“On est heureux de fermer notre ASBL, EducIT”
Cinq ans après avoir lancé EducIT, une ASBL qui oeuvrait à faire entrer le numérique dans les classes du secondaire, les fondateurs sont heureux de fermer boutique.
Une ASBL qui s’arrête. Et l’on a de quoi s’en réjouir. Etonnant, non ? Pourtant, aujourd’hui les fondateurs de l’ASBL EducIT mettent un terme, cinq ans après sa création, à leur projet avec le sourire. Cette ASBL (couronnée l’an passé d’un Trends Impact Award), qui avait pour but d’apporter le numérique dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles estime avoir réalisé sa mission. « Nous avions, dès le départ, le souhait de disparaître dès que le système reprendrait notre approche et que notre action ne serait plus nécessaire », se réjouissent Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete, à l’origine du projet.
A la base, ces deux anciens entrepreneurs de la tech avaient imaginé former les profs du secondaire au numérique pour leur permettre d’utiliser des outils digitaux durant leurs cours. Puis, ils se sont rendu compte que le manque de matériel dans les écoles allait causer un vrai souci. Et plutôt que d’y répondre avec du matériel mis à disposition des classes (l’approche classique), les deux initiateurs d’EducIT se sont inspirés d’un modèle éprouvé dans d’autres pays : celui d’équiper les élèves, sur e modèle « 1 to 1 », c’est-à-dire… chacun son appareil.
Adopter l’outil numérique dès qu’il apporte de la valeur ajoutée
Aussi, EducIT a progressivement mis en place en partenariat avec des écoles demandeuses, un modèle d’équipement (généralement un chromebook) des élèves avec intervention modique des parents. Et pour les moins fortunés, un fonds de solidarité a été mis en place avec la Fondation Roi Baudouin. Le tout accompagné d’une formation des professeurs via des techno-pédagogues susceptibles de renseigner les meilleurs outils à utiliser dans le cadre de chaque projet et de chaque cours. L’idée n’étant pas de passer au tout numérique par principe, mais d’adopter l’outil numérique en classe dès qu’il apporte de la valeur ajoutée dans la manière d’enseigner (faciliter la compréhension, augmenter l’interactivité et l’engagement des élèves, etc.).
Il a fallu pas mal se battre pour expliquer la démarche. Pour convaincre qu’il ne s’agissait pas d’une approche mercantile et pour secouer des années de pratiques différentes au sein des écoles, dans les réseaux et auprès des autorités. Pour y parvenir, l’ASBL a pu s’appuyer sur les premiers résultats dans des écoles test qui ont démontré la pertinence du modèle et la satisfaction des professeurs et des élèves. Au fil du temps, EducIT est parvenue à enthousiasmer pas moins de 101 écoles (soit 20% des écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles), à former 8.000 professeurs et à équiper 25.000 élèves. « Il reste encore beaucoup à faire, admet Daniel Verougstraete, mais la mécanique est désormais bien en place et l’on ne voit pas bien ce qui pourrait la freiner dans les années à venir. » En effet, le passage du Covid a démontré l’intérêt d’équiper les élèves et de miser sur le numérique en classe. Et une véritable révolution copernicienne est intervenue dans l’enseignement francophone : la Fédération Wallonie-Bruxelles a totalement adopté la vision et l’approche d’EducIT.
Concrètement, la FWB a décidé, dès 2021, d’implémenter le modèle du « un pour un ». Depuis le début de cette année, elle a décidé d’intervenir à hauteur de 150 euros par élève concerné par un projet d’équipement initié dans son école. Le reste de l’achat du matériel (300 euros au total) étant financé par les parents, sur une période de 3 ans. Au total, la Fédération Wallonie-Bruxelles réservera un budget annuel de 15 millions d’euros pour participer, aux côtés des parents, au financement des machines. Ce budget comprend aussi le paiement des techno-pédagogues qui encadrent les profs ainsi que l’alimentation d’un fonds de solidarité, permettant aux parents moins à l’aise financièrement de procéder à l’achat, au travers du programme dans les écoles participantes.
Désormais, EducIT, à l’origine de toute cette dynamique, ferme boutique avec satisfaction et passe le flambeau aux réseaux et à tous les partenaires qui ont accompagné le projet ces 5 dernières années. « Cela fait deux ans que nous travaillons à passer la main et à veiller à ce que le système lui-même reprenne cette approche positive. On estime que c’est désormais le cas et, c’est avec une énorme fierté d’avoir pu apporter notre approche au monde de l’enseignement que nous nous retirons », ponctuent en chœur Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete.
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