Audi Brussels: l’usine ferme le 28 février, le patronat indispose les syndicats

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Le conseil de surveillance prudentielle d’Audi Brussels a décidé jeudi de mettre fin à la phase d’information et de consultation dans le cadre de la procédure de licenciement collectif lancée en juillet. L’usine, située à Forest, fermera ses portes le 28 février 2025. Les syndicats sont outrés: “Du jamais vu!”

“Notre objectif était de mener à bien la phase d’information et de consultation avec les partenaires sociaux et d’aboutir à un plan social pour les travailleurs”, a commenté le porte-parole d’Audi Brussels, Peter D’Hoore. “Les partenaires sociaux ont malheureusement rejeté une sixième offre, encore améliorée, de la direction. Nous le regrettons profondément.”

Une offre “très équitable”

L’entreprise offrira donc à tout son personnel une prime volontaire, dont le montant dépend de l’ancienneté du travailleur, en plus de l’indemnité de licenciement. Mercredi soir, M. D’Hoore avait déjà affirmé qu’il s’agissait d’une offre “très équitable”. Le total de l’indemnité et de la prime représente un montant “plus de deux fois supérieur à celui de l’indemnité légale”, a-t-il précisé jeudi.

L’ensemble des travailleurs se verra également proposer des programmes d’accompagnement, “notamment de coaching et de reclassement professionnel”. Gerd Walker, membre du conseil de direction de la société mère Audi AG et responsable de la production, a évoqué une “décision douloureuse”. “À titre personnel, c’est la décision la plus difficile de toute ma vie”, a-t-il assuré.

“Au cours des derniers mois, nous avons analysé toutes les alternatives possibles pour le site de Bruxelles et mené des discussions intensives avec les partenaires sociaux”, a ajouté M. Walker. “Malheureusement, nous ne sommes pas parvenus à trouver un projet adéquat pour la production d’un nouveau véhicule au sein du groupe, ni d’alternatives économiquement viables. Nous n’avons pas non plus trouvé d’investisseur externe prêt à reprendre l’usine et le personnel.”

Enfin, M. Walker a regretté l’échec des négociations autour du plan social. “Nous étions prêts à faire des compromis jusqu’à la fin”, a-t-il affirmé.

“Du jamais vu!”

“Ce que la direction d’Audi Brussels planifie de faire, c’est du jamais vu. C’est regrettable et inacceptable”, a réagi jeudi Ronny Liedts de l’ACV (CSC). Ce dernier fait référence à la volonté de la direction d’Audi Brussels de proposer leur offre, rejetée dans la nuit par les syndicats, directement aux travailleurs.

Franky De Schrijver de l’ABVV (FGTB) a lui dénoncé une “pure provocation” de la direction d’Audi Brussels et affirmé que la situation était “sans précédent dans le monde de l’entreprise belge”. “Dans des négociations, il faut se rapprocher l’un de l’autre et faire des compromis”, a rappelé M. De Schrijver. “Aujourd’hui, l’ambiance est au ‘c’est à prendre où à laisser’. Nous sommes toujours ouverts à la discussion, mais il faut augmenter les budgets.”

Le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne, a appelé jeudi à la Chambre les syndicats et la direction d’Audi Brussels à reprendre les négociations d’un plan social. Il a rappelé qu’un conciliateur social était à leur disposition pour renouer les fils du dialogue.

La direction et les syndicats d’Audi Brussels ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un plan social commun pour les travailleurs dans la nuit de mercredi à jeudi. Les syndicats ayant rejeté la sixième proposition de la direction, celle-ci a décidé d’interrompre la procédure et d’adresser directement une offre aux travailleurs. “C’est du jamais vu dans notre histoire sociale”, s’est exclamé le ministre démissionnaire à la Chambre en réponse à une question d’Anja Vanrobaeys (Vooruit).

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