Google affirme avoir franchi une étape décisive dans la course mondiale à l’informatique quantique. Son nouvel algorithme, baptisé Quantum Echoes, fonctionnerait 13 000 fois plus rapidement que les superordinateurs les plus puissants du monde.
Développé pour la puce quantique Willow, dévoilée fin 2024, cet algorithme marque une avancée majeure dans la capacité des machines à traiter des problèmes jusque-là hors de portée, notamment dans la conception de médicaments, l’amélioration des batteries ou le développement de solutions énergétiques propres. “L’algorithme Quantum Echoes a démontré qu’il est 13 000 fois plus rapide que les meilleurs algorithmes classiques, explique Google dans un communiqué. Pour garantir la précision, l’équipe de Google a passé des années à tester et à challenger le système, un processus appelé « red-teaming », afin de s’assurer que les résultats sont fiables et vérifiables par d’autres ordinateurs quantiques.
Si l’annonce de Google marque une étape importante, elle s’applique pour l’heure à un type précis de calcul, réalisé dans des conditions expérimentales exigeantes sur des des équipements hors de portée du secteur industriel . L’algorithme Quantum Echoes constitue avant tout une preuve de concept prometteuse, qui confirme le potentiel du calcul quantique sans encore le rendre exploitable à grande échelle.
Une accélération mondiale de la recherche
L’annonce de Google intervient dans un contexte d’effervescence scientifique et industrielle. Depuis deux ans, la recherche quantique s’intensifie sous l’impulsion des géants du cloud et d’un nombre croissant d’acteurs privés. Microsoft a présenté une technologie fondée sur un nouvel état de la matière, tandis qu’IBM a inauguré en Allemagne son premier centre de données quantiques européen, accessible à plusieurs entreprises et instituts de recherche.
A LIRE: Informatique quantique : la révolution est-elle plus proche qu’on ne le pense ?
Pour rappel, l’informatique quantique repose sur un principe radicalement différent des ordinateurs classiques : les qubits, unités de base du calcul quantique, peuvent exister dans plusieurs états à la fois, grâce à la superposition et à l’intrication. Ce principe ouvre la voie à des vitesses de calcul exponentielles, capables de traiter simultanément des millions de combinaisons possibles.
Parmi les domaines les plus prometteurs figure la chimie moléculaire. Grâce à une approche inspirée de la résonance magnétique nucléaire (RMN), Quantum Echoes permettrait de cartographier des molécules beaucoup plus complexes. Ce progrès pourrait accélérer la découverte de traitements ou la conception de matériaux plus performants pour les batteries et les panneaux solaires.
Au-delà de la recherche, les perspectives économiques sont considérables. Le secteur financier espère affiner ses modèles de prévision, tandis que les acteurs de l’énergie et de la logistique misent sur l’optimisation à grande échelle. Selon le philosophe Anders Indset, “nous entrons dans une course à l’efficacité” où la combinaison de l’intelligence artificielle et du calcul quantique pourrait transformer tous les secteurs, de l’industrie à la mobilité.
Un potentiel immense, mais encore fragile
Les défis techniques restent immenses : stabilité des qubits, correction d’erreurs, sécurité des données. Le physicien Alain Aspect, prix Nobel 2022, le rappelait récemment : “L’ordinateur quantique idéal n’existe pas encore.” Google estime toutefois que des applications concrètes verront le jour d’ici cinq ans.
En attendant, les titres du secteur s’envolent à Wall Street.