Le patron de Telegram s’en prend à la France pour son inculpation

Pavel Durov, créateur de l'application Telegram. © REUTERS/Albert Gea

Le fondateur et patron de la messagerie Telegram, Pavel Durov, trouve son inculpation en France – en raison de la publication de contenus illégaux sur l’application – “surprenante” et “erronée”.

Dans un long message sur Telegram, sa première réaction depuis son arrestation, M. Durov a trouvé “surprenant” d’être tenu responsable du contenu publié par d’autres personnes. “Utiliser des lois datant de l’ère pré-smartphone pour accuser un PDG de crimes commis par des tiers sur la plateforme qu’il gère est une approche malavisée”, a déclaré le milliardaire de 39 ans.

Il a également dénoncé les affirmations selon lesquelles “Telegram est une sorte de paradis anarchique”, les qualifiant d'”absolument fausses”. “Nous supprimons des millions de messages et de chaînes nuisibles chaque jour”, a insisté M. Durov.

Il a réfuté les accusations de la France selon lesquelles Paris n’avait pas reçu de réponses de Telegram à ses demandes. Il a ainsi affirmé qu’il avait personnellement aidé les autorités françaises à “établir une ligne d’assistance téléphonique avec Telegram pour faire face à la menace terroriste en France”.

Forte hausse des utilisateurs

Adoptant un ton plus conciliant à la fin de son message, M. Durov a reconnu que la forte hausse du nombre d’utilisateurs de Telegram –qu’il évalue maintenant à 950 millions dans le monde– avait généré une situation ayant “permis aux criminels d’abuser plus facilement de notre plateforme”.

“C’est pourquoi je me suis fixé comme objectif personnel de veiller à ce que nous améliorions considérablement les choses à cet égard”, a-t-il déclaré, ajoutant que cette question était analysée “en interne” et que de plus amples détails seraient communiqués à l’avenir.  “J’espère que les événements du mois d’août permettront à Telegram – et au secteur des réseaux sociaux dans son ensemble – de devenir plus sûrs et plus forts”, a encore affirmé M. Durov.

Il a ajouté que si Telegram ne parvenait pas à s’entendre avec les régulateurs locaux sur le “bon équilibre entre la vie privée et la sécurité” alors “nous serions prêts à quitter ce pays”.

Utiliser des lois datant de l’ère pré-smartphone pour accuser un PDG de crimes commis par des tiers est malavisé.

Après quatre jours de garde à vue en France, M. Durov, qui possède des passeports russe, français et émirati, est inculpé pour de nombreuses infractions liées à son application de messagerie et interdit de quitter le pays. Son contrôle judiciaire lourd prévoit également une caution de cinq millions d’euros et un pointage au commissariat deux fois par semaine.

A Moscou, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a averti que ces poursuites contre un “citoyen russe” ne devaient pas “se transformer en persécution politique”.

Parmi les soutiens notoires à l’homme d’affaires, on trouve le lanceur d’alerte américain établi en Russie Edward Snowden ainsi que le magnat de la technologie Elon Musk, qui a publié des posts sous le hashtag #FreePavel. 

Mandats de recherche

Pavel Durov, dont le magazine Forbes estime la fortune actuelle à 15,5 milliards de dollars, a été arrêté à l’aéroport du Bourget, près de Paris, où il était arrivé en jet privé en provenance d’Azerbaïdjan. 

Selon une source proche du dossier, Pavel Durov et son frère Nikolaï, co-fondateurs de Telegram, faisaient l’objet depuis mars de mandats de recherche émis par la justice française dans le cadre d’une enquête préliminaire.

Fondée en 2013, la messagerie Telegram, qui a toujours affirmé respecter les lois européennes, s’est engagée à ne jamais dévoiler d’informations sur ses utilisateurs. 

Une seconde enquête a par ailleurs été ouverte contre le milliardaire pour des “violences graves” commises à Paris sur l’un de ses fils né en 2017, a indiqué une autre source proche du dossier à l’AFP.

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