Surveillance de masse : Microsoft met fin à une collaboration avec l’armée israélienne

Microsoft, image d’illustration. REUTERS/Gonzalo Fuentes/File Photo © REUTERS
Vincent Genot
Vincent Genot Coordinateur online news

Dans un billet publié sur le blog de l’entreprise, le président de Microsoft, Brad Smith, a confirmé que l’entreprise avait « cessé et désactivé un ensemble de services pour une unité du ministère israélien de la Défense ».

Sur le site officiel de l’entreprise, Brad Smith rappelle que « Microsoft n’est pas un gouvernement ou un pays. Nous sommes une entreprise. Comme toute entreprise, nous décidons des produits et services que nous proposons à nos clients. Comme nous l’avons fait publiquement annoncé le 15 août, nous avons décidé d’entreprendre un examen des allégations parues dans un article publié le 6 août par The Guardian sur une unité des Forces de défense israéliennes (FDI). Comme nous l’avons expliqué à l’époque, l’article du Guardian a rapporté que “plusieurs personnes ont affirmé que l’armée israélienne utilise Azure (NDLR : plateforme de cloud computing de Microsoft) pour le stockage de fichiers de données d’appels téléphoniques obtenus grâce à une surveillance large ou massive de civils à Gaza et en Cisjordanie.” »

Brad Smith insiste sur le fait que Microsoft ne fournit pas de technologies « destinées à faciliter la surveillance de masse de civils », une règle que l’entreprise applique « dans tous les pays du monde ». L’examen interne a reposé sur les registres commerciaux, documents financiers, dossiers internes et autres éléments, sans toutefois accéder au contenu du matériel stocké.

Au cours de cette enquête, Microsoft affirme avoir trouvé des preuves confirmant certains points relayés par les médias, notamment la « consommation de capacité de stockage Azure aux Pays-Bas et l’utilisation de services d’IA » par Israël.

Microsoft dans le viseur des protestataires

Parmi les grandes entreprises de la tech, Microsoft a dû faire face à des protestations liées à ses liens avec Israël, alors que la crise humanitaire à Gaza, provoquée par l’assaut militaire israélien, s’est intensifiée. Des manifestations récentes organisées dans les locaux de l’entreprise ont conduit au licenciement de plusieurs employés, dont deux ayant participé à un sit-in dans les bureaux de Brad Smith. Microsoft a expliqué que ces licenciements faisaient suite à des violations de ses règles internes et que les actions menées sur site avaient engendré, selon elle, d’importants problèmes de sécurité.

La réaction d’Amnesty International

Sur son site, Amnesty International « se félicite des informations faisant état de la décision de Microsoft de mettre fin à l’accès de l’unité d’élite du renseignement militaire israélien à certains services de stockage et d’IA dans le cloud Azure, mais il est essentiel que Microsoft enquête sur tous ses contrats, ventes et transferts d’équipements de surveillance, d’intelligence artificielle et d’équipements connexes vers Israël, et veille à ce qu’ils ne soient pas utilisés dans le cadre des violations des droits humains commises par Israël contre les Palestiniens. »

Comme le rappelle Reuters, la décision de Microsoft de désactiver certains services de stockage n’aura pas d’effet sur les autres prestations fournies par l’entreprise, notamment en matière de cybersécurité, à Israël comme dans d’autres pays du Moyen-Orient. Un officier israélien a d’ailleurs déclaré à l’agence que cette mesure n’avait pas d’impact sur les « capacités opérationnelles » de l’armée.

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