Le retour des baladeurs audio
Alors que l’iPod a définitivement tiré sa révérence, une escouade de constructeurs audio fait de la résistance. Même l’iconique Walkman renaît de ses cendres. Avec une promesse: améliorer la médiocrité de nos streamings musicaux. Suffisant pour raviver la flamme?
Nous sommes désolés de vous le dire: le son de votre téléphone n’est pas très bon. Dans le monde de la téléphonie, la qualité audio n’a tout simplement pas été (et n’est toujours pas) une priorité. On pourrait même dire que la qualité de l’écoute audio générale sur smartphone a, en fait, régressé depuis la suppression quasi universelle de la prise jack 3,5 mm et la dépendance épidémique à l’égard du Bluetooth. Malgré l’avalanche de casques et d’écouteurs sans fil, cette qualité est encore loin d’être “haute résolution”, tant sur le plan technique qu’auditif.
Dès lors, une poignée de fabricants – et non des moindres – visent un nouveau marché. Ou plutôt tentent de ressusciter un objet cliniquement mort depuis l’abandon, en 2014, de l’iPod par Apple. Au début du mois, Sony a annoncé le NW-A306, son premier Walkman numérique et économique (399 euros). Sa promesse: révolutionner l’audio nomade, en rehaussant la qualité d’écoute. Notamment celle du son diffusé en streaming. Cette nouvelle arrive juste après le lancement par Fiio et Astell&Kern de leurs nouveaux baladeurs portables dédiés à l’audio haute résolution. Mais le monde a-t-il les oreilles suffisamment affûtées pour adopter les DAC (pour Digital Analog Converter) portables et autres Walkman haute résolution?
Points forts des nouveaux baladeurs? La lecture de formats musicaux haute résolution souvent ignorés par les smartphones et des composants électroniques de qualité.
A l’image d’Apple qui rangeait définitivement son iPod Touch l’an dernier, la plupart des acteurs tech ont jeté l’éponge des lecteurs MP3. Entretemps, des marques spécialisées comme Astell&Kern, FiiO ou iBasso se sont frayé un chemin auprès des audiophiles avec des Digital Audio Players démarrant aux alentours de 400 à 500 euros et pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros. Points forts face aux smartphones? La lecture de formats musicaux haute résolution souvent ignorés par ces derniers et des composants électroniques capables de rehausser sensiblement la qualité du son. Mais aussi la présence d’amplis casque haute-fidélité et de DAC de qualité qui peuvent littéralement transformer des fichiers musicaux peu ou pas compressés.
Un DAC pour quoi faire?
Le convertisseur numérique analogique (DAC) portable est l’un des marchés qui connaît la plus grande croissance dans le domaine de la technologie audio. Il s’agit d’un petit appareil, souvent semblable à une clé USB, qui sert d’intermédiaire entre les smartphones et les écouteurs (généralement filaires) afin d’offrir une meilleure qualité audio.
Pour celles et ceux qui recherchent une meilleure qualité sonore mais souhaitent garder l’usage de leur smartphone, les DAC portables sont une solution pratique à partir de 200 euros. Comme pour les platines vinyles, il existe des DAC dans toutes les gammes de prix. Certains fabricants se sont fait une spécialité des DAC de qualité et abordables, tels NAD, Cambridge Audio, ou encore Ifi Audio et l’américain Audioquest qui œuvre plutôt dans la catégorie des DAC portables. Dans des strates tarifaires plus élevées, on trouve les marques anglaises Chord avec ses solutions techniques propriétaires ou le plus classique Audiolab, qui propose des produits au sérieux inattaquable.
“L’intérêt d’un DAC portable, c’est qu’il prend le relais du convertisseur pas toujours de grande qualité intégré au smartphone et assure une meilleure conversion du signal sonore pour un résultat final optimisé”, explique Colin Maxted, responsable produits chez Cambridge Audio. En d’autres termes, un fichier en MP3 peu compressé (256 ou 384 kbit/s par exemple) ou, mieux encore, en format sans perte (FLAC, WAV, ALAC, DSD, etc.) sera transfiguré: la bande passante sera agrandie, le son coulera plus naturellement, la scène sonore se déploiera dans l’espace, tout cela sous réserve bien entendu d’utiliser un DAC et un casque de bonne qualité. Ce bond en avant est surtout sensible sur les services d’écoute qui proposent du streaming en qualité Hi-Res (Tidal et Qobuz sont les plus connus).
L’atout du lecteur portable
Alors, pourquoi diable investir dans un lecteur de musique haute résolution? Avec son boîtier en aluminium, ses boutons physiques, son casier à piles et ses curseurs pour le volume, le baladeur à K7 inventé par Sony a sans doute l’air d’une antiquité, aujourd’hui, mais il reste l’icône de la pop culture des années 1980, vendu à plus de 220 millions d’exemplaires.
Seulement, l’histoire montre que Sony n’a jamais réussi à transposer son succès avec le Walkman à cassette dans l’ère numérique. Pourtant, le géant nippon a continué (bien plus tard) à produire des baladeurs numériques, mais en les reléguant à un marché de niche pour audiophiles. Au fil des ans, le châssis du baladeur s’est affiné et la courroie à K7 a laissé la place à des puces électroniques. Le Walkman de l’ère numérique n’a plus rien à voir avec son aïeul. Autonome et connecté, il reprend ce qu’il y a de meilleur dans un smartphone (l’accès au wifi et aux applis, une interface fluide, l’écran tactile, un espace de stockage confortable) mais promet d’améliorer l’écoute des streamings musicaux.
Vendu à 399 euros, le nouveau NW-A306 avance des qualités hardware dédiées au son qui sont difficiles à loger dans un smartphone. Un châssis en aluminium rigide pour stabiliser les basses, des soudures sans plomb contenant de l’or pour clarifier le son, des condensateurs à films et des soudures à refusions (avec de l’or également) pour une meilleure localisation du son…
Capable de lire sans perte l’ensemble des formats audio haute résolution existants (le format DSD, Flac, SBC, AAC, aptx HD, LDAC, High-Res Audio…), l’appareil utilise un moteur sonore DSEE Ultimate alimenté par l’intelligence artificielle. Une première sur ce type de baladeurs qui permet d’améliorer la qualité des fichiers numériques diffusés en streaming. Selon Sara Collura, responsable marketing des smartphones et de la division Personal Audio de Sony Benelux, cet algorithme permet de “restaurer les subtilités acoustiques et la gamme dynamique” pour les fichiers compressés, et offre des améliorations même pour les fichiers audio codés sans perte 16 bits, de “qualité CD”.
D’autres modèles, comme le nouveau Fiio M11S, peuvent même servir de DAC USB et d’émetteurs Bluetooth, vous permettant de contourner le traitement audio intégré de vos autres équipements. Vendu 499 euros, il s’agit d’un lecteur multimédia complet avec une pléthore de sorties filaires et sans fil. Un circuit d’amplificateur de casque sur mesure, développé avec l’aide de THX, promet l’un des planchers de bruit les plus faibles de tous les lecteurs de musique portables.
Autre exemple: le Kann Max d’Astell & Kern (1.499 euros). Un baladeur connecté qui ne fait pas dans la demi-mesure: imposant, luxueux, doté d’une puissance de sortie impressionnante, c’est un beau lingot sonore qui combine aussi bien musicalité et sensation d’équilibre, tout en profitant d’encore plus de puissance (jusqu’à 15 Vrms en mode super). Il est ainsi capable d’alimenter sans limite tous les casques audio du marché, tout en affichant une technicité à la hauteur de bien des produits de salon.
Et c’est peut-être là, le véritable atout de ces appareils: “Ils sont conçus comme un système hifi personnel, si ce n’est qu’ils sont capables de tenir dans votre poche”, torpille Sara Collura de Sony. Dans les cas les plus extrêmes, ils peuvent même rivaliser avec les performances de composants numériques sérieux logés dans des boîtiers beaucoup plus grands, et beaucoup plus chers. A l’instar de l’Astell&Kern Ultima SP2000, un monstre d’audiophilie d’une valeur de 3.399 euros qui, avec un casque haut de gamme, offre une meilleure qualité d’écoute qu’un ensemble hifi à 12.000 euros. Preuve, s’il en est, que le lecteur de musique portable n’a pas dit son dernier mot. Peut-être n’est-il que sur le point de se réveiller, après une longue hibernation.
Le retour du Walkman… en haute définition
Grisé par le succès de ses NW-WM1ZM2 et NW-WM1AM2, des baladeurs ultra haut de gamme qui ne regardent pas à la dépense (3.690 euros et 1.400 euros), le japonais Sony dégaine une version beaucoup plus abordable de son baladeur ultime. Piloté par Android et doté d’un écran tactile de 3,6 pouces, le nouveau NW-A306 prouve que le Walkman n’est pas mort (contrairement à l’iPod). Non seulement il fournit un son de haute qualité, mais il rehausse l’expérience d’écoute grâce à des composants audiophiles qui le démarquent d’un smartphone, même premium. Son noyau nucléaire: l’amplificateur numérique S-Master HX de Sony, conçu pour réduire la distorsion et le bruit sur une large gamme de fréquences, et capable de lire des fichiers 16 bits 44,1/48 kHz sans perte. Il est également compatible avec l’audio haute résolution, le 360 Reality Audio de Sony et le format MQA de haute qualité. Un vrai monstre d’audiophilie, en format de poche. Pour celles et ceux qui recherchent du son haute fidélité, voici sans doute l’écrin parfait. Nomade et très haut de gamme.
Prix: 399 euros.
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