La société OpenAI, célèbre pour avoir développé l’outil d’intelligence artificielle ChatGPT, envisage de lancer sa propre plateforme sociale. Décryptage ce choix stratégique avec Xavier Degraux, expert en marketing digital.
C’est le site américain The Verge spécialisé dans l’actualité technologique qui a révélé l’information: la société OpenAI, qui a développé l’agent conversationnel ChatGPT, travaille actuellement sur un projet de réseau en ligne destiné à concurrencer les plateformes X, Facebook et autre TikTok. Mais pourquoi se lancer dans une telle aventure technologique? Décodage avec Xavier Degraux, expert en marketing digital et formateur en réseaux sociaux.
Comment expliquez-vous ce choix stratégique d’OpenAI?
Xavier Degraux: Contrairement à certains de ses concurrents comme X ou Meta, OpenAI n’a pas de plateforme sociale, pas de fil conversationnel, pas d’interactions humaines à analyser en direct. Il faut rappeler que l’empire de Mark Zuckerberg a déployé ses assistants IA dans WhatsApp, Instagram et Facebook Messenger, tandis que Elon Musk intègre déjà une IA conversationnelle au cœur de son réseau X. Cela lui permet de mêler en temps réel les contenus des utilisateurs avec des réponses d’IA et de créer ainsi un fil social hybride où l’IA commente, relance et enrichit les discussions. Pour OpenAI, créer son propre canal, sa propre expérience, son propre réseau, c’est donc s’assurer un accès continu, exclusif et auto-alimenté à la matière première de l’IA.
On aurait donc une nouvelle plateforme ‘‘IA-native’’?
Oui, où tout est conçu dès le départ pour intégrer les fonctionnalités de ChatGPT et qui pourrait générer ses propres revenus comme Meta ou X via de la publicité, des abonnements, des contenus premium, etc.
L’IA comme moteur de l’expérience sociale, donc?
Contrairement aux réseaux sociaux actuels où l’IA vient ‘‘se greffer’’ – comme les suggestions automatiques de réponses ou de commentaires sur LinkedIn par exemple – , OpenAI veut concevoir une expérience entièrement centrée sur l’IA sous forme d’assistants ou de suggestions avec, par exemple, l’aide à la création de contenus, la génération d’images, la suggestion de posts engageants ou encore la personnalisation du fil grâce aux modèles conversationnels.
Quelle est l’ambition d’OpenAI au final?
OpenAI veut réussir là où d’autres n’ont pas encore osé aller: créer une plateforme sociale où l’IA n’est plus un plugin, mais le moteur même de l’interaction. L’ambition est d’offrir une plateforme où l’IA n’est pas un outil ‘‘à côté’’, mais le cœur même de l’interaction sociale. Les réseaux sociaux sont les lieux par excellence de la conversation, de l’humour, de la réactivité, du mimétisme et de la viralité. Bref, tout ce que l’IA peine encore à saisir vraiment. En créant son propre réseau, OpenAI s’offre un ‘‘bac à sable’’ idéal pour tester ses modèles en conditions réelles, récolter du feedback comportemental et ajuster en continu ses réponses et ses suggestions. La prochaine grande bataille ne se jouera peut-être donc pas entre l’IA et les humains, mais entre les plateformes qui hébergent l’IA et les plateformes qui sont l’IA. Ce mouvement pourrait redessiner en profondeur l’écosystème numérique.