Après avoir conquis la Chine et les États-Unis, les robotaxis passent la seconde pour s’imposer sur le Vieux Continent. Les acteurs du secteur multiplient les annonces et les partenariats, chacun espérant être le premier à lancer un service commercial en Europe.
Annoncés depuis plusieurs années, les taxis autonomes se font encore attendre en Europe. Le concept de véhicules capables de transporter des passagers sans conducteur est pourtant bien ancré en Chine et commence à s’imposer aux États-Unis. Sur le Vieux Continent, une réglementation plus stricte en matière de sécurité et de responsabilité freine encore leur déploiement. Mais les lignes commencent à bouger.
Depuis quelques mois, les annonces s’enchaînent : les opérateurs de robotaxis multiplient les projets européens, accélérant la course pour être les premiers à proposer une offre commerciale.
La Chine et les USA à la conquête de l’Europe
Mi-octobre, la startup chinoise Pony AI a annoncé un partenariat avec Stellantis pour déployer dès cette année une flotte de Peugeot e-Traveller autonomes au Luxembourg – déjà un laboratoire européen pour la mobilité du futur grâce à un cadre réglementaire favorable.
Quelques jours plus tard, Baidu a répliqué en dévoilant le lancement de ses premiers robotaxis européens en décembre. Sa division Apollo Go testera le service AmiGo en Suisse, en partenariat avec PostBus, avant une ouverture au public prévue pour 2027. Le géant chinois vise aussi le Royaume-Uni et l’Allemagne dès 2026, avec le soutien de Lyft.
De leur côté, Uber et Waymo avancent leurs pions. Uber prépare ses premiers trajets autonomes à Munich puis Londres dès 2026, tandis que Waymo compte entamer ses tests dans la capitale britannique l’an prochain. Londres s’y prête mieux que d’autres grandes villes européennes, du fait qu’une législation spécifique encadrant la conduite autonome y entrera en vigueur en 2027.
2026, l’année des robotaxis en Europe ?
Tous les indicateurs pointent vers 2026 comme l’année de l’expérimentation à grande échelle, prélude à une ouverture plus large en 2027. Mais l’Europe avance prudemment : la conduite autonome de niveau 4, sans intervention humaine, reste interdite en dehors de projets pilotes.
Cette multiplication des tests pourrait toutefois accélérer la création d’un cadre légal commun. Car si Bruxelles tarde à agir, le continent risque de répéter le scénario des voitures électriques, dominé par les acteurs chinois et américains.
Quid de la Belgique ?
Comme ailleurs en Europe, la Belgique en est encore aux balbutiements. Aucun robotaxi ne circule sur la voie publique : les essais se limitent à des zones fermées. Poppy/Ush, filiale de D’Ieteren, teste des véhicules télépilotés dans le port d’Anvers, tandis qu’à Zaventem, une navette autonome transporte le personnel sur le site de l’aéroport.
Plus récemment, De Lijn, en collaboration avec la STIB et le TEC, a lancé un projet de bus autonome entre Louvain et Heverlee, propulsé par la technologie du groupe chinois WeRide. Ces tests, strictement encadrés, s’inscrivent dans un vide législatif : la conduite sans chauffeur reste illégale en Belgique, sauf dérogation.
Une situation regrettable à en croire la princesse Astrid, sœur du Roi Philippe, qui a fait l’expérience de monter à bord d’une voiture Waymo lors d’une mission économique belge en Californie. La princesse a assuré qu’il s’agissait du “moyen de locomotion du futur”, assurant que ce fut “une expérience fantastique”. “On se sent en grande sécurité”, a-t-elle d’ailleurs commenté, rapporte Belga. “Il y avait une voiture qu’on n’avait pas vue et notre véhicule autonome s’est arrêté. Il a aussi attendu pour laisser passer un bus”, a-t-elle illustré.
“J’espère que ça va être déployé en Belgique”, a-t-elle émis le souhait, tout en soulignant la nécessaire “complémentarité entre régulation et innovation”.
Sans harmonisation rapide, l’Europe – y compris la Belgique – risque de regarder passer la révolution des robotaxis depuis le trottoir.