums et hébergé une quinzaine d’artistes dont Juicy, Great Mountain Fire ou encore Adam Green, générant doucement une nouvelle communauté fidèle de fans et d’artistes.
Aujourd’hui, les cofondateurs du label veulent aller plus loin en lançant Capitane Coop, la première coopérative musicale belge, avec une solution qui s’inspire des circuits courts de l’agriculture et donc une démarche «du producteur au consommateur», en rémunérant équitablement tous les intervenants, des artistes aux techniciens, en passant par les diffuseurs.
Appel citoyen
Pour ce faire, Capitane Coop entend lever 100.000 euros d’ici février 2025 via un appel à l’épargne citoyenne. Deux types de coopérateurs sont invités à rejoindre l’aventure: d’une part, les music makers, soit des professionnels qui s’investissent dans la coopérative afin de développer différemment leur carrière (500 euros la part), et d’autre part, les music lovers, des amateurs qui soutiennent simplement cette nouvelle initiative (125 euros la part).
Objectif : mutualiser divers services au sein de Capitane Coop pour les artistes et amateurs de musique avec un label indépendant (Capitane Records), une maison d’édition musicale (Capitane Music), un service de management et d’organisation d’événements (The Rocket House), un studio d’enregistrement (The Free House) ou encore un pôle éducatif (l’école de musique The Rocket School). A l’horizon 2028, la coopérative espère employer cinq à six équivalents temps plein.
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