Que signifie l’or olympique pour le portefeuille des athlètes?

Nina Derwael et Nafi Thiam peuvent se réjouir d’avoir remporté l’or. Mais un titre olympique ne suffit pas toujours pour les sponsors. “Ils recherchent plutôt un certain charisme”, explique Bob Verbeeck, CEO de Golazo.

Bob Verbeeck sait très bien quel effet les Jeux olympiques peuvent avoir sur un athlète. En 1984, il atteint les demi-finales du 5000 mètres aux Jeux de Los Angeles. Depuis, il a fait de Golazo un empire européen du sport et de la santé. Golazo est avant tout un organisateur d’événements sportifs, mais il est également actif dans l’encadrement d’athlètes tels que Nina Derwael, qui a remporté l’or à Tokyo. Nina et la médaillée d’or de l’heptathlon Nafi Thiam ont reçu une prime de 50 000 euros. Mais cela ne s’arrête pas là, car l’or olympique est un atout financier pour les athlètes individuels. “Pour une gymnaste comme Nina, une médaille est synonyme d’épargne pour l’après-carrière sportive”, explique Bob Verbeek. “Durant une période normale de quatre ans entre deux Jeux olympiques, une telle médaille d’or peut représenter une différence d’un million d’euros brut. Vous en gardez 500 000 à 600 000 euros.”

Une médaille d’or peut représenter une différence d’un million d’euros brut – Bob Verbeeck, CEO de Golazo

Cette épargne est constituée principalement grâce aux sponsors. Les actes de présence sont plutôt exceptionnels. Avant Tokyo, Nina Derwael avait déjà participé à une quinzaine d’opérations commerciales, certaines ponctuelles, d’autres sur plusieurs années. Maintenant que les Jeux sont derrière elle, la médaille d’or rebat les cartes. La plupart des accords ont expiré et sont en cours de renégociation. De nombreux montants vont être revus à la hausse. Golazo rencontre Nina Derwael et son entourage cette semaine afin de discuter des opportunités commerciales pour les années à venir. “Les propositions de collaboration avec Nina n’ont pas afflué dans les jours suivant cette médaille d’or. Ce n’est pas comme ça que ça marche”, ajoute Bob Verbeeck. “Ça n’aurait pas beaucoup de sens, d’ailleurs. Nous travaillons principalement de manière proactive. Nous examinons quelles marques correspondent bien à Nina, et ce que les marques pourraient retirer d’une collaboration. Nous les contactons nous-mêmes. Ensuite, nous mettons en place un programme dans lequel Nina se sent bien”, explique Bob Verbeeck, qui précise que tous les athlètes de haut niveau sont accompagnés par une agence de marketing sportif.

Que signifie l'or olympique pour le portefeuille des athlètes?

La recherche de sponsors, le suivi des accords commerciaux et la gestion des droits à l’image sont de la responsabilité de Golazo Personalities. “Un petit département, mais qui n’est pas sans importance, car nous voulons que les athlètes que nous soutenons restent impliqués dans l’entreprise par la suite”, explique Bob Verbeeck. Golazo a donc développé l’Académie de Kim Clijsters en collaboration avec l’ancienne star du tennis. Une académie de cyclocross a été créée avec le coureur Sven Nys et l’équipe cycliste Baloise-Trek Lions, que Sven Nys dirige, fait partie de Golazo. Christophe Impens, l’ancien recordman belge du 1500 mètres, s’occupe du cyclisme professionnel et de la cellule commerciale, l’ex-cyclocrosser Erwin Vervecken est responsable du cyclocross et des épreuves de VTT, tandis que le coureur de 400 mètres Cédric Van Branteghem est chargé de l’athlétisme. La gymnaste, finaliste olympique, Aagje Vanwalleghem travaille également pour Golazo.

Athlétisme

Bob Verbeeck déclare qu’une médaille d’or suffit rarement aux sponsors. “Les palmarès sont importants, mais les sponsors recherchent beaucoup plus le charisme. Et Nina excelle également dans ce domaine. Je pense que Noor Vidts (quatrième à l’heptathlon, ndlr) dispose aussi de cette caractéristique. Elle n’a presque pas de partenaires commerciaux, mais je suis convaincu que des opportunités se présenteront bientôt.”

La pandémie ne fait pas non plus reculer les sponsors potentiels. “Nous ne constatons aucune réduction de l’intérêt des entreprises pour le sport, et il n’y a pas eu de réduction des budgets, à l’exception peut-être des deux premiers mois de la pandémie l’année dernière.”

Cependant, le potentiel financier d’une médaille d’or n’est pas aussi facile à exploiter dans tous les sports. “La situation est notamment plus complexe pour la natation, la gymnastique ou encore la voile”, ajoute Bob Verbeeck. “Pour l’athlétisme, c’est plus simple, car les primes sont plus élevées. Dans un meeting de la Diamond League, un athlète reçoit rapidement 10 000 dollars pour une victoire. Lors de la finale de la saison, les montants grimpent à 60 000 dollars. Un athlète peut participer à de nombreuses compétitions par an.” Bien que cela soit légèrement moins vrai pour Nafi Thiam. “L’heptathlon n’est pas au programme de toutes les compétitions. Nafi, que nous ne représentons pas, appartient bien sûr aux meilleures de sa discipline. Mais sa principale source de revenus est le contrat avec son partenaire sportif Nike, qui soutient depuis longtemps l’athlétisme de manière assez impressionnante. Le fait que le fondateur Phil Knight soit issu du milieu y est pour beaucoup.”

Après la carrière sportive

Les athlètes peuvent également profiter de leur médaille d’or après avoir pris leur retraite en tant que sportifs de haut niveau. “La médaille de Nina peut être très intéressante pour l’après”, explique Bob Verbeeck. “L’or lui donne de la visibilité, et de nombreuses portes s’ouvriront à elle.” Mais tous les athlètes ne suivent pas la même voie. “Quelqu’un comme Tia Hellebaut (médaillée d’or en saut en hauteur à Pékin en 2008, NDLR) tire plus de satisfaction à diriger une académie d’athlétisme pour enfants.”

Et l’or olympique ne signifie pas qu’un athlète n’aura jamais de soucis financiers. “Ils doivent encore travailler après leur carrière sportive. La plupart des athlètes arrêtent de pratiquer un sport de haut niveau à 30 ou 35 ans, certains, mais c’est rare, à 40 ans. Il leur reste alors encore 27 à 30 ans à travailler. Il ne serait pas logique que quelqu’un qui a encore la plus grande partie de sa vie devant lui s’arrête de travailler”, déclare Bob Verbeeck.

Selon lui, l’or bouleverse tout, du moins en ce qui concerne le prestige et l’expérience. “J’ai participé aux Jeux, et c’est un moment fort de ma vie, avec des souvenirs indélébiles qui valent de l’or. Mon compte en banque n’a pas changé, mais j’ai beaucoup appris de la discipline, de l’entraînement quotidien, de la gestion des défaites, de la connaissance du monde et des rencontres avec des personnes de toutes sortes de cultures. C’est une expérience qui ne s’oublie pas.”

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