Interdiction des piquets de grève chez Delhaize: “encore un pas en arrière”

La direction de Delhaize est persuadée de trouver un repreneur pour chacun des magasins cédés. © belgaimage

Une interdiction des piquets de grève est en vigueur pour tous les magasins et centres de distribution Delhaize en Belgique. Et ce alors que le conseil d’entreprise de ce mardi est peut-être même “un pas en arrière”, selon les syndicats.

Delhaize avait introduit une requête unilatérale auprès de la Justice pour obtenir l’interdiction des piquets de grève dans les magasins et dépôts de certaines régions, jusqu’à fin avril. “Elle est désormais prolongée, et elle s’applique également à l’ensemble du territoire belge”, a précisé le porte-parole de Delhaize, Roel Dekelver.

La chaîne de supermarchés peut donc envoyer des huissiers dans les magasins touchés par les actions syndicales qui protestent contre le projet de franchiser les 128 établissements en gestion propre.

Les syndicats entendent poursuivre les actions malgré l’interdiction

Cette extension à toute la Belgique n’empêchera pas la poursuite des actions, a déclaré Wilson Wellens (ACLVB, syndicat libéral) mardi avant le conseil d’entreprise à Zellik. La police y est présente en nombre et contrôle l’identité des personnes souhaitant rentrer dans le bâtiment. “C’est regrettable que Delhaize consacre du temps à d’autres escalades, mais les travailleurs restent motivés à mener des actions”, a déclaré M. Wellens.

Les représentants syndicaux n’attendaient pas grand-chose du conseil d’entreprise de ce mardi après-midi. “Je serai déjà satisfait si la situation ne se dégrade pas encore. Alors que Delhaize était d’abord sur la défensive, l’entreprise a maintenant choisi d’attaquer. La chaîne choisit d’ignorer les gens plutôt que de les écouter. C’est regrettable que ce conflit dure aussi longtemps sans la moindre avancée”, commente le représentant syndical ACLVB.

Les discussions ont d’ailleurs encore tourné court mardi. Les représentants syndicaux ont quitté la table des négociations lorsque la direction a souhaité aborder son plan d’avenir, a constaté Belga sur place. La police était présente en nombre, mais ce mardi, seuls les partenaires sociaux étaient présents à Zellik.

“Nous n’avons pas à avoir des discussions sur le plan d’avenir lors d’un conseil d’entreprise ordinaire”, a estimé la déléguée BBTK Chantal Delie à la sortie du CE. Les syndicats ont alerté la direction qu’une série de conventions collectives de travail n’étaient pas respectées. “Des gérants font par exemple ouvrir leur magasin trop tôt, ou mettent des étudiants/stagiaires à des tâches dangereuses, de sorte de contourner les actions de grève.” 

Peut-être même “un pas en arrière”

Des propos confirmés par le représentant ACLVB, qui pointe également les risques pris pour la sécurité de certains étudiants dans l’unique but de saboter le droit de grève.  Pour M. Wellens, le conseil d’entreprise de ce mardi est peut-être même “un pas en arrière”. “Comme pourrions-nous conclure des accords si ceux-ci ne sont même pas respectés?”. Une manifestation nationale en front commun sera organisée le 22 mai à Bruxelles

Le personnel et les syndicats continuent de protester contre la mise sous franchise des 128 magasins de Delhaize en gestion propre, annoncée début mars. Le dialogue social est totalement bloqué depuis.

Deux magasins étaient par ailleurs fermés à Bruxelles mardi matin, l’un à Molenbeek pour des raisons techniques et l’autre à Ixelles pour raisons de sécurité. Celui de Mons, inaccessible pendant quelques jours, a rouvert ses portes.

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