Alors que le bras de fer entre DAZN et les opérateurs télécoms laisse momentanément les supporters de foot belge sur la touche, un influenceur français bouscule les règles du jeu médiatique: le streamer Zack Nani vient d’obtenir les droits de la ligue de football saoudienne qu’il va diffuser gratuitement sur ses réseaux.
Depuis le début de la saison 2025-2026, les matchs de la Jupiler Pro League se regardent sur une plateforme numérique qui déroute les supporters belges. Le groupe DAZN et les principaux opérateurs télécoms se livrent toujours à un duel tenace autour des droits de diffusion, sans qu’aucun accord n’ait encore été trouvé après trois journées de championnat. Résultat: l’offre du foot belge reste aujourd’hui limitée voire inaccessible pour de nombreux amateurs de foot qui ne veulent pas multiplier les abonnements payants.
Ce blocage n’est pas une première dans notre paysage audiovisuel, mais il illustre une tendance lourde sur le marché: la fragmentation des droits sportifs, désormais éclatés entre les diffuseurs traditionnels, les plateformes numériques, mais aussi de nouveaux acteurs inattendus du paysage médiatique.
Révolution numérique
Pendant que la Belgique s’enlise dans ses querelles contractuelles, une petite révolution se joue en effet de l’autre côté de la frontière française. Streamer en vogue suivi par plus de 1,3 million de fans sur Twitch et YouTube, l’influenceur Zack Nani vient de décrocher les droits de diffusion de la Saudi Pro League, le championnat de football saoudien. Pour la première fois dans l’histoire du foot ‘‘médiatisé’’, ce n’est donc pas un groupe télévisuel ni une plateforme internationale qui remporte la mise, mais bien un créateur de contenu individuel!
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Ce coup de théâtre a de quoi faire sourire et surtout réfléchir. En quelques années, Zack Nani s’est imposé comme l’un des visages les plus connus du streaming footballistique en France et il devient aujourd’hui un acteur officiel du marché des droits de diffusion, pour un championnat qui est loin d’être anecdotique. La Saudi Pro League a attiré ces dernières saisons des stars comme Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, N’Golo Kanté ou encore Neymar, un casting qui pèse lourd en termes de notoriété et d’audience: les droits mondiaux de cette ligue ont en effet bondi de plus de 250% depuis 2022, portés par l’arrivée massive de ces stars du ballon rond.
Joli tacle
Spectaculaire, le coup de pied de Zack Nani dans la fourmilière du football rappelle que le monopole des chaînes traditionnelles sur les grands événements sportifs est en train de se fissurer. Là où, en Belgique, on peine encore à s’accorder entre opérateurs télécoms et plateforme détentrice des droits, d’autres marchés voient donc émerger des figures issues de l’économie créative, capables de mobiliser un public fidèle et d’assurer une diffusion en direct, gratuite, sans passer par l’outil télécommande.
Les audiences de Zack Nani devraient, selon certains analystes, dépasser 500.000 spectateurs uniques par match sur ses canaux (soit plus que certaines chaînes câblées françaises lors des rencontres de Ligue 1) et générer dès lors de précieux revenus publicitaires. Car les matchs de la Saudi Pro League seront non seulement diffusés sur la chaîne YouTube du streamer français, mais aussi sur Twitch, la plateforme de streaming prisée des jeunes audiences. Ici, pas d’écran télé ‘‘figé’’ ni d’habillage institutionnel: place au ton spontané et interactif, avec des rencontres commentées en direct par Zack Nani et ses invités, ponctuées de réactions à chaud, de débats improvisés et d’échanges avec le tchat en temps réel. Un format qui tranche délibérément avec la diffusion lisse et standardisée du paysage audiovisuel classique…
‘‘Au-delà de six chiffres’’
Montant de l’opération menée par l’influenceur français? Mystère… Mais dans une interview accordée au journal L’Equipe, Zack Nani précise toutefois: ‘‘C’est le plus gros investissement réalisé avec ma société qui produit toutes mes émissions et mes vidéos YouTube. Une somme au-delà des six chiffres pour une saison, avec une deuxième en option.’’
Et si, au lieu d’attendre l’interminable fin des négociations entre le groupe DAZN et les opérateurs télécoms, il suffisait de se connecter demain à Twitch pour voir un bon vieux Anderlecht-Standard? Le marché belge pourrait bien se poser la question plus vite qu’il ne l’imagine…
