Le paradoxe du congé de naissance : 20 jours de congé, mais beaucoup n’en profitent pas…

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Ce sont surtout les pères et les co-mères plus âgés (45 ans et plus), les cadres et les ouvriers qui y renoncent. © Getty Images
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Plus d’un père (ou co-mère) sur cinq ne prend pas l’intégralité de son congé de naissance, selon une nouvelle analyse menée par le prestataire de services RH Attentia. Et à mesure que ce congé s’allonge, le nombre de jours délaissés par ces parents augmente…

À la naissance d’un enfant, l’employé(e) devenu père ou co-parente a légalement le droit de prendre plusieurs jours de congé payé afin d’aider la mère à s’occuper du nouveau-né. Aujourd’hui allongé à 20 jours pour les co-parents, on note toutefois qu’un large pourcentage ne profitent pas de ce congé jusqu’au bout. Depuis 2023, plus d’un cinquième des pères et des co-parentes (21,5%) n’ont en effet pas pu ou n’ont pas voulu le prendre dans son intégralité.

Un droit délaissé à mesure qu’il s’allonge

Pire encore: selon Attentia, le nombre moyen de jours délaissés augmente chaque fois que le congé de naissance est allongé. Quand ils avaient droit à 10 jours de congé, les co-parents laissaient tomber en moyenne un peu plus d’une demi-journée de congé. Désormais, alors qu’ils ont droit au double, c’est plus d’une journée et demie qui passe à la trappe.

Ce sont surtout les pères et les co-mères plus âgés (45 ans et plus), les cadres et les ouvriers qui y renoncent, selon les données salariales de près de 17.000 travailleurs belges entre 2018 et 2024.

Mais comment expliquer ce phénomène?

Plusieurs raisons expliqueraient ce phénomène, selon Attentia:

  • Tout d’abord, les co-parents font face à des obstacles financiers. Car si les trois premiers jours de ces congés de naissance sont entièrement payés par l’employeur, ce n’est pas le cas pour les jours restants. Les pères et les co-mères reçoivent une allocation de la mutuelle qui s’élève à 82% du salaire brut plafonné. Pour certains, ne recevoir qu’une partie de son salaire n’est financièrement pas gérable à plus long terme…
  • Ensuite, il a la question de la pression au travail. « Outre l’obstacle financier, la pression de travail et le sentiment d’y être indispensable joue également un rôle chez certains », explique le prestataire de services RH. S’absenter trop longtemps peut en effet être mal vu, tant par les collègues que l’employeur.

Et c’est encore plus vrai pour les employés plus âgés. « Le fait que ce soient principalement les pères et les co-parentes plus âgés et les cadres qui profitent moins de leur droit au congé de naissance semble démontrer la persistance d’habitudes profondément ancrées dans notre culture du travail. Plus une personne occupe un poste élevé, plus la pression d’être toujours disponible est forte. »

On le voit, entre pression financière pour les bas salaires et pression psychologique pour les cadres, cette mesure sociale à première vue intéressante – du moins, sur papier – n’est pas toujours accessible dans les faits.

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