Le Fairphone, le champion des smartphones “écolos” à la conquête de l’Europe
Après plus de dix ans d’existence et plus de 600.000 modèles écoulés, le fabricant néerlandais Fairphone, dont les smartphones se veulent éthiques et écologiques, veut accélérer sa croissance en Europe, où ses clients restent encore concentrés en Allemagne, France et Pays-Bas.
Depuis sa création en 2013, “Fairphone a prouvé qu’il est possible de créer un marché viable pour l’électronique éthique”, assure à l’AFP Reinier Hendriks, directeur général de Fairphone, en marge du salon mondial du mobile (MWC) à Barcelone.
Le positionnement de l’entreprise est de proposer des smartphones facilement démontables, réparables et durables dans le temps, mais aussi fabriqués de manière “responsable” aussi bien sur les plans sociaux qu’environnementaux selon elle.
“Une grande technologie n’est pas un nouvel appareil photo, ou quelque chose que l’on utilise et que l’on jette. Une grande technologie, c’est quelque chose que l’on peut utiliser pour toujours”, clame ce vétéran de l’industrie des télécoms, nommé à la tête de l’entreprise basée à Amsterdam depuis début février.
Si ses téléphones sont fabriqués en Chine, Fairphone assure veiller aux conditions de travail, ainsi que sur la rémunération des ouvriers. Tout en privilégiant les fournisseurs de matières premières s’approvisionnant en dehors des zones de conflits, et des composants recyclés.
“Plus de 15 millions de tonnes de déchets électroniques sont produits chaque année et l’industrie des smartphones en est la principale responsable. Si nous continuons à utiliser des cycles courts, la quantité de déchets électroniques ne fera qu’augmenter”, déplore M. Hendriks, plaidant pour un “changement d’état d’esprit” dans la fabrication de ces produits.
“David dans un monde de Goliath”
Fairphone a vendu plus de 600.000 de ses smartphones, tous modèles confondus, depuis son lancement, dont plus de la moitié sont encore utilisés aujourd’hui.
“Cela signifie que la durée de vie moyenne (de nos produits) est de 5,5 ans, ce qui est presque deux fois plus élevé que la moyenne de l’industrie”, affirme M. Hendricks.
Profitable pour la troisième année consécutive, selon son nouveau patron, Fairphone a réalisé un chiffre d’affaires de 56 millions d’euros en 2022, en croissance de plus de 50% sur un an.
Mais “il faut que l’entreprise soit plus forte, qu’elle se développe à l’international, qu’elle s’étende au marché entreprises et qu’elle soit beaucoup plus performante en termes de volume, car c’est ainsi que nous comptons notre impact à la fin”, admet Reinier Hendriks.
Alors que son activité se concentre principalement sur trois pays, l’Allemagne (40%), la France (30%) et Pays-Bas (15%), grâce à l’appui des grands opérateurs locaux comme Deutsche Telekom, Orange et KPN, Fairphone veut séduire davantage de consommateurs européens sur d’autres marchés nationaux.
Prochains territoires visés: les pays nordiques (Norvège, Suède, Danemark, Finlande) où “la durabilité est un facteur très important”, la Suisse et l’Autriche, mais aussi le Royaume-Uni, expose Reinier Hendriks.
Quid des Etats-Unis?
“Avant de traverser l’Atlantique, nous voulons vraiment nous assurer que nous avons déjà fait tout ce qu’il fallait pour l’Europe. C’est notre objectif”, répond-il.
Pour atteindre ses objectifs, Fairphone peut s’appuyer sur une levée de fonds de 49 millions d’euros, réalisée début 2023, qu’il compte investir principalement à des fins marketing et de communication.
“Aujourd’hui nous devons prêcher auprès des masses” car “le smartphone est une industrie mondiale de masse” dominée par les géants Apple, Samsung ou encore Xiaomi, insiste Reinier Hendriks.
“Nous sommes très petits, nous sommes restés le David dans un monde de Goliath et les Goliath sont très forts et très grands, donc nous avons encore beaucoup à faire pour nous assurer que notre impact se développe de manière très rapide et durable”, complète-t-il.