L’officialisation d’Atlas, le navigateur web d’OpenAI, ne constitue pas seulement une attaque frontale contre Google Chrome. Elle touche également Microsoft, propriétaire d’Edge. Et cela, malgré le partenariat stratégique qui lie toujours la firme de Redmond à la maison mère de ChatGPT. Pour combien de temps encore, c’est ça la question.
La bonne entente entre Microsoft et OpenAI remonte déjà à plusieurs années. À l’époque, le géant américain avait flairé l’opportunité d’accélérer sa transition vers l’intelligence artificielle en investissant massivement dans la start-up de Sam Altman. Ce pari lui avait permis de prendre une longueur d’avance technologique dans un secteur en pleine explosion en profitant des avancées de la startup.
Mais aujourd’hui, cette alliance ne semble plus du tout aussi cordiale qu’autrefois. OpenAI veut retrouver sa pleine indépendance pour poursuivre sa domination dans l’IA, aors que Microsoft, également fortement engagé dans la course à l’intelligence artificielle, voit cela d’un mauvais oeil pour ses affaires. Pour Microsoft, les avancées rapides d’OpenAI représentent une menace potentielle : plus ChatGPT s’intègre dans des produits autonomes, moins Copilot ou Bing paraissent incontournables. Une source de tension entre les deux, selon les bruits de couleurs, ces derniers mois, qui ont découlé par une renégociation de leur partenariat en septembre.
C’est dans ce contexte qu’OpenAI a dévoilé Atlas, son premier navigateur intégrant ChatGPT en natif. Et, presque simultanément, Microsoft a répliqué avec une salve d’annonces visant à renforcer l’écosystème Copilot, mais surtout la transformation d’Edge en navigateur web d’IA.
Edge devient un navigateur d’IA
Deux jours seulement après cette annonce, Microsoft a répliqué avec une série de nouveautés centrées sur son propre écosystème, dont la transformation d’Edge en véritable navigateur d’intelligence artificielle, avec une intégration toujours plus poussée de son IA, Copilot.
Selon Mustafa Suleyman, PDG de Microsoft AI, le mode Copilot d’Edge « évolue vers un compagnon dynamique et intelligent ». Avec l’accord de l’utilisateur, il pourra analyser les onglets ouverts, synthétiser et comparer des informations, ou encore effectuer des actions concrètes comme réserver un hôtel ou remplir un formulaire – uniquement aux États-Unis pour le moment.
Parmi les nouveautés les plus notables, la fonction Journeys organise désormais l’historique de navigation en scénarios thématiques, facilitant le retour sur une idée ou une tâche. Là encore, Microsoft réserve cette nouveauté aux États-Unis.
Microsoft insiste d’ailleurs sur un positionnement éthique : « Nous ne cherchons pas à maximiser le temps d’écran, mais à créer un compagnon numérique qui vous aide à réfléchir, planifier et rêver — selon vos propres conditions. »
Atlas et Edge : des visions qui se frôlent
On notera également les ressemblances entre Atlas et le nouveau Edge. Les deux navigateurs reposent sur une logique commune d’assistant intégré, capable d’agir pour l’utilisateur et de manipuler plusieurs sources d’information en parallèle. Même le design et les interactions semblent converger.
Certes, Microsoft planche sur cette transformation d’Edge depuis plusieurs mois – le mode Copilot avait déjà été présenté en juillet dernier, sans grand succès à l’époque, rappelle TechCrunch. Mais le timing de cette nouvelle salve d’annonces, juste après la présentation d’Atlas, a tout d’une riposte stratégique soigneusement calculée. De quoi renforcer les tensions entre les deux parties ou, tout du moins, l’idée que Microsoft et OpenAI sont désormais des concurrents.
Copilot muscle son jeu
Au-delà du navigateur, Microsoft a aussi enrichi Copilot avec de nouvelles fonctionnalités pensées pour le rendre plus collaboratif, plus intelligent et plus personnel.
- Groupe : un espace de travail collectif où l’on peut brainstormer, coécrire ou planifier à plusieurs (jusqu’à 32 participants). Copilot y résume les discussions, propose des options et répartit les tâches.
- Imagine : une plateforme d’exploration créative permettant de découvrir et d’adapter des idées générées par l’IA.
- Mico : une présence visuelle interactive qui réagit à la voix et change de couleur selon le ton — une sorte de version 2.0 de Clippy.
- Copilot peut désormais retenir des informations personnelles (anniversaires, échéances, séances d’entraînement) et les rappeler dans de futures conversations.
- Enfin, l’assistant s’intègre à davantage de services externes — OneDrive, Outlook, Gmail, Google Drive ou Google Agenda — pour simplifier la recherche d’informations en langage naturel.
Avec ces ajouts, Microsoft entend positionner Copilot comme un assistant universel, capable non seulement de comprendre le contexte, mais aussi de collaborer activement et de s’adapter à chaque utilisateur.