La déferlante IA bouscule tout y compris Wall Street

L’edtech américaine Chegg a perdu 50% de sa valeur en Bourse à cause de ChatGPT. © BelgaImage
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

En entreprise, de nombreuses tâches sont déjà automatisées avec l’intelligence artificielle (IA). Une révolution technologique qui débute à peine et bouscule non seulement la gestion des ressources humaines mais aussi le cours des actions.

Ce n’est plus de la science-fiction mais une réalité qui devient chaque jour davantage palpable. L’intelligence artificielle, ChatGPT en tête, ébranle le monde du travail et fait même chuter les cours de Bourse. La semaine dernière, l’entreprise américaine Chegg, spécialisée dans la technologie éducative (tutorat en ligne, location de manuels scolaires, etc.) a vu son action dégringoler de près de 50% à Wall Street. Son patron, Dan Rosensweig, avait en effet reconnu, lors de la présentation de résultats trimestriels décevants, que ChatGPT est désormais devenu un vrai concurrent, au point de faire vaciller Chegg.

Comme pour d’autres géants de l’edtech (le secteur des technologies de l’éducation), le robot conversationnel développé par la société OpenAI a redistribué les cartes des réflexes étudiants: ChatGPT n’est plus seulement une hypothétique menace pour les acteurs bien installés mais un vrai prédateur avec lequel il faudra sans doute composer (via une alliance stratégique? ) sous peine d’être dévoré tout cru ou laissé sur le bas-côté du progrès.

Darwinisme technologique

Inéluctable, ce nouveau darwinisme technologique imposé par l’IA pousse aussi d’autres entreprises extérieures au secteur de l’edtech à revoir leurs plans de croissance. Quelques heures avant le plongeon de Chegg en Bourse, le CEO de la multinationale IBM reconnaissait également la montée en puissance de ChatGPT et ses conséquences sur sa propre entreprise. Selon Arvind Krishna, le géant informatique devrait ainsi remplacer le tiers de ses 26.000 employés administratifs par des programmes d‘intelligence artificielle (IA) dans les cinq ans. Certes, IBM compte au total 375.000 collaborateurs et cette annonce ne concerne donc que 7% de ses effectifs, mais elle est révélatrice des bouleversements qui se préparent sur le marché de l’emploi.

“L’annonce d’IBM ne me surprend pas du tout parce qu’il s’agit de tâches relativement mécanisées et finalement pas très intéressantes, commente Brive Le Blévennec, fondateur de l’agence digitale Emakina et auteur d’un essai futuriste, Visions d’un monde meilleur, censé se dérouler en 2051. Ces tâches peuvent donc être facilement automatisées, surtout avec les algorithmes dont on dispose aujourd’hui. Avec l’IA, il va y avoir un changement profond dans le monde de l’entreprise, comme ce fut le cas avec l’arrivée d’internet. Certains métiers vont disparaître, de nouvelles compétences vont émerger et de nombreux secteurs seront impactés, comme la médecine, les médias, la communication et, surtout, le développement de logiciels.”

Selon une étude récente de la banque Goldman Sachs, quelque 300 millions d’emplois dans le monde pourraient être remplacés par l’automatisation informatique et l’intelligence artificielle dans les prochaines années. De nouveaux métiers verront toutefois le jour pour entretenir et développer les outils de l’IA. Une technologie qui pourrait aussi stimuler la productivité mondiale: selon Goldman Sachs, ChatGPT et consorts devraient doper le PIB mondial annuel de 7%.

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