GP Explorer de Squeezie : l’événement qui a fait basculer YouTube dans le monde réel

Getty Images

Clap de fin pour le GP Explorer de Squeezie. Du moins, sous cette forme. Après trois éditions, la course de Formule 4 rassemblant des personnalités d’Internet a pris fin ce dimanche, aux termes d’un événement de trois jours, non sans marquer les esprits, mais surtout brouillé un peu plus les frontières entre YouTube et télévision.

Avec 200 000 visiteurs rassemblés en trois jours sur le circuit Bugatti du Mans (Sarthe), un pic de 1,4 million de spectateurs sur Twitch et, surtout, une retransmission en direct sur France Télévisions, la troisième et ultime édition du GP Explorer s’est clôturée en beauté. Un événement qui restera, à n’en pas douter, dans les annales tant la compétition imaginée en 2022 par Lucas Hauchard, alias Squeezie – deuxième YouTubeur de France –, a pris de l’ampleur à chaque édition.

Une dizaine de concerts (Vald, Theodora, Vladimir Cauchemar), des animations et des surprises pour le public, sans oublier le passage de la Patrouille de France : le GP Explorer “The Last Race” a certainement dépassé les attentes des 200.000 fans venus spécialement en Pays de la Loire pour assister à l’affrontement de 24 personnalités d’Internet, françaises et internationales. Parmi elles : Squeezie, bien sûr, mais aussi Gotaga, Djilsi, Mister V, Maghla, Baghera Jones ou encore le rappeur SCH. C’est finalement le streamer espagnol Karchez qui a décroché le trophée, devant Kaatsup et Maxime Biaggi.

Un événement coûteux

Né en 2022, le GP Explorer n’a cessé de grandir au fil de ses trois éditions. Il faut dire que Squeezie et son équipe ont mis les moyens pour tenir la promesse d’organiser une course entre créateurs de contenu faite lors de l’événement caritatif Z Event 2020 et d’offrir un véritable spectacle, digne des compétitions automobiles traditionnelles.

Le YouTubeur avait confié qu’entre 3 et 4 millions d’euros avaient été investis pour la première édition. Pour cette « Last Race », les coûts ont sans doute été plus élevés, au vu des infrastructures : scènes de concert, grande roue, manège…

Si Squeezie a investi de sa poche, il a pu compter sur de nombreux sponsors dépassant largement la sphère Internet : Netflix, Samsung, JBL Quantum, Lego, Oral-B, Subway, Erborian, entre autres.

Au total, plus de 50 marques se sont associées à l’événement – davantage que pour le Tour de France – rassurées par le succès et la portée des deux premières éditions. Pour elles, c’était l’occasion d’atteindre un public qu’elles n’atteignaient pas forcément.

À cela s’ajoutent les droits de diffusion versés par France Télévisions, qui a retransmis les qualifications et les essais sur France 4 et sa plateforme France.tv vendredi et samedi, puis la course en direct sur France 2 dimanche.

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Un format pensé pour le web… et la TV

Le potentiel de visibilité ne se limite pas aux trois jours de l’événement. Fort de plus de dix ans d’expérience sur YouTube, Squeezie connaît parfaitement les codes du web et sait capter l’attention. Le GP Explorer 3 a ainsi bénéficié d’une campagne de communication soignée des mois avant l’événement : teasing, contenus partagés par les pilotes et influenceurs invités… De quoi faire monter l’engouement et élargir encore le public, mais surtout rassurer les sponsors.

L’exposition ne s’arrête d’ailleurs pas avec la course, puisque, personnalités du web oblige, la plupart des participants publieront des vidéos sur les coulisses de leur entraînement.

Mais la diffusion en direct sur France 2 est sans doute l’un des marqueurs les plus significatifs de l’évolution du “youtube-game” : elle confère une légitimité nouvelle à l’événement et, plus largement, à la création en ligne. « On peut y voir une professionnalisation, une consolidation du marché de la création », observe Damien Renard, professeur en communication à l’UCLouvain, cité par L’Echo.

L’envers du décor : la question écologique

Le GP Explorer a aussi permis aux fans de rencontrer « en vrai » leurs idoles d’Internet et de fédérer une communauté souvent cantonnée aux échanges virtuels. De plus, la diversité des activités proposées sur place fait que l’événement peut parler à tout le monde. Ce n’est pas que du sport, c’est aussi et surtout du divertissement, comme sur YouTube finalement.

Mais certains pointent l’empreinte environnementale d’un événement de cette ampleur : au-delà des trois jours de course, les participants – qui roulent à des vitesses élevées – doivent s’entraîner longuement, impliquant de nombreux déplacements.

Sans compter les trajets des pilotes venus d’Espagne (Ander, Karchez), des États-Unis (Ludwig, Michael Reeves), du Québec (Cocottee), et des 200.000 spectateurs et exposants qui se sont rendus sur place. Autant d’allers-retours qui alourdissent le bilan carbone de la manifestation.

Squeezie avait d’ailleurs été fortement critiqué pour cela. Critiques auxquelles il avait partiellement répondu, notamment en soulignant le fait que les monoplaces utilisées lors du GP Explorer roulent à l’éthanol, une alternative aux carburants plus polluants, mais aussi en faisant la promotion des moyens de transport alternatifs pour se rendre au circuit. Il avait également indiqué que plusieurs solutions avaient été envisagées, notamment une organisation sur trois circuits, mais que pour des raisons écologiques, mais aussi logistiques, un événement de trois jours sur un seul circuit était la plus logique pour tout un tas de raisons.

Et après ?

En trois éditions seulement, le GP Explorer est passé du pari audacieux d’un youtubeur à un rendez-vous majeur mêlant compétition automobile, spectacle et stratégie marketing. Squeezie a finalement démontré le pouvoir d’attraction des créateurs de contenu lorsqu’ils investissent le monde réel. Et cette troisième édition a montré que le concept plait toujours autant, mais le Français l’a dit et ne semble pas avoir changé d’avis à ce sujet : il s’agissait de la dernière édition, “The Last Race”, mais cela ne veut pas dire que Squeezie en a fini du sport automobile, de même que les compétitions du style.

Le youtubeur a en effet indiqué préparer un nouveau gros projet pour 2026-2027. Squeezie pourrait bien lancer une véritable écurie de pilotes automobiles professionnels, à l’image de son équipe d’e-sport Gentle Mates. Il souhaiterait en effet sélectionner les meilleurs pilotes de simulation et financer leur formation au volant. De quoi promettre du grand spectacle sur YouTube, mais aussi, pourquoi pas, sur circuits, auprès de pilotes professionnels.

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