Le patron d’Apple, Tim Cook, a tenu une réunion de près d’une heure avec ses employés pour tenter de les rassurer concernant les plans de l’entreprise vis-à-vis de l’intelligence artificielle. Des produits “incroyables” arrivent, a-t-il promis.
Ce n’est un secret pour personne : Apple accuse un retard conséquent dans la course à l’intelligence artificielle (IA) par rapport aux autres géants de la tech. Un retard qui a suscité des inquiétudes auprès des investisseurs et analystes ces derniers mois, mais aussi de ses équipes. De fait, les départs se sont multipliés au sein d’Apple, au profit des rangs de la concurrence, plus avancée en matière d’IA, mais aussi mieux financée, notamment Meta.
Mais aujourd’hui, le vent semble avoir tourné pour la firme américaine. Son patron paraît, en tout cas, plus confiant et veut convaincre ses employés de la stratégie adoptée.
L’IA ne fait pas tout
En effet, si le retard sur l’IA assombrit le tableau, un peu de recul permet d’observer la bonne santé de l’entreprise. Apple a renoué avec une belle croissance au cours du deuxième trimestre 2025, avec un chiffre d’affaires en hausse de 9,6 %, à 94 milliards de dollars, porté par les ventes d’iPhone, à nouveau en hausse. Les Mac et les services ont également eu le vent en poupe au cours de cette période.
Le retard désormais assumé d’Apple en matière d’IA n’a plus autant d’impact qu’en début d’année, lorsque Tim Cook a été obligé de concéder les difficultés auxquelles faisait face l’entreprise. Il faut dire qu’entre-temps, plusieurs fonctionnalités d’IA attendues de longue date ont été lancées. Quant au déploiement de Siri 2.0, reporté à 2026, l’annonce semble avoir été digérée sans trop de maux de ventre. Si bien qu’aujourd’hui, l’entreprise peut se projeter avec un peu plus d’optimisme.
Apple reprend du poil de la bête
Après l’annonce des résultats, Tim Cook a pris le temps de s’exprimer devant ses employés durant près d’une heure, chose plutôt inhabituelle pour le PDG. Son discours était teinté d’une certaine forme d’humilité, mais aussi d’espoir. Apple a essuyé des revers dans la course à l’IA et a fait des erreurs, mais cela ne veut pas dire que tout est à jeter. D’ailleurs, la firme de Cupertino a de sérieux projets pour cette technologie.
Apple prend l’IA particulièrement au sérieux, a assuré Tim Cook dans son discours. Elle va marquer une révolution “aussi importante, voire plus importante” encore qu’Internet, les smartphones, le cloud computing ou les applications, et Apple compte bien s’en emparer, selon les propos du PDG rapportés par des employés présents auprès de Bloomberg. “Nous allons y investir pour y parvenir.”
A lire aussi | De retards en reports : Apple face à l’urgence de l’IA
Mais le successeur de Steve Jobs a surtout rappelé que la situation n’était pas étrangère à Apple : l’entreprise à la pomme est généralement en retard sur les nouvelles générations prometteuses. “Nous avons rarement été les premiers. Il y avait des PC avant le Mac ; il y avait des smartphones avant l’iPhone ; il y avait de nombreuses tablettes avant l’iPad ; il y avait des lecteurs MP3 avant l’iPod”, a souligné Tim Cook, avant d’ajouter qu’Apple avait en réalité inventé les versions “modernes” de ces catégories de produits. “C’est exactement ce que je ressens à propos de l’IA.”
“Reculer pour mieux sauter”, l’adage insoupçonné d’Apple.
Renverser les géants actuels
Ainsi, si Apple donne l’impression de cumuler du retard, l’entreprise ne manque pas d’ambitions en matière d’intelligence artificielle. Et cela passe notamment par une quête d’indépendance. Une équipe aurait été dépêchée pour travailler sur un projet d’IA particulièrement ambitieux pour la firme, nom de code : AKI pour “Answers, Knowledge, and Information”.
La firme de Cupertino aurait ainsi le projet de prendre du recul vis-à-vis de ses partenaires, dont OpenAI, et de proposer un mix entre ChatGPT et le moteur de recherche de Google sans intermédiaire. Un outil capable de répondre à des questions basiques façon chatbot IA, mais aussi de farfouiller le web pour pointer des contenus pertinents, à la manière de Perplexity, selon les informations de Bloomberg.
Une démarche qui n’est pas surprenante de la part de l’entreprise à la pomme. Cette dernière ne jure que par son écosystème indépendant et ses services développés en interne. Il est assez logique qu’elle cherche à proposer des outils d’IA maison, mais ce ne serait pas la seule motivation de l’entreprise.
Le procès visant son partenariat avec Google pour faire du moteur de recherche de ce dernier celui par défaut de Safari, navigateur web d’Apple, pour quelque 20 milliards de dollars par an, a renforcé son idée qu’elle ne peut reposer sur autrui pour ses services d’IA, sans risquer de nouveaux problèmes judiciaires.
Mais là encore, le problème des compétences limitées d’Apple se pose. Un handicap dont elle a désormais pris conscience. C’est d’ailleurs pourquoi la firme à la pomme se dit ouverte à la possibilité de racheter une entreprise spécialisée dans l’IA. Un moyen pour elle de rattraper son retard tout en évitant la case partenariat. Mais sur qui son choix s’arrêtera-t-il?