Une mobilisation syndicale politique, pour “faire tomber” les gouvernements, et un jour de polarisation

Des incidents ont émaillé la matinée de la manifestation, incendies et arrestations à la clé. BELGA PHOTO TIMON RAMBOER
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le front commun syndical espère atteindre les cent mille personnes défilant dans les rues de Bruxelles. Des incidents ont eu lieu. Le tour de vis attendu du gouvernement De Wever et les mesures “contre” les enseignants francophones chauffent les esprits. La chute des gouvernements parmi les slogans. Les maillons faibles, Vooruit et Engagés, sont visés. Le MR chauffe les esprits. Le PTB souffle sur les braises.

C’est un mouvement social devenu ouvertement politique. Face aux coups de boutoir des majorités “de droite”, certains syndicalistes de la FGTB ne s’en cachent plus: “Nous voulons faire tomber ce gouvernement”.

La manifestation nationale de ce mardi 14 octobre sera tendue. Des incidents ont déjà eu lieu ce matin, avec incendies dans les tunnels bruxellois et quelques arrestations à la clé. Selon la FGTB, le cap des 100 000 manifestants a été franchi peu avant11h.

Il est vrai que le contexte est explosif.

Le gouvernement De Wever n’a pas encore bouclé son budget, mais il fera mal : jusqu’à vingt milliards d’économies à trouver et des ballons d’essai lancés comme un saut d’index ou une hausse de la TVA.

Du côté francophone, les raisins de la colère sont déjà semés avec un budget fortement critiqué par les syndicats enseignants, car il fera ressentir ses effets concrètement: temps de travail, disponibilités…

Le front commun syndical attend autour de cent mille personnes ce mardi dans les rues de Bruxelles pour mettre en garde, comme lors de la grande époque de la protestation contre le gouvernement Michel. Objectif? Exercer une pression forte sur le pouvoir. Avec deux maillons faibles dans le viseur.

Vooruit et Engagés sous pression

Si ces gouvernements ont moins de relais que par le passé dans les mouvements sociaux, deux partis restent concernés et visés par les syndicats.

Au niveau flamand et fédéral, Vooruit est la cible idéale. Seul socialiste au gouvernement, le parti de Conner Rousseau est celui qui avale le plus de couleuvres depuis le début de la législature. S’il a obtenu une taxation des plus-values, il est moqué pour son idée de taxe des millionnaires et est sous pression dans le dossier de la sécurité sociale. Si un maillon faible devait craquer, c’est bien celui-là.

Mais les Engagés, du côté francophone, sont également sous pression: jusqu’ici, ils assument, mais le budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pointé du doigt, est porté par l’une des leurs, la ministre-présidente Elisabeth Degryse. Le risque d’économies en soins de santé pourrait également lui faire mal: une des promesses du parti consistait à ne pas y toucher.

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Bouchez en guise de repoussoir

La mobilisation francophone est en outre exacerbée par l’opposition née contre le président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui incarne la “droitisation” des politiques, plus encore que le Premier ministre, Bart De Wever.

C’est lui qui clame la nécessité de faire vingt milliards d’économie au fédéral et lui qui vise les malades de longue durée ou les “assistés” de tous bords. La sémantique de son discours polarise et les violences à son encontre ont déjà débordé.

“En ce jour de grève nationale, je suis en route pour la visite d’une entreprise qui emploie plusieurs milliers de personnes en Wallonie, a posté Georges-Louis Bouchez ce matin. Car je serai toujours du côté du travail, le vrai, pas l’assistanat. Et tandis que la presse va s’extasier devant quelques milliers de manifestants, des millions de personnes seront au travail en train de faire fonctionner le pays.”

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Et d’ajouter: “Aux milliers de mandataires de gauche, d’anciens cabinettards et de toute la galaxie gauchiste, financée par l’argent public, qui mélangent toutes les colères, même celle de la Palestine, uniquement à des fins électoralistes, je veux leur dire qu’ils démontrent qu’ils ont un problème avec la démocratie.”

Faut-il le préciser: le PTB, motivé par les derniers bons sondages, souffle sur les braises.

De là dire qu’il s’agit d’une manifestation “anti-Bouchez”, il y a un pas à ne pas franchir, tant la nécessité de mesures est évidente au vu du contexte budgétaire. Bart De Wever l’a exprime dans un post en début de semaine, relayant lui-même le “There’s no alternative de Thatcher.

Le climat est bouillant et les slogans risquent de l’exprimer. La mobilisation est doublement politique et en retour, elle alimente le discours libéral anti syndical. Et si elle vise de prétendus points faibles, ceux-ci ne semblent pas encore prêts à céder.

Ce mardi est un jour de choix pour la polarisation de l’atmosphère. De là à considérer qu’il en ressortira quelque chose…

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