Google accepte de signer le Code européen de bonnes pratiques sur l’IA, contrairement à Meta. Un choix stratégique qui illustre les tensions autour de la régulation technologique.
Le Code de bonnes pratiques de l’IA à usage général (GPAI) de l’Union européenne, présenté au début du mois, continue de diviser les géants technologiques américains. Contrairement à Meta, qui a refusé d’y adhérer, Google a annoncé qu’il le signerait, rejoignant ainsi OpenAI. Une scission est-elle en train de s’opérer entre les leaders de l’intelligence artificielle ?
Un cadre non contraignant, mais stratégique
Ce Code n’a pourtant rien d’obligatoire. Il s’agit d’un guide destiné à accompagner les entreprises dans leur mise en conformité avec la future législation européenne sur l’IA. Son adhésion est volontaire, mais offre des avantages : les signataires bénéficieront d’une plus grande liberté juridique lorsque la réglementation de l’UE sur l’IA à usage général entrera en vigueur le 2 août. Les autres seront exposés à un contrôle renforcé.
Une rare fracture entre titans américains
La prise de position de Google, en opposition à celle de Meta, est intéressante, car elle marque une rare divergence au sein des géants technologiques américains. D’un côté, une entreprise accepte de se plier aux exigences de Bruxelles ; de l’autre, une concurrente refuse, créant ainsi une fracture potentielle dans les stratégies d’adoption de l’IA entre acteurs majeurs.
Une rupture qui est en réalité de surface, car les deux Big Tech partagent une vision similaire de l’approche de l’UE vis-à-vis de l’IA.
Google signe… mais reste méfiant
Malgré son adhésion, Google a en effet exprimé certaines réserves. “Un déploiement rapide et généralisé est important”, a déclaré Kent Walker, président des affaires mondiales de Google, sur le blog de l’entreprise. Il a souligné que l’adoption de l’IA pourrait stimuler l’économie européenne de 1.400 milliards d’euros par an d’ici 2034.
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Mais il a également fait part de ses inquiétudes : “Nous restons préoccupés par le fait que la loi et le code sur l’IA risquent de ralentir le développement et le déploiement de l’IA en Europe.” Il a notamment mis en avant les risques liés aux restrictions sur le droit d’auteur, aux lenteurs d’approbation ou encore aux exigences susceptibles d’exposer des secrets commerciaux. Selon lui, ces éléments pourraient “freiner le développement du modèle européen et nuire à la compétitivité de l’Europe”.
Meta isolé dans sa contestation
Cette fracture apparente pourrait finalement profiter à Bruxelles. Le caractère non contraignant du Code a peut-être facilité son acceptation par Google et OpenAI, mais rien ne dit encore que les deux prouveront leur bonne foi avec des actes. L’UE devra rester attentive.
Dans tous les cas, Meta se retrouve isolée. Si elle espérait que d’autres se joignent à elle pour faire pression sur l’UE, c’est raté. Sa capacité à peser sur le cadre réglementaire à venir est, de fait, réduite et sa prise de position l’a certainement déjà desservie auprès de la Commission européenne.