Alors qu’une véritable guerre des talents fait rage au sein des Big Tech américaines, sur fond de course à l’IA, une compétence technique en particulier se démarque — et elle n’a rien de très moderne.
Les ingénieurs ont la cote sur le marché de l’emploi. Certains profils, particulièrement recherchés par les géants technologiques actifs dans le domaine de l’intelligence artificielle, se voient offrir des salaires annuels atteignant plusieurs millions de dollars. Pourtant, la compétence la plus citée dans les offres d’emploi orientées tech n’a rien à voir avec l’IA, mais avec un logiciel vieux de plusieurs décennies : Excel.
C’est en tout cas la conclusion à laquelle est arrivée Course Report, la plateforme de référence dédiée aux bootcamps technologiques, après avoir passé en revue plus de 12 millions d’offres d’emploi publiées sur Indeed.
L’IA à peine mentionnée
La maîtrise d’Excel est arrivée en tête, avec 531.000 occurrences. Un score nettement supérieur à celui de Python (67.000), langage de programmation pourtant essentiel dans le secteur de l’IA, ou encore de SQL (60.000), utilisé pour la gestion de données.
De manière générale, l’expertise liée à l’IA est étonnamment peu évoquée, surtout en comparaison d’Excel, avec seulement 31.000 annonces mentionnant l’apprentissage automatique et 25.000 l’intelligence artificielle.
Son utilisation répandue dans la finance, le marketing, les opérations et la gestion de produits fait de sa maîtrise un prérequis, y compris pour des postes traditionnellement considérés comme non techniques. Pour les chercheurs d’emploi, Excel reste une compétence simple, performante et capable d’ouvrir des portes au-delà du codage.
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Excel, essentiel à la gestion de données
Comment expliquer un tel intérêt pour la maîtrise d’un logiciel sorti pour la première fois en 1985 ? Tout simplement parce qu’Excel est essentiel à l’épine dorsale de l’intelligence artificielle : les données. Sans elles, l’IA n’a rien à exploiter, elle ne peut tout simplement rien faire – du moins, dans le cadre d’une analyse, une compilation ou un résumé de données, par exemple.
Excel est le “terrain de jeu” où les données sont nettoyées, organisées et préparées en vue d’être exploitées ailleurs, notamment dans les outils d’IA.
Mais surtout, au cours de ses 40 ans d’existence, le tableur a su se faire une place de choix dans les entreprises, quel que soit le secteur. Excel est encore aujourd’hui trop ancré dans les habitudes des utilisateurs professionnels pour être abandonné, a expliqué Rajoshi Ghosh, cofondatrice de PromptQL, une licorne technologique qui aide les entreprises à créer des systèmes d’IA sans hallucinations, auprès de Business Insider.
“Ce qui va changer, c’est la manière dont les données sont intégrées à Excel. À mesure que l’IA gagne en maturité, son véritable rôle sera de fournir des données précises et contextuelles directement dans les outils auxquels les utilisateurs font déjà confiance, comme Excel”, a-t-elle ajouté.
Autrement dit, le logiciel de la suite Microsoft 365 a encore de beaux jours devant lui. Sa maîtrise restera une compétence largement demandée par les entreprises, qu’elles soient actives dans l’IA ou non.
Des salaires moins alléchants
Sachant cela, on peut se demander pourquoi les salaires proposés à celles et ceux qui maîtrisent formules et fonctions d’Excel sont largement inférieurs à ceux offerts aux ingénieurs en IA.
Paradoxalement, la maîtrise du tableur reste perçue comme une compétence basique dans la formation professionnelle, alors même que son apport dans la course à l’IA est pour beaucoup insoupçonné.