Pourquoi la position des syndicats, qui manifestent ce mercredi, est menacée

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La démonstration de force contre les réformes de l’Arizona fédérale est, aussi, un signe de faiblesse de la part des syndicats. Le départ de Thierry Bodson à la FGTB est un symbole. L’exclusion des chômeurs et une responsabilisation à venir pourraient les affaiblir davantage encore. C’est un “combat démocratique” contre une majorité qui leur veut du mal.

Un pays en rouge et vert. Ce mercredi 25 juin, les syndicats manifestent une nouvelle fois leur opposition aux réformes de l’Arizona fédérale, et alors qu’un nouveau train de mesures est en négociation pour cet été.

Cela est supposé être une nouvelle démonstration de force dans le “marathon social” entamé… à la mi-décembre. C’est peut-être aussi une expression de faiblesse, tant la position même des syndicats est fragilisée.

A plusieurs titres.

1 Une fronde inaudible

Tout d’abord, le “marathon social” en question n’apporte pas de grands résultats face à un gouvernement De Wever inrtansigeant sur sa marche à suivre. Seuls quelques délais ont été annoncés pour la limitation des allocations de chômage dans le temps, mais en raison d’une impréparation de l’administration, pas du combat syndical.

Pour le reste, le contexte budgétaire incite plutôt, au contraire, à faire un tour de vis supplémentaire. Les partis de gauche dénoncent, mais un peu comme le chancelier Merz le disait au sujet de l’Iran, ils savent que la coalition actuelle fait “le sale boulot”.

A force de crier dans le vide, les syndicats s’essoufleront ou se radicaliseront. Le départ de Thierry Bodson à la FGTB, pour raisons personnelles, symbolise cela: lui qui avait dit vouloir “faire mal à l’économie” s’en va avant terme.

2 Une manne financière malmenée

Il est toujours difficile de savoir précisément quel est le “trésor de guerre” des syndicats. Mais leur budget est en difficulté depuis quelques années et, à la FGTB par exemple, une réforme est en cours pour que les centrales professionnelles contribuent davantage à l’échelon fédéral.

La limitation des allocations de chômage dans le temps, qui a pour objectif de les remettre au travail ou de les verser dans le pot du CPAS, va diminuer les montants perçus pour verser ces allocations. Une mission que l’Arizona menace d’ailleurs de revoir, au profit de la Capac.

3 Un statut pointé du doigt

Plus largement, la déclaration de politique générale de l’Arizona évoque la possibilité de “responsabiliser” davantage les syndicats. La N-VA et le MR ne cachent pas leur souhait de revoir leur statut pour les affaiblir.

Un arrêt de justice concernant une action de blocage au Pont de Cheratte, en 2015, a d’ailleurs condamné les dirgeants syndicaux qui étaient à l’origine de l’action. Cette jurisprudence inspire aussi des organisations patronales qui aimeraient un équilibre plus grand entre droit de grève et… droit de travailler.

Les syndicats s’opposent avec force et conviction aux mesures de l’Arizona. Mais ils savent aussi que leur position est fragile. Ce n’est pas pour rien qu’ils présentent aussi leur mobilisation comme un “combat démocratique” contre une majorité qui leur veut du mal.

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