“Les départs volontaires sont des signes avant-coureurs pour les employeurs”
La guerre des talents fait rage et les entreprises ont de plus en plus de mal à retenir leurs travailleurs : un travailleur sur huit envisage de changer d’emploi rapidement, selon la dernière étude de Securex.
Durant le second trimestre de 2024, un travailleur sur 8 (soit 12,4% ) a répondu « oui » à la question : “voulez-vous quitter votre employeur à court terme ?”. C’est 80% de plus qu’en 2021 (ils n’étaient que 6,9% à l’époque) alors que l’intention de départ à long terme est, elle, restée stable à 19%. Voilà ce qui ressort de la dernière étude du prestataire de services RH Securex.
« Les départs volontaires sont des signes avant-coureurs pour les employeurs et ce sont souvent les meilleurs travailleurs qui partent en premiers », souligne Frank Van der Sijpe, directeur RH trends & insights chez Securex.
L’étude Securex repporte aussi un pourcentage d’envies de départ plus élevé chez les ouvriers que les employés. Ainsi, le pourcentage d’ouvriers souhaitant quitter leur emploi à court terme est de 17,9 % au deuxième trimestre de cette année (contre 9,1 % en 2021), contre 10,1 % des employés (contre 6 % en 2021). Le télétravail n’impacte pas ces intentions de départ.
L’arrêt maladie joue un rôle
Selon Securex, le fait d’être en arrêt maladie joue un rôle important dans l’intention de départ des travailleurs. Près d’un quart des travailleurs absents (23,4 %) pour raison de maladie au moment de l’enquête (exceptés ceux pour congés mineurs, accidents du travail et congés de maternité) souhaite quitter leur employeur à court terme. C’est plus de deux fois plus que chez les travailleurs n’étant pas en arrêt maladie (11,3 %).
« Ne pas prendre au sérieux le bien-être et la prévention des arrêts maladie est aujourd’hui une erreur qui peut s’avérer fatale », prévient Frank Van der Sijpe. « En raison de la pénurie de talents et de l’augmentation des coûts salariaux, les absents de longue durée sont moins susceptibles d’être remplacés, en particulier dans les petites entreprises. Cela mène à une spirale négative d’augmentation de la charge de travail et de l’absentéisme, de détérioration de l’image de marque de l’employeur et, en fin de compte, d’augmentation du nombre de départs et de détérioration des résultats financiers. »
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Les chiffres renseignés par Securex montrent qu’il y a un peu plus de fidélité dans les grosses entreprises que dans les plus petites et les PME. En effet, dans les entreprises comptant jusqu’à cinq cents employés, 15 % des travailleurs souhaitent quitter leur employeur à court terme. Ce chiffre est presque deux fois plus élevé que celui des travailleurs des grandes entreprises de plus de cinq cents employés (8,4 %).
Les travailleurs bruxellois ont plus d’envies de changement
Le directeur RH trends & insights de Securex attire l’attention sur le fait que « La Belgique compte 3 marchés du travail régionaux dont les dynamiques distinctes ont un impact sur les intentions de départ des travailleurs. »
C’est à Bruxelles que les intentions de départ à court terme sont les plus élevées. Effectivement, avec 15,1% des travailleurs, cette intention est 3,25 fois plus élevée qu’en 2021. En Région flamande, 12,7 % des travailleurs souhaitent quitter leur employeur actuel à court terme, soit une augmentation de 74,3 % par rapport à 2021. Tandis qu’en Wallonie, l’intention de quitter son emploi est restée stable à 10,1 % au cours des trois dernières années.
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« Il existe par exemple de fortes différences régionales en termes de taux d’emploi, de sensibilité conjoncturelle des activités économiques et de taux de chômage, souligne-t-il encore, qui ont un impact sur le degré de pénurie de main-d’œuvre ».
« Malgré l’insécurité qui persiste sur le marché du travail, conclut Frank Van der Sijpe, la guerre des talents fait toujours rage, surtout en Flandre. Dans ce contexte, les travailleurs sont fréquemment sollicités et connaissent donc mieux leur valeur sur le marché. C’est pourquoi ils osent plus rapidement et facilement quitter le navire pour se tourner vers d’autres employeurs offrant davantage d’opportunités ou une plus grande stabilité financière. »
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