Mobilosoft harmonise la communication locale
Après 10 années d’existence et d’adaptations, la société bruxelloise Mobilosoft, qui propose aux grandes enseignes des outils de marketing, vient d’attaquer modestement les marchés américains et australiens. Et envisage son avenir sous le signe de la croissance et de l’internationalisation.
Dans son bureau déserté en raison du télétravail imposé en cette période de confinement, Georges-Alexandre Hanin n’est pas peu fier de nous annoncer que sa firme s’est récemment lancée en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis grâce à un partenariat avec Refinery Lab. Et ce en vue d’apporter des solutions de marketing digital local aux chaînes de commerce en tout genre. Car c’est bien sur ce créneau que Mobilosoft s’est totalement concentrée. Concrètement, la boîte belge propose aux sociétés actives dans le retail ou à toute autre disposant d’une série de points de ventes locaux un outil en ligne pour gérer tous les aspects de leur marketing au niveau local. Qu’il s’agisse des posts sur les réseaux sociaux, des réactions des internautes ou encore des données pratiques (horaires d’ouverture, etc.) sur les cartes géographiques comme Google Maps.
Le siège doit prendre la main sur la communication mais fournir les bons outils aux échelons locaux.
Georges-Alexandre Hanin, CEO de Mobilosoft
Pour les chaînes telles que les grandes enseignes de supermarché, les réseaux bancaires ou les concessions automobiles, le marketing numérique est constitué de deux niveaux: la communication centralisée pour l’enseigne en général, et la communication propre à chaque point de vente. Une problématique pas toujours simple à gérer puisque que, d’une part, les informations sont dispersées et divergentes d’un endroit à un autre, et, d’autre part, les responsables sont différents. Sans compter un certain manque de communication entre les entités. “Cela mène parfois à des situations où chacun communique dans son coin et où les deux niveaux entrent en compétition, observe le boss de Mobilosoft, Georges-Alexandre Hanin. Ce qui implique une déperdition de budget et d’efforts.”
Bibliothèque centralisée de contenus
C’est pour harmoniser la situation et permettre aux grandes enseignes de réussir une communication locale que Mobilosoft a développé une solution en ligne. Un SaaS (software as a service, pour logiciel qui tourne dans le cloud) qui aide les responsables de magasins à tenir à jour leurs réseaux sociaux, à adapter les horaires de la boutique ou à répondre aux commentaires. “Nous pensons que le siège de l’enseigne doit prendre la main sur la communication mais fournir les bons outils aux échelons locaux”, plaide Georges-Alexandre Hanin. L’idée est donc de dresser un cadre global dans lequel les acteurs de terrain peuvent également intervenir. Prenons le cas de figure d’une action foire aux vins au sein d’une enseigne, détaille Georges-Alexandre Hanin. Le siège veut communiquer sur l’action mais seuls les responsables de magasins savent précisément les stocks qui leur restent. Aussi, certains voudront sans doute pousser tel ou tel vin en fonction de leur stratégie locale.”
Les chaînes peuvent donc réaliser une pub nationale au niveau du siège et fournir l’outil de Mobilosoft pour leurs responsables de magasins. Un outil auquel souscrivent les enseignes, au niveau central, mais qui permet donc de gérer, localement, l’ensemble du marketing sur les pages Facebook et les réseaux locaux. Il contient une librairie de templates et de contenus mis à disposition par la centrale. Certains vont même jusqu’à proposer une série de réponses toutes faites à des commentaires agressifs. L’outil SaaS de Mobilosoft est adopté par les sièges sociaux qui paient au prorata du nombre d’utilisateurs et de certains types d’options disponibles. Ce qui, en fonction de la taille des groupes, peut générer des contrats compris entre 1.200 et 70.000 euros mensuels. Mobilosoft avance quelques grands noms comme références: Carrefour, Quick, Burger King, Panos, BNP Paribas Fortis, ING, Axa, etc. Cela lui permettrait, selon Georges-Alexandre Hanin, d’employer 35 personnes, dont 15 détachées à Madagascar (backoffice) et de générer un chiffre d’affaires de plus de 2,5 millions d’euros, dont la majorité en Belgique (60%) et en France (30%).
2,5 millions
En euros, le chiffre d’affaires de Mobilosoft.
Pivots successifs: du service au produit
Mais Mobilosoft, qui aujourd’hui dispose sur la Belgique de 95% de revenus récurrents, n’a pas toujours fonctionné sur base d’une solution software as a service. Quand il s’est lancé voici une dizaine d’années, Georges- Alexandre Hanin, rapidement soutenu financièrement par le business angel Cédric Donck via Virtuology, avait pour ambition de se servir du Web pour amener les consommateurs dans les magasins. A cette époque, alors qu’à peine 30% des Belges disposaient d’un smartphone, Mobilosoft développait des petits sites mobiles qui, sur base de la géolocalisation, affichaient les boutiques les plus proches et partageaient quelques promotions. Mais les développements du Web et l’apparition des sites responsive (c’est-à-dire qui s’adaptent automatiquement au format de l’appareil) ont vidé le business de Mobilosoft de sa valeur ajoutée. Toutefois, la start-up disposait de données intéressantes sur les points de vente et a, dès lors, décidé de les placer sur les cartes géographiques en ligne en plein essor. Elle a aussi développé des store locators, modules permettant aux enseignes d’afficher les positions de leurs magasins. Le premier store locator lancé par Mobilosoft fut celui de l’enseigne Red Market. A l’époque, les enseignes livraient des données en fichiers Excel et des promotions sous forme de folders électroniques. La préhistoire digitale, en quelque sorte, puisque pour pouvoir tenir à jour ces informations sur le Web, cela impliquait une démarche des clients eux-mêmes, à savoir des enseignes. C’est ainsi que progressivement, il y a quatre ou cinq ans, Mobilosoft a développé sa solution technologique et est passée du service au produit. D’agence à développeur de produit, même si son fondateur continue d’insister sur le service apporté au client. Ce qui positionne Mobilosoft de manière atypique sur le marché du marketing digital. D’une part parce que la société évolue dans une niche bien spécifique: le retail local. Ce qui fait que, selon Georges-Alexandre Hanin, la firme n’entre pas en compétition avec les autres agences qui visent les budgets nationaux des enseignes. D’autre part, elle est ni agence, ni 100% produit mais se situe un peu entre les deux.
Confiante dans son positionnement et satisfaite de son activité en Belgique et en France où elle compte une équipe de trois personnes, Mobilosoft entend partir à la conquête de l’international via des partenaires locaux. Pas échaudée par des expériences malheureuses en Israël et en Espagne, Mobilosoft s’attaque aux Etats-Unis et à l’Australie où elle a récemment signé quelques contrats. Elle vise également d’autres pays, notamment au Moyen-Orient et ailleurs en Europe. Fidèle à sa politique de croissance, c’est sans levée de fonds que Mobilosoft compte se déployer mais bien en se reposant sur ses nouveaux contrats. Une croissance raisonnée et “bon père de famille” qui guide l’entrepreneur et son business angel depuis le début.
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