e-peas et Tricount, start-up primées en Wallonie
Déploiement commercial fort, expansion internationale remarquable ou poursuite d’un développement technologique de pointe. Voilà les critères que l’Agence wallonne du numérique a voulu récompenser à l’occasion de sa remise de prix annuelle à l’écosystème des start-up.
Shake. Secouer la Wallonie : voilà le nom de la grand-messe annuelle organisée par l’Agence du numérique dans le cadre du plan Digital Wallonia. Pas moins de 600 personnes se sont rassemblées, la semaine passée, pour fêter les développements numériques de la Région et pour découvrir les prochains axes de développement de la stratégie Digital Wallonia. A cette occasion, la Région wallonne a célébré ses start-up. Outre un prix spécial décerné à Odoo pour son incroyable parcours depuis sa création (la ” start-up ” compte plus de 500 collaborateurs ! ), deux jeunes pousses ont été primées. Les voici.
Fondée dans le giron de The Faktory, structure de financement et développement de start-up mise en place par Pierre L’Hoest (ex-EVS), e-peas compte parmi les start-up technologiques les plus prometteuses de Wallonie. En atteste le prix Digital Wallonia de start-up de l’année. L’activité d’e-peas ? Issue des labos TIC de l’UCL, elle a développé depuis 2013, des microsystèmes qui permettent de diminuer la consommation des objets connectés. “Nous avons mis au point plusieurs gammes de produits, détaille Geoffroy Gosset, fondateur et CEO d’e-peas. La gamme que nous avons déjà sur le marché fait de la récupération d’énergie, une activité pour laquelle on dispose de quatre produits vraiment actifs.” Le terrain de chasse de ces systèmes de récupération d’énergie ? Le créneau en plein boum de l’Internet des objets. Cette solution innovante imaginée par e-peas promet de réduire l’énergie des objets connectés et donc d’allonger la durée de vie des batteries, un enjeu important pour tous les fabricants de ce type d’objets.
Le concept a d’ailleurs séduit une série d’industriels et de fonds de renom entrés dans son capital en septembre 2017 à hauteur de 3,5 millions : Airbus, JCDecaux, Partech et Semtech. Cela lui a permis de développer des nouveaux produits (commercialisés à partir de 2019 pour certains) et d’étoffer son équipe, passée de 4 à 15 personnes en un peu plus d’un an. “Aujourd’hui, l’équipe est bien renforcée grâce à la levée de l’été 2017, se réjouit Simon Alexandre, general manager de The Faktory. Et c’est assez impressionnant de voir que les plus grands noms de l’industrie mondiale sont en discussion avec e-peas pour intégrer les technologies de récupération d’énergie dans leurs produits. ”
Car la jeune pousse ne vise pas le marché des objets connectés à destination du consommateur. Son coeur de cible est le monde industriel. Les puces d’e-peas ont déjà été intégrées dans des traqueurs pour bétail ou des systèmes de géolocalisation d’objets en intérieur. Et des tas d’autres applications seront effectives dans les mois qui viennent. C’est que les cycles de vente dans l’industrie sont longs : ” Environ 18 mois, atteste le CEO d’e-peas. Par contre, il s’agit de produits à destination du monde professionnel qui ont une durée de vie bien plus longue “. Le pari d’e-peas est bien sûr de multiplier les produits dans lesquels ses produits sont intégrés. Pour cela, elle souhaite en proposer toute une gamme : aux systèmes de récupération d’énergie viendront s’ajouter, par exemple, des micro-contrôleurs basse consommation et des capteurs d’images à très basse consommation. Des produits déjà en développement. C’est que la start-up a besoin de volumes : les puces se vendent entre 1 et 3 dollars. Mais le marché est naissant (e-peas n’en vend “que” plusieurs “centaines de milliers” pour le moment), mais la firme basée à Mont-Saint-Guibert entend bien l’occuper. Elle a déjà introduit pas moins de neuf brevets, qui devraient lui assurer une longueur d’avance par rapport à la concurrence. Car les besoins des clients en matière de consommation faible des batteries pourraient attirer du monde sur le créneau. Les géants des microprocesseurs disposent parfois de solutions mais ne les poussent pas vraiment, d’après Geoffroy Gosset. “Ce qui nous a permis de prendre de l’avance technologique”, se réjouit le boss d’e-peas.
Récompensée de l’Acceleration Award, Tricount se présente comme une start-up fintech qui fait du social. Concrètement, elle permet aux groupes d’amis, aux couples et aux familles de gérer leurs comptes. Toute une famille se partage l’organisation d’un repas de Noël ? On indique les dépenses de chaque participant dans Tricount et, à la fin, l’application détermine qui doit de l’argent à qui. Ce service proposé pour résoudre les petits tracas de comptabilité au quotidien séduit énormément de gens : Tricount ne dévoile plus son nombre d’utilisateurs, mais on parle de plusieurs millions de téléchargements et d’utilisateurs. Aussi, selon AppAnnie qui étudie l’utilisation des applis mobiles, Tricount apparaissait cet été sur la troisième marche des appli financières les plus utilisées en France, derrière le Crédit Agricole et Paypal !
Le projet, initié en 2011, n’a été formalisé sous forme d’une entreprise qu’en 2015. Mais depuis, les choses se sont fortement accélérées. La start-up a levé quelque 500.000 euros auprès de BelCube, la structure mise en place par Grégoire de Streel et Jean-Guillaume Zurstrassen pour investir dans les jeunes pousses du numérique. Et le nombre utilisateurs n’a cessé de croître, y compris hors de nos frontières.Reste qu’à ce stade, ce succès d’audience ne lui rapporte pas vraiment d’argent. Il est, certes, possible aux utilisateurs de prendre quelques packs payants (freemium) et quelques publicités s’affichent sur Tricount, mais cela reste anecdotique, ou presque. Disons que cela lui permet, en plus de sa première levée de fonds et d’un prêt de 100.000 euros auprès du W.IN.G, de faire tourner la start-up de six personnes. Mais Tricount, qui a une ambition globale, doit encore mettre en place la manière de monétiser son produit. ” Pour une société en forte croissance comme la nôtre, détaille Michael Renous, CEO de Tricount depuis avril 2018, l’enjeu est de déterminer quel est le moment pour monétiser. Il faut, selon moi, laisser passer le temps de la croissance, veiller à ce que les utilisateurs soient totalement satisfaits, puis mettre en place le modèle. ” Bien sûr, l’équipe de Tricount sait déjà où elle va. En 2017, la start-up a ainsi noué des partenariats avec Bancontact et Paypal. Objectif ? Permettre aux utilisateurs de réaliser les remboursements rapidement et simplement grâce à ces partenariats. Et il nous revient que Tricount annoncera dans les prochains jours un partenariat avec un acteur français du paiement pour initier la même démarche sur le marché hexagonal. Ces partenariats laissent entrevoir le business que compte faire Tricount : offrir des services supplémentaires à ses utilisateurs. Ceux-ci ne paieront pas : l’idée de Michael Renous et son équipe consiste à proposer à ses partenaires un accès (payant) à son audience.
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