« Et vous, avez-vous pris une assurance décès ? » Cela ressemble à un slogan publicitaire et pourtant c’est une vraie question, car à l’heure où l’on anticipe à tour de bras et où l’on se protège derrière des contrats d’assurance pour tout (et parfois n’importe quoi), près de sept Belges sur dix reconnaissent n’avoir pris aucune mesure financière concernant leurs funérailles. Pourquoi?
À l’approche de la Toussaint, AG Insurance a mené une enquête (1), auprès d’un échantillon représentatif de 1.000 Belges, sur leur préparation financière en cas de décès. Et les résultats sont plutôt éloquents : 70% des personnes interrogées déclarent ne pas s’être préparés financièrement. De plus, plus de 3 Belges sur 5 avouent ne disposer d’aucune forme d’assurance décès. Or, cette imprévoyance peut avoir un impact financier considérable pour leurs proches.
Mais surtout, ces chiffres révèlent un paradoxe : la mort, seule certitude dans la vie, reste un sujet que la majorité préfère repousser, quitte à laisser leurs proches dans une situation financière fragile.
Un sujet tabou
Selon cette étude, 69 % des Belges déclarent ne pas avoir encore préparé financièrement leur décès. Pourquoi ?
Parmi eux, 36 % n’y ont tout simplement jamais pensé, et cette proportion grimpe à 47 % chez les moins de 45 ans. Un tiers des répondants (33 %) admettent y avoir réfléchi sans passer à l’action, tandis que 17,5 % affirment avoir commencé leurs démarches sans tout finaliser. Seuls 13,5 % des Belges, soit à peine un sur huit, ont tout réglé.
Pourquoi un tel décalage entre lucidité et inaction ? Près de la moitié des sondés (45 %) expliquent ne jamais aborder le sujet en famille. Par tabou, par gêne ou simplement parce qu’ils estiment qu’il est encore trop tôt.
Le paradoxe de la jeunesse
Ainsi, 28 % des Belges estiment être encore trop jeunes pour souscrire une assurance décès – un chiffre qui atteint même 57 % chez les moins de 45 ans.
Ce raisonnement est paradoxal, car c’est précisément à un âge plus jeune que le risque financier suite à un décès est le plus élevé : prêt hypothécaire en cours, enfants en bas âge, frais d’études importants. Ignorer la question ne fait que reporter le problème.
De plus, les coûts liés à une assurance décès sont d’ailleurs relativement modestes : une personne de 32 ans, en bonne santé et non fumeuse, paierait environ 200 euros par an, soit 17 euros par mois, pour garantir un capital de 300.000 euros à ses bénéficiaires en cas de décès (2).
« Mes proches se débrouilleront »
Un quart des Belges (25 %) estiment que leurs proches s’en sortiront sans assurance décès. Cette conviction repose souvent sur la valeur patrimoniale des biens immobiliers, perçus comme une garantie suffisante. Mais en cas de décès prématuré, les liquidités nécessaires pour faire face aux dépenses immédiates ne sont pas toujours disponibles.
De plus, près d’une personne sur cinq craint que sa mort ne provoque des tensions ou des conflits financiers entre héritiers. Si l’argent est déjà un sujet tabou pour une grande partie de la population, ce malaise est renforcé le sujet tabou par excellence que représente la mort. Ainsi 45 % des personnes interrogées qui ont souscrit une assurance décès l’ont fait pour protéger leurs proches contre les dépenses imprévues, et 39 % pour leur garantir une sécurité financière durable.
Une majorité sans protection
L’enquête révèle enfin que 63 % des Belges n’ont aucune assurance décès. Parmi les autres, seuls 12 % disposent d’une assurance solde restant dû, 11 % d’une assurance obsèques, 9 % d’une assurance décès individuelle et 7 % d’une couverture via leur employeur.
Des chiffres qui traduisent une faible culture de la planification successorale dans le pays. Et c’est là que les problèmes peuvent surgir : quand en plus de faire face au deuil, les proches doivent aussi assumer des dépenses liées à d’éventuelles dettes, au remboursement d’un crédit hypothécaire ou encore à la perte d’un revenu dans le ménage. Des charges peuvent rapidement déséquilibrer un budget familial.
« Les conséquences financières en cas de décès peuvent en effet être graves pour les proches, conclut Benny De Wyngaert, Managing Director Bank Channel & Life Insurance chez AG. Les jeunes en particulier, chez qui le sentiment d’urgence fait souvent défaut, ont beaucoup à perdre. »
(1) Enquête en ligne réalisée par le bureau d’étude DataSynergy pour le compte d’AG Insurance entre le 10 et le 17 octobre 2025 auprès de 1.000 Belges représentatifs par la langue, le sexe, l’âge et le diplôme. La marge d’erreur maximale sur 1.000 Belges est de 3 %.
(2) Exemple de primes pour une assurance décès individuelle (AG Future Life Protection) :
• 32 ans, en bonne santé, non-fumeur, montant assuré de 300.000 euros : Prime annuelle d’environ 200 euros la première année.
• 32 ans, en bonne santé, non-fumeur, montant assuré de 500.000 euros : Prime annuelle d’environ 260 euros la première année.
Prévoir, c’est protéger
Le refus de planifier son décès n’est pas qu’une question de déni : il traduit une culture du court terme et une gêne collective face à la mort. Pourtant, la planification financière posthume n’est pas une démarche morbide, mais un acte de prévoyance et de protection.Anticiper les coûts d’un enterrement, c’est avant tout éviter qu’un drame humain ne se transforme en catastrophe financière. Prévoir ce coût, c’est assurer la sécurité de sa famille
Combien coûte un enterrement ?
Un enterrement en Belgique représente une dépense bien plus importante qu’on ne le croit : 2.000-3.000 euros au minimum. Selon les formules choisies — inhumation ou crémation, cercueil, urne, cérémonie ou réception —, la facture moyenne varie entre 3.000 et 5.000 euros, mais elle peut rapidement franchir la barre des 7.000 euros, voire davantage dans les grandes villes, selon le comparateur Assurances.be.À ces coûts directs s’ajoutent des frais connexes souvent sous-estimés : transport du défunt, monument funéraire, faire-part, fleurs, taxes communales, voire entretien de la sépulture (cfr tableau synthétique).
Coûts moyens d’un enterrement en Belgique
| Poste | Estimation | Commentaires |
|---|---|---|
| Formalités & transport initial | ~ 300 — 700 € | Cela couvre l’enlèvement de la dépouille, mise en bière, transport au funérarium. |
| Mise en bière & soins | ~ 100 — 600 € | Le corps est préparé, habillé, mis en cercueil. |
| Cercueil | ~ 350 — 3 000 € | Le matériau, les finitions, la personnalisation influencent fortement le prix. |
| Corbillard / convoi | ~ 200 — 700 € | Transport lors de la cérémonie: déplacement du cercueil, chauffeur, parfois porteurs. |
| Crémation | ~ 600 € | Incinération seule:à cela s’ajoutent les frais d’urne, lieu de dispersion, etc. |
| Urne | ~ 250 — 1 500 € | Matériaux & personnalisation: bois, granit, finition haut de gamme = coût plus élevé. |
| Concession / emplacement | ~ 100 — 1 000 € | Le tarif dépend fortement de la commune, de la durée (5 ans, 30 ans, etc.). |
| Caveau familial / monument | ~ 5 000 — 25 000 € | Pour un caveau / monument important (granite, taille, emplacement). |
| Cérémonie & réception | Variable | Si on organise une cérémonie complète et/ou réception pour les invités: lieu, traiteur, officiant. |
| Fleurs & annonces | ~ 50 — 750 € | Ces frais peuvent s’accumuler et augmenter l’enveloppe totale. |
Coût minimum estimé : en additionnant les fourchettes basses pour chaque poste (sans caveau haut de gamme, réception optionnelle) : environ 1 400 € pour un enterrement simple avec services essentiels.
Coût maximum estimé : en additionnant les fourchettes hautes et options complètes (caveau, monument, cérémonie complète) : jusqu’à 32 550 € ou plus, selon choix de prestations et matériaux.
Ces estimations montrent l’écart important possible entre un enterrement simple et un enterrement complet avec tous les services et options.