Time: OpenAI en pleine opération séduction des médias

© Capture d’écran Time Magazine

Après le Wall Street Journal, Le Monde, El País ou le groupe Axel Springer, la firme de Sam Altman s’associe avec le Time Magazine pour plusieurs années. Et s’offre ainsi accès à 101 ans de journalisme de qualité.

Le spécialiste de l’intelligence artificielle, OpenAI, continue sa campagne de séduction des médias à travers le monde. Il a, en effet, annoncé voici quelques jours un nouveau partenariat emblématique avec un géant des médias : le Time Magazine. Sans en dévoiler les contours précis (et encore moins les montants), la firme derrière le célèbre ChatGPT vient de confirmer son union pour plusieurs années avec le média américain.

Et visiblement, tout le monde est content. D’abord, le Time obtiendra plus que probablement une (belle) rémunération pour l’accès à son contenu. Une aubaine en cette période où l’ensemble des médias cherchent de nouvelles sources de revenus et de nouveaux modèles économiques pour enrayer l’érosion généralisée des lecteurs. Par ailleurs, le Time pourra aussi bénéficier des technologies d’IA d’OpenAI pour développer de nouveaux produits. Sans dévoiler la manière dont le média américain pourrait faire usage des modèles de l’IA, on peut imaginer pas mal de choses : comme des moteurs de recherche intelligents dans ses contenus, des outils poussés de génération d’informations pratiques (météo, résultats sportifs, etc.).

101 ans d’informations

De son côté, OpenAI pourra injecter 101 ans d’informations du magazine dans ses modèles d’intelligence artificielle. Un trésor colossal pour l’intelligence artificielle. On sait, en effet, que pour générer des réponses aux demandes de ses utilisateurs, ChatGPT a d’abord dû être entraîné sur des bases de données gigantesques trouvées en ligne. Or, le Time possède des articles depuis pas moins de 101 ans et ChatGPT n’a probablement pas eu un accès systématique à l’ensemble de ces contenus : soit qu’ils ne soient pas disponibles facilement en ligne pour les robots d’OpenAI, soit qu’ils ne soient tout simplement pas numérisés. Désormais, OpenAI pourra obtenir un accès officiel à du contenu journalistique de qualité sur toute une tranche d’histoire de l’humanité !

C’est aussi une belle opération marketing pour la firme de Sam Altman qui joue la carte de la fiabilité des informations de son IA. Même si son outil s’améliore sensiblement de jour en jour, beaucoup se souviennent des premières hallucinations de ChatGPT. En s’associant à l’un des médias les plus sérieux de la planète, OpenAI se pare d’une image plus crédible. Et aussi plus « media friendly ». Car beaucoup de médias se sont plaints d’avoir été plagiés par le géant américain de la tech qui aurait, sans accord et sans contrepartie, aspiré leurs contenus pour aider ses algorithmes à apporter des réponses à leurs utilisateurs. Plusieurs médias ont d’ailleurs porté plainte contre OpenAI, dont le New York Times. Voilà pourquoi depuis plusieurs mois, OpenAI multiplie les partenariats avec les médias : Le Monde, El País, l’agence de presse AP, le Wall Street Journal, Financial Times, etc.

Pacte avec le diable?

Mais l’usage des données n’est pas le seul problème aux yeux de nombreux médias. Le modèle même d’un ChatGPT pose question aux acteurs de la presse : là où Google se présente comme un moteur de recherche regroupant les liens vers les sites des médias, l’IA générative d’OpenAI apporte des réponses en se basant sur les contenus sans forcément créditer les sources et évidemment sans lien. Bref : sans accord, elle utilise les informations sans aucun retour pour les médias qui ne profitent d’aucune visite sur leur site et donc d’aucun revenu publicitaire. Le deal noué avec le Time semble toutefois rectifier le tir puisque les sources seront créditées, avec lien, lorsque ChatGPT se basera sur des contenus du magazine dans ses réponses.

Reste que pas mal d’observateurs s’étonnent de ce type de partenariat. D’abord, certains pensent que les médias signent un pacte avec le diable. Ensuite, d’autres s’étonnent qu’OpenAI noue des deals avec quelques acteurs sur chaque marché alors que ses modèles LLM ont besoin d’être alimentés par un maximum d’informations différentes pour générer les meilleures réponses possibles.

Est-ce la mise en place d’un modèle vertueux pour tous ou une manière de se parer de crédibilité tout en pillant les médias… ?

L’intelligence artificielle est présente dans la plupart des secteurs, ou presque, avec ses partisans et ses détracteurs, mais quel est son impact?

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