Quels sont les nouveaux projets de Molengeek ?
Lancée pour intéresser les jeunes de Molenbeek au numérique et à la création de start-up, l’initiative Molengeek combine un espace de “coworking”, des événements de type hackathon et une école pour apprendre à coder. Une récente visite du Roi a couronné un an de développement. L’occasion d’un premier bilan avec ses principaux initiateurs, Julie Foulon et Ibrahim Ouassari.
” Un vrai roi de la tech ! Le roi Philippe a vraiment pris son temps pour rencontrer les jeunes et les questionner sur leurs projets. Ils se sont sentis valorisés, se réjouit Julie Foulon, cofondatrice de Molengeek. Cette visite a eu un impact incroyablement positif. ” La venue du Roi au sein de l’espace Molengeek, le 30 mai dernier, n’est pas passée inaperçue dans l’univers belge de la tech, mettant un nouveau coup de projecteur sur l’initiative destinée à attirer les jeunes de Molenbeek vers le numérique et vers le monde des start-up.
Cela fait à peine plus d’un an que Julie Foulon et Ibrahim Ouassari ont lancé cette initiative en vue d’insuffler l’esprit d’entreprendre auprès ” d’une population qui n’est pas forcément familière de cet univers “. Après avoir réalisé plusieurs start-up week-ends et hackathons, des événements destinés à jeter les bases d’une start-up à partir de simples idées, Molengeek a ouvert son premier espace de travail en mars 2016, en plein coeur de Molenbeek, place de la Minoterie à deux pas du canal, soutenu par des subsides et des sponsors. Sur une surface d’une soixantaine de mètres carrés, le petit coworking a commencé par accueillir quelques jeunes geeks pour apprendre et travailler sur des projets et démarrer la mise en place d’une ” communauté “. Mais rapidement, l’initiative, qui a bénéficié d’une belle visibilité dès son lancement, s’est sentie à l’étroit. L’occasion d’augmenter l’espace à 170 m2, dont une partie reste à aménager. Sur les murs, des tags et des graphes témoignent de la particularité du lieu. Car à Molengeek, on n’aborde pas l’univers des start-up comme dans les autres espaces d’incubation inspirés de la Silicon Valley. ” Nous ne pouvons pas approcher notre public avec les mêmes codes, insistent en choeur Julie Foulon et Ibrahim Ouassari. Nous nous adressons souvent à des jeunes qui sont sous le radar du travail, qui ont parfois quitté l’école et ne maîtrisent pas forcément les termes ronflants des concepts du Net et de l’entrepreneuriat. Nous devons vulgariser les concepts comme la blockchain et tous les termes qui peuvent être un frein, de prime abord, pour nos jeunes. ”
Des indicateurs de performance spécifiques
C’est que Molengeek n’a pas les mêmes objectifs qu’un Co.Station ou qu’un Leansquare. Il ne s’agit pas seulement d’inciter à créer des start-up. ” Si c’était simplement cela, réagit Ibrahim Ouassari, nous ne prendrions que des gens issus de Solvay et nous réaliserions une sélection forte à l’entrée. ” L’initiative molenbeekoise place l’apprentissage au coeur de son concept puisque des coaches viennent épauler les participants – y compris ceux qui sont peu familiers du Web – et qu’une coding school forme actuellement une quarantaine de personnes à l’apprentissage du code informatique. D’ailleurs, l’initiative n’affiche pas les mêmes KPI (key performance indicators) que les autres. Ici, ce n’est pas le nombre de start-up effectivement lancées qui font office de point de repère, même si quatre ou cinq projets commencent à émerger (à des stades d’avancement très différents toutefois). ” Le nombre de start-up qui se créent n’est pas notre point de référence, insiste Ibrahim Ouassari. Nous regardons plutôt le nombre de personnes qui s’intéressent et s’investissent dans l’écosystème Molengeek, car notre mission première consiste à rendre la technologie accessible à tous. Il s’agit d’effectuer un travail pédagogique et de briser une prison mentale. Certains éléments ne se mesurent pas véritablement : imaginez un jeune qui vient de très loin, avec très peu de connaissance numérique et d’entrepreneuriat, qui commence à développer des applications. Il est comptabilisé dans nos réussites même s’il ne crée pas une start-up. ”
Le nombre de start-up qui se créent n’est pas notre point de référence. Nous regardons plutôt le nombre de personnes qui s’intéressent et s’investissent dans l’écosystème Molengeek.” Ibrahim Ouassari, cofondateur
Aujourd’hui, Molengeek regroupe une communauté d’environ 200 personnes, parmi lesquelles une soixantaine côtoient régulièrement l’espace de coworking et une quarantaine fréquentent la coding school. Mais Julie Foulon admet une petite baisse de régime du côté de l’incubation de start-up ces derniers temps. ” Aujourd’hui, nous avons parfois l’impression qu’on nous voit essentiellement comme un espace de formation “, admet la cofondatrice de Molengeek. Reste qu’en moins d’un an, Julie Foulon et Ibrahim Ouassari peuvent s’enorgueillir d’un beau parcours étant donné l’équipe restreinte qui tient la boutique. Mais l’heure est à la réflexion pour assurer le positionnement de l’initiative et son déploiement. Car Julie Foulon et Ibrahim Ouassari ne manquent pas de projets. Dans un premier temps, ils vont très certainement ” mettre en place un vrai programme d’encadrement “. ” C’est sans doute ce qui manque aujourd’hui pour accentuer l’aspect incubation ” “, reconnaît Julie Foulon. L’idée consiste à assurer à Molengeek ses deux casquettes à parts égales : l’incubation de start-up et un espace de formation. Et pour doper le niveau, un processus de sélection et une période d’essai pourraient être mis en place. Non pas pour sélectionner les meilleurs profils mais plutôt les plus motivés et empêcher que certains ne viennent qu’une ou deux semaines s’inspirer sans jamais plus revenir. Et donc s’assurer une communauté impliquée, pour parvenir aux meilleurs résultats.
1.000 nouveaux mètres carrés
Mais ce n’est pas tout. Molengeek pourrait essaimer. En effet, les deux initiateurs ont été approchés pour développer ce concept un peu plus loin, du côté de Schaerbeek et Saint-Josse. Un bâtiment énorme de 1.000 m2 a déjà été identifié. Molengeek pourrait donc déployer ses ailes et assurer une continuité entre deux lieux autour de la thématique de l’entrepreneuriat digital. Tout en gardant son identité et… son nom. Reste que tout ne se fait pas si facilement. Les projets doivent être financés. Jusqu’ici, Molengeek vit grâce à des subsides publics, à des sponsors parmi lesquels – entre autres – Samsung, Google et Bruxelles Formation. Mais aussi grâce à quelques rentrées financières générées par la location d’espaces, l’organisation de hackathons et d’événements clés en main pour des entreprises, ou encore la vente de proofs of concept réalisés par les élèves de la coding school pour le compte d’entreprises. Le budget pour faire tourner Molengeek en 2017 atteindra 800.000 euros. Raison pour laquelle les deux responsables continuent de nouer des contacts avec de grandes firmes en vue de nouveaux partenariats.
Autre idée que nourrissent les initiateurs de Molengeek ? Un fonds d’investissement dédié. ” La plupart des investisseurs professionnels que nous avons rencontrés trouvent le projet Molengeek génial… mais ne sont pas prêts à investir 1 euro dans nos start-up “, explique Ibrahim Ouassari. Du coup, Molengeek pourrait (un jour) mettre sur pied un fonds destiné au financement des premiers milliers d’euros pour les start-up naissant au sein de son écosystème, jusqu’aux premières rentrées.
L’ensemble de ces initiatives mises en places permettront ainsi à Molengeek d’accompagner les jeunes Molenbeekois depuis leur formation numérique vers la création de start-up et leur financement. Un encadrement… royal.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici