Silvio Berlusconi, grandeur et décadence d’une “success story” à l’italienne
Silvio Berlusconi, hospitalisé jeudi soir après avoir été testé positif à la maladie Covid-19, a dirigé pendant neuf ans son pays, une “success story” à l’italienne marquée par de nombreux déboires, entre grandeur et décadence.
A trois semaines de son 84e anniversaire, l’un des hommes les plus riches d’Italie a été admis dans un hôpital de Milan (nord), par précaution, son état de santé ne suscitant pas immédiatement d’inquiétudes, selon son entourage.
La voix de l’ancien chef du gouvernement, actuellement député du Parlement européen, porte toujours auprès de millions d’Italiens pour qui il représente un âge d’or de l’économie péninsulaire, mise à mal par les crises financières et l’endettement de l’Etat. Il reste à la tête de son mouvement Forza Italia (Allez l’Italie!) et est toujours actif dans le débat public.
Fils d’un employé de banque milanais, né le 29 septembre 1936, Silvio Berlusconi commence à travailler comme animateur sur des bateaux de croisière où, jeune homme au physique avantageux, il chante et, déjà, raconte des histoires drôles.
Après avoir obtenu une licence de droit, il se lance dans les affaires: commence alors une irrésistible ascension qui soulève des interrogations quant à l’origine de sa fortune, la première d’Italie pendant dix ans, sur laquelle il est toujours resté flou.
– Le génie de la télévision –
Mais c’est surtout dans la télévision que s’exprime le génie créatif de ce grand communicateur, qui n’hésite pas, dans les années 80, à saupoudrer ses programmes de femmes dénudées. La holding de la famille Berlusconi, Fininvest, comprend des chaînes de télévision (Mediaset), des journaux, les éditions Mondadori et bien d’autres participations.
Silvio Berlusconi, fan de football, a également présidé pendant 31 ans l’AC Milan, septuple lauréate de la Ligue des champions, avant de la vendre en 2017 à des investisseurs chinois.
Fort de son succès dans le monde de la télévision, le “Cavaliere” – il a été le plus jeune chevalier de l’ordre du travail – se lance en politique en 1994. En quelques semaines, il monte Forza Italia et remporte les élections. Lâché par ses alliés, son gouvernement s’écroule au bout de sept mois. En 2001, il reconquiert le pouvoir qu’il conserve jusqu’en avril 2006, un record depuis l’après-guerre.
Usé par ces cinq années, il est battu d’extrême justesse aux élections, mais prend une revanche éclatante deux ans plus tard, s’installant aux commandes pour la troisième fois.
En novembre 2011, il doit toutefois céder, sous les huées, les rênes d’une Italie en proie à une grave crise financière à l’économiste Mario Monti.
– Déboires judiciaires –
Mais au printemps 2013, il ressurgit sur la scène politique en raflant un tiers des voix au Parlement, un score qui contraint la gauche à une alliance compliquée avec son ennemi historique. Début octobre, il subit toutefois un camouflet de la part de ses propres troupes, lorsque son ex-dauphin Angelino Alfano refuse de faire tomber le gouvernement. Suivra une scission entre ses fidèles au moment où le milliardaire est affaibli par ses déboires judiciaires.
Le 1er août 2013, il est pour la première fois condamné de façon définitive: sa peine de quatre ans de prison dans une affaire de fraude fiscale concernant Mediaset, dont trois supprimés par une amnistie, est confirmée par la Cour de cassation et il l’effectue l’année d’après sous forme de travaux d’intérêt général, perdant au passage son titre de Cavaliere.
Comme il l’a fait pendant toutes ces années dans ses nombreux procès, il se pose en victime des “juges rouges”.
Malgré les avanies, l’ex-Cavaliere reste très soucieux de son apparence: cheveux teints, bronzage éternel grâce à une épaisse couche de fond de teint, il a recours sans complexe à la chirurgie esthétique. Son goût assumé pour les jolies femmes, dont des call girls, finit par lui valoir au printemps 2009 une fracassante demande de divorce de la part de sa seconde femme, Veronica Lario.
Il sera également condamné à sept ans de prison pour prostitution de mineure et abus de pouvoir, avec pour héroïnes la jeune Marocaine “Ruby” et les fêtes dites “bunga-bunga”, avant d’être définitivement acquitté dans cette affaire en 2015.
Père de cinq enfants issus de deux mariages et plusieurs fois grand-père, ce personnage hors du commun a depuis cette année une nouvelle compagne: Marta Fascina, de 53 ans sa cadette. Cette ancien mannequin, députée de Forza Italia, est elle aussi contaminée par le coronavirus.
Silvio Berlusconi a subi une importante opération à coeur ouvert en 2016, puis une opération pour une occlusion intestinale au printemps 2019.
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