Malgré deux tentatives de reprise, l’entreprise française créatrice des robots Nao et Pepper est liquidée. Les 106 salariés restants seront licenciés d’ici la mi-juin. En cause : le désengagement de son actionnaire principal et une stratégie recentrée sur la distribution.
À l’heure où les robots humanoïdes deviennent de plus en plus bluffants, et pourraient bientôt s’appuyer sur les progrès de l’IA pour enfin s’imposer sur le marché des entreprises — puis sur celui de l’accueil, voire des particuliers — les difficultés d’Aldebaran ressemblent à une grosse erreur de timing.
Le couperet est tombé : le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire d’Aldebaran, l’un des pionniers de la robotique humanoïde (fondée il y a 20 ans) et figure de proue de la « French Tech ». L’entreprise s’était fait connaître avec ses deux petits robots sympathiques, Pepper et Nao. La liquidation s’accompagne du licenciement économique des 106 derniers salariés. Ils étaient encore 170 en début d’année, et près de 400 à la grande époque.
La procédure s’inscrit dans une lente agonie. Placée en procédure de sauvegarde en janvier, puis en redressement judiciaire dès février, la société n’a pas trouvé de repreneur solide. Rachetée en 2012 par le fonds japonais SoftBank, elle avait été revendue en 2022 au groupe allemand United Robotics Group, qui n’a plus injecté un centime dans le pionnier bleu-blanc-rouge des petits robots.
La descente aux enfers d’Aldebaran s’explique surtout par son incapacité à trouver un véritable marché. Certes, ses robots ont séduit de nombreux observateurs. Sur les salons du monde entier, des personnalités se sont fait photographier aux côtés de ces compagnons attachants. Mais les ventes, depuis 20 ans, n’ont jamais été à la hauteur des ambitions… ni des investissements en R&D.
Jamais ces petits robots n’ont vraiment trouvé leur place dans les entreprises. Pepper, par exemple, permettait un accueil interactif via son écran et ses capacités de dialogue, avec des usages ciblés dans l’événementiel, les halls d’entreprise ou d’hôtels, voire dans certains centres pour personnes âgées. Mais leurs prix (entre 7.000 et 12.000 euros pour les modèles les plus complets, 1.500 euros pour la version la plus simple) ont sans doute découragé plus d’un acheteur. Surtout pour des usages encore trop limités.
Aldebaran a peut-être simplement eu raison… trop tôt.