Attention aux pièges de l’augmentation du salaire minimum

La proposition de Paul Magnette consistant à augmenter le salaire minimum brut à 2800 euros pourrait avoir un revers de la médaille, souligne l’économiste Philippe Defeyt.

La campagne du PS sera sociale et tentera de coupe l’herbe sous le pied du PTB. Ainsi en est-il de la proposition défendue par Paul Magnette, son président, d’augmenter le salaire minimum brut à 2800 euros (contre 2070 en 2024). L’économiste Philippe Defeyt attire toutefois notre attention sur deux pièges susceptibles de limiter l’impact d’une telle mesure.

Tout d’abord, de nombreux employeurs pourraient facilement… contourner cette évolution. “Bien des salariés risquent de perdre d’autres avantages, nous dit Philippe Defeyt. Aujourd’hui, combien d’entre eux disposent d’un pécule de vacances et d’un treizième mois? On ne le sait pas. Mais il est évident que dans ce cas, de nombreux employeurs seront tentés de changer les règles et de retirer ce pécule de vacances et ce treizième mois.”

Attention, aussi, à la proportion importante de temps partiel, qui pourrait augmenter. “Aujourd’hui déjà, beaucoup de ces travailleurs sont employés à temps partiel et cela pourrait augmenter, précise l’économiste. Cela concerne majoritairement les femmes et cela contribue à la précarité.”

Une des solutions consisterait à augmenter le salaire net. “Mais cela signifie alors que la pension n’est pas augmentée“, ajoute encore Philippe Defeyt. Selon lui, il s’agit donc de bien baliser les conditions dans lesquelles une telle augmentation sera octroyée.

Dans la discussion qui s’annonce sur une augmentation des bas et moyens salaires, le diable se cachera dans les détails. Mais cela ne sera sans doute rien en comparaison du bras de fer sur les moyens, alors que les budgets de toutes les entités belges francophones sont dans le rouge. La réforme fiscale, durant cette législature, a échoué en raison de l’opposition libérale sur la contrepartie en terme d’augmentation du taux d’emploi.