Affaire RMB-France Télévisions: la RTBF vertement critiquée par les médias privés

Le ciel s’est assombri au-dessus de Reyers après l’arrivée de la majorité MR-Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Frederic Brebant
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances 

Suite à l’annonce de la régie publicitaire de la RTBF de monétiser les audiences des chaînes France 2, France 3 et France 5 sur le territoire belge, les médias privés belges francophones montent au créneau et demandent à la ministre francophone des médias de suspendre immédiatement cet accord de commercialisation.

Après l’annonce de RMB, la régie publicitaire de la RTBF, d’un nouvel accord de partenariat avec le groupe France Télévisions qui l’autorise à commercialiser les espaces publicitaires des chaînes France 2, France 3 et France 5 sur le territoire belge, il n’aura pas fallu attendre longtemps avant qu’une communication des médias privés belges francophones émerge officiellement.

Dans un long communiqué signés conjointement par les éditeurs Rossel (Le Soir, Sudinfo,…), IPM (La Libre, La DH, L’Avenir,…), le groupe RTL Belgium et NGroup (Nostalgie, NRJ,…), ces médias privés ont fait part de leur indignation à l’égard de la RTBF et de sa régie publicitaire.

‘‘La RMB, en signant un contrat de régie avec les chaînes du service audiovisuel public français, démontre son indifférence quant aux conséquences systémiques graves de cette nouvelle concurrence déloyale sur les médias belges francophones, écrivent-ils d’emblée. Cette alliance, si elle était confirmée, aurait pour conséquence d’appauvrir le marché publicitaire belge, entraînant des réductions de revenus et donc d’emploi, auprès des médias privés, tant audiovisuel, que de presse écrite.’’

Un déséquilibre concurrentiel majeur

Outrés par l’accord BMB-France Télévisions, les médias signataires rappellent que la RTBF bénéficie d’une dotation publique importante qui lui confère des atouts structurels que les acteurs privés en Belgique francophone ne possèdent pas. ‘‘La RTBF crée inévitablement un déséquilibre concurrentiel majeur entre le secteur privé et public et déforce considérablement l’ensemble des acteurs privés (TV, radio, presse et digitaux) au profit d’acteurs internationaux par ailleurs subsidiés, poursuivent-ils. Une telle décision est incompréhensible de la part de la RTBF, censée œuvrer pour l’intérêt général de l’écosystème belge francophone.’’

Ironie du sort : ces acteurs privés soulignent également que le conseil d’administration de la RTBF avait refusé, en 2017 et pour des ‘‘raisons de principe’’, que la RMB prenne en régie TF1. L’argument était clair à l’époque : la perméabilité du marché belge aux médias français via des déclencheurs publicitaires locaux représentait une menace directe pour la diversité du paysage médiatique, la RTBF ajoutant même “qu’il n’était pas du rôle d’une institution publique de travailler au profit d’un groupe concurrent” (sic).

Interpellations en cascade

Voilà pourquoi ces médias privés francophones demandent aujourd’hui au gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles via sa présidente Elisabeth Degryse et sa ministre des Médias Jacqueline Galant, ainsi qu’au conseil d’administration de la RTBF, de ‘‘prendre toutes les mesures utiles pour arrêter cet accord, notamment en introduisant une demande officielle auprès des autorités françaises pour qu’elles n’autorisent pas leurs chaines publiques à réaliser ces décrochages sur la Belgique.’’

Les médias privés vont même plus loin et interpellent aussi les présidents du MR Georges-Louis Bouchez et des Engagés Yvan Verougstraete pour faire respecter la Déclaration de politique générale (qui garantit le pluralisme des médias) et pour ‘‘trouver une sortie de crise qui soit positive pour la pérennité de notre écosystème médiatique déjà fragile.’’

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