Prompt engineer : dompter l’IA est un métier et cela s’apprend
Le « prompt engineer », l’ingénieur de requête en français, murmure à l’oreille des intelligences artificielles pour qu’elles fassent exactement ce qu’il désire. Dresseur d’IA, un métier incontournable à l’avenir ?
Le prompt engineer est une personne chargée de trouver les meilleures manières de parler avec une IA pour que celle-ci fournisse la meilleure réponse possible. Un métier encore à ses prémices, mais promis à un bel avenir dans un monde où les IA gagnent chaque jour du terrain. Une fonction qui serait en passe de devenir « le métier le plus sexy du 21 siècle », selon Harvard Business Review. Engager un prompt engineer permettrait d’optimiser la productivité de bon nombre de métiers en automatisant les tâches qui peuvent l’être.
Logique et esprit critique
Ceux qui ont déjà utilisé l’intelligence artificielle générative pour l’une ou l’autre tâche ne peuvent ignorer que beaucoup du résultat final dépend de la formulation de la requête (prompt en anglais). Pour faire venir l’IA là où on le souhaite, cela demande quelques contorsions et de multiples reformulations. Il faut donc un esprit logique et du sens critique. Mais aussi une bonne dose de patiente et de l’organisation. Pour parvenir à quelque chose d’optimal, on doit souvent reformuler, ajouter du contexte, récapituler, repréciser ce qui doit se trouver dans la réponse ou manier l’art de l’itération (soit répéter en boucle la même requête légèrement modifiée jusqu’à l’obtention du résultat). La bonne nouvelle c’est que ce « talent » n’exige pas d’être ingénieur ni de savoir coder. Il suffirait même de 30 à 50 heures de formation pour maîtriser les bases du prompt. Soit une bonne semaine pour comprendre les grandes lignes du métier.
Comme le stipule Paul Vacca dans Trends Tendances, «les compétences clefs pour un ingénieur de requête relèvent plutôt des humanités (lettres, philosophie ou sciences humaines): savoir définir et formuler clairement ses requêtes, pouvoir fournir des éléments de contexte et être à même de juger de la qualité des réponses produites par l’IA pour pouvoir reformuler et affiner sa requête. Bref, ce que l’on appelle en philosophie depuis Platon et Socrate, la “maïeutique”, autrement dit l’art de faire accoucher une idée par le dialogue. Socrate aurait fait un bon prompt engineer».
L’art du prompt comme compétence ultime
Malgré cette relative accessibilité, les fonctions de prompt engineer sont souvent très bien rémunérées au point de faire la une des médias. Cela s’explique par le fait que de telles fonctions sont très rares. On parle d’une centaine dans le monde et le plus souvent cantonnée à quelques entreprises d’IA Générative. Les aptitudes demandées pour cette fonction pourraient par contre se révéler déterminantes pour trouver un travail à l’avenir. Car plus qu’un poste dédié au sein d’une entreprise, cette compétence, soit l’art du prompt ou l’art de requête, pourrait être un prérequis pour de nombreuses fonctions face à la vague technologique sans précédent qui s’abat aujourd’hui sur le monde. En attendant que les IA génératives puissent se passer de prompt précis, on devra probablement tous maîtriser, à des degrés variables selon les fonctions, les prompts.
Des bibliothèques et le marché naissant des prompts prêt à l’emploi
Pour ceux qui souhaitent se lancer dans le prompt de nombreuses vidéos sont disponibles sur YouTube.
Des formations spécifiques fleurissent aussi ici et là (Udemy ou Coursera). Néanmoins, une bonne requête se faisant souvent en plusieurs étapes, cela peut vite se révéler chronophage. La bonne nouvelle c’est qu’on ne doit pas réinventer une requête à chaque fois. Il est tout à fait possible d’enregistrer ses propres prompts les plus performants dans des bibliothèques de requêtes. Une base qui peut être réutilisée et customisée selon les besoins. Pour ceux que cela effraient ou qui ne sont que peu inspirés, rien n’interdit non plus de s’inspirer d’un prompt créé par d’autres.
Voici le principe expliqué en vidéo
Les prompts devenant un bien comme un autre, il est même possible de les monnayer. Il est possible d’acheter ou de vendre des requêtes toutes faites sur des plateformes spécialisées. Soit des sortes d’eBay ou marketplace du prompt comme PromptBase, PromptHero ou encore FlowGPT. Sur la première, la plus connue, il est possible d’y acheter ou d’y vendre des prompts (la plateforme prend une commission de 20% sur chaque vente) entre 1,99 et 4,99 dollars l’unité. La plateforme PromptHero serait par contre plus recommandée pour les IA dédiées aux images.
Que doit contenir une requête-modèle ?
Une requête doit être précise, complète et aller droit au but. Elle doit donc être composée de phrases courtes ou de mot clé. Et comme l’IA peut générer un résultat différent sur base du même prompt, il n’est pas inutile de faire beaucoup d’essais. Par exemple en reformulant légèrement ou en appliquant l’itération. De même il est déconseillé de demander de répondre en même temps à plusieurs questions à la fois. Lire aussi | Comment parler à une intelligence artificielle?
En résumé, une requête efficace doit :
– Fournir le maximum d’éléments de contexte, soit définir le point de vue et pour quelle destination (je suis XXX et c’est pour)
– Préciser le résultat attendu (résumer en points clés, classer de 1 à 5, formuler en bullet point,…)
– Etre aussi précise et détaillée que possible tout en restant concise. Surcharger d’infos inutiles plombe souvent les résultats.
– Questionner les sources à la fin du processus pour éviter les inventions du système
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici