HBO Max sous pavillon Netflix ? Un séisme pour le marché du streaming

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Le marché du streaming entre dans une nouvelle phase de consolidation, portée par la stagnation du nombre d’abonnés, la hausse des coûts de production et les difficultés financières croissantes des studios traditionnels. Mais un évènement pourrait bien venir rebattre les cartes avec le rachat de HBO Max par le mastodonte Netflix. Une possibilité qui ferait basculer les rapports de force et redessinerait durablement l’écosystème du divertissement.

Rien ne va plus pour Warner Bros. Discovery. Le géant hollywoodien – propriétaire de nombreuses chaînes de télévision, mais aussi de HBO et HBO Max – traverse une crise profonde. Une situation qui ne date pas d’hier : elle découle d’une stratégie fondée sur des acquisitions coûteuses et des rebrandings successifs, qui n’ont jamais produit les résultats escomptés. Résultat : le groupe ploie aujourd’hui sous une dette colossale qu’il ne parvient plus à résorber.

La décision, en juin dernier, de scinder l’entreprise en deux entités distinctes – d’un côté les studios de cinéma et les activités de streaming, de l’autre les chaînes de télévision linéaires – illustre l’ampleur des difficultés rencontrées. Une proie facile.

Plusieurs prétendants se seraient positionnés pour racheter tout ou partie du groupe. Selon le New York Times, Paramount aurait déjà formulé plusieurs offres non sollicitées (toutes rejetées), tandis que Comcast (NBCUniversal) et Netflix suivraient également le dossier de près, avec une attention toute particulière pour le service de streaming HBO Max.

Un trésor de franchises convoité

Mettre la main sur les studios et l’activité streaming représenterait une opportunité exceptionnelle pour n’importe quel acteur du secteur. HBO et HBO Max détiennent en effet quelques-unes des franchises les plus lucratives et les plus populaires de l’histoire du divertissement : Harry Potter, Game of Thrones, The Last of Us, sans oublier Friends, véritable poule aux œufs d’or depuis plus de trente ans.

On comprend donc pourquoi les candidats sont nombreux à se presser à la porte de la Warner. Et le fait que le groupe a déjà rejeté plusieurs offres de Paramount suggère qu’il n’est pas en odeur de sainteté. Comcast, avec ses chaines de télévision, mais surtout ses studios de cinéma (Universal Pictures, DreamWorks Animation), en fait un bon candidat, mais Netflix, en tant que géant du streaming, aussi.

Celui qui parviendra à mettre la main sur les studios et l’activité streaming de Warner Bros. pourra dès lors choisir entre plusieurs options pour gérer HBO Max :

  • maintenir le service de streaming comme une offre indépendante.
  • créer une offre « bundle » combinée avec un abonnement – dans le cas de Paramount+ ou Netflix.
  • ou absorber totalement la plateforme pour n’en faire qu’une seule et unique destination.

Cette dernière option pourrait considérablement renforcer l’attractivité et la puissance d’une plateforme de streaming sur un marché ultra-concurrentiel.

Quant à l’autre entité issue de la scission, Global Networks – qui regroupe les chaînes linéaires et les activités sportives –, sa valeur stratégique apparaît déjà plus incertaine, au vu du déclin inexorable de la télévision traditionnelle. Mais Paramount s’est montré intéressé.

L’écueil réglementaire

Rien n’est joué pour autant. Quel que soit l’acquéreur, l’opération devra obtenir l’aval des autorités américaines. Plusieurs membres du Congrès ont déjà exprimé leur inquiétude : un rachat des actifs de Warner par un acteur déjà dominant pourrait sérieusement menacer la concurrence sur le marché du divertissement.

Ainsi, dans le cas d’une acquisition par Netflix, le géant du streaming, dopé au catalogue HBO Max, deviendrait quasiment inarrêtable. Même chose pour Paramount et son service de streaming, mais il verrait également sa présence grimper à Hollywood, du fait qu’il possède déjà des studios. Même chose pour Comcast.

Les prochaines semaines devraient s’avérer intéressantes sur le marché du streaming, puisque Warner a indiqué vouloir trouver un accord d’ici la fin de l’année, indique le New York Times.

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