LN24: un nouvel acteur en guise de sauveur
RMB, la régie publicitaire de la RTBF, pourrait faire son entrée chez LN24 via sa filiale SMS qu’elle possède conjointement avec la société Zelos, fondée par Freddy Tacheny, ancien directeur général de RTL-Belgique. Mais rien n’est encore joué…
C’est un étonnant cocktail qui se prépare, en coulisse, pour venir au secours de LN24. La chaîne d’informations n’est pas en grande forme financière (près de 20 millions de pertes cumulées depuis son lancement en 2019) et son actionnaire majoritaire à 68%, le groupe IPM (La Libre, La DH, L’Avenir, etc.), cherche à renflouer le navire pour assurer son avenir télévisuel.
Ce week-end, nos confrères de L’Echo lançaient un sacré pavé dans la mare en titrant La RTBF envisage une entrée au capital de LN24. ‘‘C’est beaucoup plus subtil que cela, nous confie aujourd’hui l’un des principaux acteurs du dossier. Si le groupe IPM songe effectivement à inviter de nouveaux actionnaires au capital de la chaîne d’infos, la RTBF n’y sera pas vraiment présente.’’ Et c’est même un ancien directeur de RTL Belgique qui sera plutôt à la manœuvre en la personne de Freddy Tacheny, fondateur de Zelos, une société spécialisée dans le management sportif et la production de contenus médias liés au sport.
Drôle de puzzle
Epinglée, la RTBF n’est toutefois pas totalement absente de ce cocktail que certains considèrent déjà comme explosif, étant donné cet étrange rapprochement public-privé. L’entreprise audiovisuelle dirigée par Jean-Paul Philippot détient en effet, à quasi 99%, la Régie Média Belge (RMB) qui n’est autre que la régie publicitaire des différents médias de la RTBF, mais aussi d’autres acteurs privés sur le territoire belge comme AB3, NRJ, Fun Radio ou encore… LN24.
Or, les sociétés RMB et Zelos (détenue par Freddy Tacheny) ont lancé ensemble, en 2019, une filiale commune, Sport & Media Saleshouse (SMS), qui se présente aussi comme une régie publicitaire, mais cette fois orientée sur le sport comme un média à part entière. Le but de SMS est de délivrer des conseils stratégiques, de la création de contenus spécifiques ou encore des activations sur le terrain pour aider les annonceurs à s’illustrer au mieux dans différents événements sportifs, à l’échelle locale ou nationale.
Et c’est précisément SMS qui pourrait bientôt entrer au capital de LN24, comme nous le confirme une source très proche du dossier. L’expertise reconnue de Freddy Tacheny qui fut directeur général de RTL Belgique de 2002 à 2011 et son expérience acquise ces dernières années sur le terrain sportif représentent un double avantage qui pourrait donner un coup de fouet à LN24 en termes de stratégie et de coproduction de contenus.
Implication ‘‘en cascade’’
Sur le papier, tout cela est bien joli et, en coulisse, les discussions vont bon train pour faire monter la société privée SMS dans le capital de LN24. Mais il y a un ‘‘mais’’. Si, concrètement, la RTBF n’entrera pas en tant que telle au capital de la chaîne d’infos, son implication ‘‘en cascade’’ est d’ores et déjà critiquée par la nouvelle majorité MR-Engagés à la Fédération Wallonie-Bruxelles. La coalition azur exige en effet des efforts budgétaires à la Cité Reyers (près de 12 millions d’économie imposées en 2025) et elle verrait d’un mauvais œil la ‘‘participation’’ indirecte de la RTBF dans ce sauvetage financier de l’acteur privé LN24, via sa régie publicitaire RMB (qu’elle détient à quasi 99%) et qui possède elle-même la régie SMS à 50%.
Cette intrusion en ricochet de l’entreprise audiovisuelle de service public est d’autant plus ‘‘touchy’’ que la RTBF a besoin d’argent frais. Or, selon nos informations, la société RMB dispose d’une belle trésorerie disponible à court terme, soit un peu plus de 13 millions de cash en banque et quelque 10 millions sous la forme de placements à court terme (moins d’un an), soit plus de 23 millions d’euros au total. Bien sûr, RMB est une société anonyme (SA) et son rôle ne consiste pas à injecter directement ses bénéfices dans le fonctionnement de la RTBF, mais son éventuelle arrivée chez LN24 via sa filiale SMS pourrait en irriter plus d’un.
Du côté du service public, c’est le silence radio sur ce dossier sensible: ‘‘La RTBF est en attente de connaître la composition de son conseil d’administration pour entamer des discussions sur les projets de la RTBF, quels qu’ils soient’’, répond laconiquement sa porte-parole Axelle Pollet. Selon nos informations, l’administrateur général Jean-Philippe Philippot ne voudrait surtout pas, à ce stade, mettre de l’huile sur le feu dans ses relations déjà très tendues avec le MR, son président Georges-Louis Bouchez et sa ministre des Médias Jacqueline Galant. Affaire à suivre…
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