Avec Gemini 3, Google mise sur la consolidation et l’intégration totale plutôt que la course à la surenchère. Un modèle d’intelligence artificielle (IA) que le géant de la recherche annonce comme plus sûr, plus nuancé et désormais omniprésent dans ses produits.
Avec Gemini 3, Google ouvre un nouveau chapitre de sa stratégie d’intelligence artificielle. Le groupe semble désormais rattraper un retard qu’il s’était lui-même imposé, alors même qu’il est à l’origine d’une partie de la technologie qui a rendu possible la révolution actuelle de l’IA LLM (Large Language Model). L’architecture Transformer, développée dans ses laboratoires en 2017, en est l’exemple parfait. À l’époque, Google a fait le choix de placer cette avancée en open source et de ne pas l’exploiter directement dans ses produits. Le moteur de recherche devait rester irréprochable, et il était impossible d’y intégrer un modèle pas abouti et susceptible d’halluciner. OpenAI, petite structure sans contrainte de marque, s’est engouffrée dans cet espace, bâtissant son ascension sur des technologies ouvertes.
La dynamique semble aujourd’hui s’inverser. Là où OpenAI donne le sentiment de courir vers une forme de superintelligence pour conserver son avance, Google déploie une stratégie plus méthodique. Le groupe cherche à consolider ses modèles, les sécuriser et surtout les intégrer partout, immédiatement. Gemini 3 n’est pas seulement un modèle, il devient le socle par défaut de la plupart des services du groupe. Il est désormais actif dans le moteur de recherche via le nouveau mode IA, mais aussi dans l’application Gemini, dans Google Workspace, dans YouTube, dans Chrome, dans les outils développeurs et dans l’offre cloud. Google n’attend plus, il implémente.
Une IA sans « cliché ni flatterie »
Sur le plan technique, Google annonce que Gemini 3 marque un saut en matière de raisonnement. Le modèle comprend mieux l’intention derrière une requête, résout des problèmes complexes et synthétise des informations provenant de multiples formats. Ses réponses sont plus directes, moins formatées, davantage utiles pour la prise de décision. Sur son site, Google précise que « Gemini 3 apporte un niveau de profondeur et de nuance inédit à chaque interaction. Ses réponses sont intelligentes, concises et directes. Elles délaissent les clichés et la flatterie au profit d’une véritable perspicacité, en vous disant ce que vous avez besoin d’entendre, et pas seulement ce que vous voulez entendre ».
Les progrès sont aussi significatifs dans les capacités agentiques. Le modèle offrirait une meilleure planification sur le long terme, une fiabilité accrue dans l’utilisation d’outils et une capacité à gérer de bout en bout des tâches complexes, comme l’organisation d’une boîte mail ou la réservation de services. Google accompagne cette évolution avec Antigravity, sa nouvelle plateforme agentique, où les modèles peuvent planifier, coder et valider des applications de manière quasi autonome.
Gemini 3 franchit également un palier en multimodalité, grâce à une meilleure compréhension des images, vidéos, données spatiales ou documents volumineux, soutenue par une fenêtre contextuelle d’un million de tokens. Cela ouvre la voie à des usages pédagogiques, analytiques ou créatifs beaucoup plus riches.
Niveau doctorant
Sur le plan technique, Gemini 3 marque un saut en matière de raisonnement. Il ne s’agit plus seulement de mémorisation, mais d’une capacité à raisonner en profondeur, comme l’attestent ses résultats sur les nouveaux tests. Le modèle a notamment été évalué sur le “Humanity’s Last Exam” (HLE), un benchmark conçu pour simuler des examens de haut niveau et complexes, où il démontre une performance comparable à celle d’un doctorant dans des domaines interdisciplinaires.Pour les développeurs, le modèle pousse plus loin le “vibe coding” avec la génération d’interfaces web complexes, une interaction plus fluide avec un terminal, la correction automatisée de code, et une intégration immédiate dans AI Studio, Vertex AI, Gemini CLI et plusieurs environnements tiers.
Enfin, Google insiste sur la sécurité en annonçant son modèle le plus robuste à ce jour, mieux protégé contre les injections de prompts, les manipulations et les détournements cybernétiques.
Avec Gemini 3, Google ne se contente plus de fournir un modèle performant. Il l’installe au cœur de son écosystème. Une approche plus pragmatique et plus industrielle que celle de certains concurrents, qui pourrait lui permettre de réaffirmer un rôle plus central dans l’économie de l’IA.